FAIT DU SOIR Le centre-ville de Nemausus envahi par des légionnaires romains

Jean-Luc est l'un des centurions de cette reconstitution fort de légionnaire romain
- Yeltaz BlandinDans le cadre des Journées romaines de Nîmes, un fort de légionnaires a pris place au bosquet des Jardins de la Fontaine. À l’intérieur, des passionnés de la Rome antique tentent de reconstituer la vie des soldats de la légion romaine.
C’est comme une pièce de théâtre dans laquelle le public peut se balader sur scène et dialoguer avec les acteurs. Depuis hier, un fort de légionnaires romains s’est donc installé au bosquet des Jardins de la Fontaine. À l’intérieur, c’est toute la vie antique qui est reconstituée : des hommes et des femmes, habillés de toges et de tuniques antiques, errent entre les tentes, les maquettes et les étals artisanaux. Dans cette foule, certains personnages sont aux commandes : ils jouent le rôle de centurions. Et près des piquets délimitant le fort, des soldats, armés de leur casque, leur lance et leur bouclier, s’occupent même d’assurer la sécurité des lieux !
Tout juste débarqués sur la capitale gardoise, ces citoyens romains improvisés ne sont pas de simples acteurs, mais des grands passionnés de l’époque romaine antique. Regroupés en plusieurs associations, certains ont traversé l’Europe : Allemagne, Royaume-Uni, et même une légion entière venue d’Italie. Afin de pousser le jeu de rôle jusqu’au bout, ces passeurs d’histoire romaine ont amené des objets bien typiques : copies de portraits et bijoux d’époque, reproductions des vêtements, des armes, des outils d’ouvrage, du matériel, etc. Et signe de l’ardeur des légionnaires, tout cet attirail est fait main : statuettes des dieux romains, lances, et même les casques de bronze.
Une transmission de l’histoire romaine
S’il manque un point pour que la reconstitution soit parfaite, c’est peut-être que cette légion ne s’exprime pas en latin. Heureusement, puisque le but est justement de transmettre et expliquer la vie romaine aux visiteurs, qui eux sont bien restés en 2025. Alexandre, 28 ans et membre de la Légion Uno Consularis, trouve particulièrement pertinent ce principe de reconstitution : “Je trouve que c'est la meilleure façon d’apprendre sur une période historique. Quand vous êtes un minot, et que vous voyez tout ça dans un musée, vous avez envie de toucher les choses, de pouvoir les prendre, les utiliser, pour mieux les comprendre.”
Centurion de la légion, Jean-Luc confirme les propos d’Alexandre : “Notre but, c’est de faire de la vulgarisation, pour attirer les gens à l’Histoire et la civilisation romaine.” Rangeant son téléphone portable dans une sacoche digne de l’Antiquité, il poursuit : “Pendant la journée, on fait de nombreuses démonstrations avec plein de petits objets, en expliquant comment on l’utilise, pourquoi les romains s’en servaient.” Étonnement, Jean-Luc et Alexandre ne sont pas historiens : ils sont respectivement dans le commerce international et ingénieur en microélectronique. Pour autant, le centurion n’y voit pas d’inconvénient : “L’Histoire est ‘seulement’ notre passion, et ce n’est pas plus mal. Par rapport à des professionnels, on va pouvoir la raconter avec un langage moins technique, plus vulgarisateur.”
Comprendre Nîmes et le monde qui nous entoure
Bien sûr, l'Histoire est une passion comme une autre, comme en attestent les 500 heures passées par le centurion dans la reproduction d'un laraire, meuble romain ayant le rôle d'autel. Mais cette animation présente d'autres bienfaits : en promettant de découvrir une civilisation passée, elle permet de mieux comprendre les civilisations d'aujourd'hui. Alexandre, véritable passionné de la république romaine antique, explique : “Ce que la Rome antique a à nous apprendre, c’est que la république ne tient qu’à un fil. Sur 1000 ans d’histoire, la république a survécu environ 400 ans, et ce qui a précipité sa chute, ce sont les guerres civiles.”
De plus, si ce fort des légionnaires a toute sa place à Nîmes, c’est aussi que la ville est née de la civilisation romaine elle-même, comme le rappelle Jean-Luc : “Tout d’abord, ce sont les Romains qui ont fondé la ville, même s’il y avait une tribu gauloise qui était présente.” Mais après la chute de l’empire romain d’occident, l’influence romaine a survécu : “On peut parler des arènes, qui ont été utilisées pendant le Moyen Âge, on peut parler de la Maison Carrée, qui est le temple romain le mieux conservé du monde, et on peut aussi parler des canalisations : quand j’étais jeune, la ville de Nîmes utilisait encore les canalisations romaines.” Dans ce fort de légionnaires, la "Rome française" n'a donc jamais aussi bien porté son nom.