Pour sa dixième année à la tête du festival qui met à l’honneur les théâtres itinérants, Brice Albernhe se dit « extrêmement excité » à l’approche de cette nouvelle édition, qui « amène le festival à un endroit, à la fois de qualité, d’exigence artistique, mais accessible, ouvert, populaire », pose-t-il. Avec un ADN : « la surprise, que le public se dise qu’il n’y a qu’à Villeneuve qu’on voit ces spectacles-là. » Et il l’annonce : « là, on est au taquet. »

Cette 29e édition marque une forme d’aboutissement pour le Festival Villeneuve en scène, avec pour la première fois une coprogrammation avec le Festival d’Avignon, le In, avec un spectacle qui sera dans les programmations des deux événements. « On ne le fait pas pour le faire, ce n’est pas un parachutage », avance-t-il. Ainsi, l’artiste choisie pour cette coprogrammation est l’autrice et metteuse en scène Clara Hédouin, « une jeune metteuse en scène extrêmement vivante, passionnée, qui écrit avec l’environnement où se fait le spectacle », présente Brice Albernhe, ce qui en fait une membre « de la grande famille des écritures itinérantes ».

Déjà venue au Festival d’Avignon il y a trois ans avec « Que ma joie demeure », un spectacle itinérant autour de Jean Giono, elle sera présente avec la compagnie Manger le Soleil à Villeneuve avec « Prélude de Pan », adapté d’une nouvelle de Giono, toujours, sous forme de « promenade théâtrale dans la plaine de l’Abbaye », présente le directeur du festival. L’intrigue se déroule dans un village provençal, en pleine préparation de la fête votive, qui va voir intervenir un personnage mythologique, Pan. Un spectacle « qui met en relief une galerie de personnages, des paysans, des laborieux, en lien avec la nature et le vivant, ce qui sera la thématique forte du festival », poursuit-il. Le Festival Villeneuve en scène accueillera également un spectacle de l’itinérance du Festival d’Avignon, La Lettre de Milo Rau.

Parmi les grands formats de cette édition, on retrouve le spectacle de la compagnie du Centaure, « Entre chiens et loups ». Déjà venue il y a six ans au festival, la compagnie marseillaise proposera cette fois un spectacle de danse contemporaine à cheval, « très contemplatif, très épuré ». Parmi les spectacles grands formats de cette édition, on retrouve pour la première fois de l’opéra, avec « Carmen », de la compagnie Maurice et les autres. Mais attention : si « Carmen » est l’opéra des opéras, cette version, mise en scène par Jeanne Desoubeaux, a été créée avec une ambition, « faire tomber les idées reçues sur l’opéra », pose Brice Albernhe. Alors cet « opéra paysager » se tient en trois parties déambulatoires, « très immersif, enlevé, vivant, avec une fraîcheur, une vitalité, un partage, une envie », énumère le directeur du festival, qui mêle musique classique, musique des Balkans ou encore jazz electro.

Autre grand format : « Hourvari », de la compagnie Rasposo de la metteuse en scène Marie Molliens, « une figure extrêmement importante du cirque contemporain », comme la présente Brice Albernhe. Un spectacle qui met en scène des comédiens grimés en marionnettes « qui revivent en retissant ce lien à l’enfance », dit-il, avec « des performances circassiennes assez folles. » Dernier grand format : « En attendant le grand soir », de la compagnie Le Doux supplice, « un mélange de performance circassienne et de danse collective, on va explorer les danses traditionnelles, de salon, pop, electro, et sans s’en apercevoir, le public danse et on finit dans une grande sarabande », avance le directeur.

Le Festival Villeneuve en scène fait aussi la part belle à des formes plus légères, plus courtes, mais tout aussi inventives, comme « Catarina & Missy Messy - Danse avec la mort », « un spectacle de lanceuse de hache et de couteau », comme le présente Brice Albernhe, « très drôle, très frais, très cartoon », complète-il. Dans cette veine, citons également « Camera Obscura » de la compagnie Nokill, déjà passée par Villeneuve. Ces « Géo Trouvetou de la bande », dixit le directeur du festival, vont proposer un film créé en direct à l’extérieur d’un camion dans lequel sera disposé le public, film qu’ils projetteront sans électricité, selon le principe de la camera obscura. « C’est très inventif, très drôle, de la science-fiction du quotidien », rajoute-il.

Autre spectacle court, de danse cette fois, avec « Solstice » de la compagnie Contrepoint, mélange de danse contemporaine et de roue cyr, ces cerceaux géants utilisés dans le cirque, « sur l’attraction et la répulsion des astres entre eux, accompagné en direct par un violoncelle, c’est très aérien, très enlevé », présente Brice Albernhe. Le festival fait cette année encore la part belle aux écritures hybrides, comme pour « Tes bras les soirs d’orage », de la compagnie Altraa, « un mélange de théâtre et de danse qui parle d’adoption du point de vue de l’adopté et de l’adoptant », présente le directeur du festival.

Enfin, le Festival Villeneuve en scène met à l’honneur un spectacle écrit à la Chartreuse de Villeneuve, « Henriette ou la fabrique des folles », de la compagnie les Atlantes. Signé de Cyrille Atlan, « c’est un spectacle extrêmement fort, qui mélange théâtre et théâtre d’objet, sur la folie, la résilience, ce parcours social de femme, de mère, d’une époque », avance Brice Albernhe. Henriette, l’arrière grand-mère de l’autrice, a été enfermée dans un asile d’Aix-en-Provence pendant quarante ans. « C’est très puissant, une performance d’artiste », commente le directeur.

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