GARD Un contrat de près de soixante millions d’euros pour la Cèze
Le choix du lieu pour la signature de ce nouveau contrat de rivière pour la Cèze, jeudi matin, ne devait rien au hasard : à Montclus, village baigné par la Cèze, et fief du président du syndicat ABCèze Benoît Trichot.
Un syndicat qui s’occupe notamment des destinées du bassin versant de la rivière, qui s’étend sur 1 360 km2. Une rivière qui, rappelons-le, prend sa source en Lozère et poursuit son chemin en Ardèche avant de cheminer dans le Gard jusqu’au Rhône, et qui fait aujourd’hui l'objet d’une deuxième contrat de rivière. « Un engagement moral, technique et financier pour une bonne gestion de l’eau », résume Benoît Trichot. Le premier contrat, qui couvrait la période 2011-2015, présente « un bilan positif, avec 31,6 millions d’euros d’opérations réalisées », souligne le même.
Des opérations qui concernent des domaines comme la réhabilitation des réseaux d’assainissement, des recharges sédimentaires pour le lit de la rivière, l’entretien de la végétation ou encore des actions de sensibilisation à la ressource en eau. Alors pour ce deuxième contrat, pas question de réinventer la roue : « L’objectif est de poursuivre et d’amplifier les efforts », avance le président d’ABCèze.
Une programmation sur six ans, 443 opérations et 59,2 millions d’euros en tout : c’est peu dire que ce contrat est ambitieux. Rien que pour sa première phase, jusqu’à 2021, on compte pas moins de 191 opérations pour 26,4 millions d’euros. Un programme financé notamment par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de 49 %, le Département du Gard pour 17 %, la région Occitanie pour 5 % et le Département de Lozère, « le château d’eau de la France », comme la surnommera son conseiller départemental, Robert Aigoin, pour 0,2 %.
La ressource en eau objet de toutes les attentions
Les enjeux définis concernent la qualité de l’eau, la préservation du milieu aquatique, la gestion durable des ressources en eau, la protection face aux inondations (le Programme d’actions de prévention des inondations est intégré dans le contrat), et enfin le renforcement de la gestion durable et concertée de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Le plus gros des actions (29,3 millions d’euros) concerne la ressource en eau, durement impactée ces dernières années par des périodes de sécheresse intenses, avec notamment des actions de stockage pour les agriculteurs.
La qualité de l’eau, et plus précisément l’assainissement, viennent ensuite, pour 20,4 millions d’euros. Suivent les actions sur le milieu, avec notamment la restauration morphologique de cours d’eau, pour 7,9 millions, et les actions de sensibilisation pour 2,6 millions d’euros. Le tout pour « une multitude de projets portés par une multitude d’acteurs », complète Dominique Colin de l’Agence de l’eau. Dans ces acteurs, on retrouve notamment huit intercommunalités et trois départements.
Autant de monde au chevet d’une rivière « en bon état mais vulnérable, en déficit d’1,3 million de m3, avec des milieux aquatiques qui souffrent et des usages concernés, que ce soient les agriculteurs ou les communes, poursuit Dominique Colin. Nous avons des enjeux lourds. » Y compris à une échelle supra-nationale, comme le rappellera Jérôme Gauthier, de la Direction départementale des territoires et de la mer, l’Union européenne obligeant ses pays membres à parvenir à un bon état des eaux à échéance 2027.
Et plus largement, ce contrat de rivière doit aussi préparer la Cèze au changement climatique : « Les scientifiques prévoient une baisse de 40 % du débit à l’horizon 2050, avancera Dominique Colin. Nous sommes prévenus, il faut anticiper. »
Thierry ALLARD