INTERVIEW Le ministre Olivier Dussopt : "La couverture vaccinale dans le Gard est en décalage avec le reste du pays"
Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, sera ce mercredi 18 août dans le Gard. Avant son arrivée à Nîmes demain, il a accordé une interview à Objectif Gard pour expliquer les raisons de ce déplacement, la situation de la vaccination dans le Gard et parce qu'il est en charge des Comptes publics, un point sur le "quoi qu'il en coute".
Objectif Gard : En quoi consiste votre venue dans le Gard en plein mois d’août ?
Olivier Dussopt : Je viens dans le Gard pour vérifier l’effectivité des contrôles sanitaires à l’entrée du territoire par les Douanes, à la suite de l’instruction que j’ai donnée au début de l’été en ce sens, et à la volonté du Président de la République de renforcer les contrôles. Notre objectif est de protéger les Français tout en incitant à la vaccination. Pour cela, nous avons mis en place le pass sanitaire ; c’est une contrainte, mais la sortie de la crise sanitaire et économique en dépend. Nous devons tous être vigilants et solidaires. Je viens donc aussi pour visiter deux centres de vaccination, afin de remercier les personnes mobilisées.
Le Sud-est de la France et donc le Gard sont légèrement en retard sur la vaccination. Comment expliquer cette crainte d’une partie de la population ?
La couverture vaccinale dans le Gard est en effet en décalage avec le reste du pays : 66,2% des habitants du département ont reçu au moins une dose de vaccin contre 68,9% pour la France entière, et 55,9 % des Gardois sont complètement vaccinés, contre 58,3% des Français. C’est un peu moins que la moyenne nationale mais ce n’est pas non plus un écart insurmontable. Nous devons donc rester vigilants et continuer de rappeler que la vaccination est le meilleur investissement possible pour sortir le pays de la crise sanitaire et économique.
Et concernant les craintes ?
Nous entendons les craintes, et il faut y répondre en diffusant et en expliquant le plus largement possible les faits scientifiquement établis, vérifiés. Nous devons donc également nous méfier des fausses informations et de ceux qui cherchent à capitaliser politiquement sur la crise qui touche notre pays et le reste du monde. Les faits, c’est qu’aujourd’hui les personnes qui se retrouvent en réanimation sont pour l’immense majorité non vaccinés – et qu’un patient atteint du Covid vacciné a a minima cinq fois moins de chance d’être hospitalisé et quatre fois moins de chance d’en mourir qu’un non-vacciné. Les faits, c’est que les séquelles du Covid sont incomparablement plus graves que les quelques effets secondaires qui font parfois suite à la vaccination, de façon passagère. Ainsi, le risque est aujourd’hui pris par ceux qui refusent de se faire vacciner, pour eux et pour les autres – et nous devons les inciter à se protéger, et à nous protéger les uns les autres.
Vous venez également vérifier les dispositifs de contrôles sanitaires et migratoires. En période de pandémie et d’incertitudes sur le plan international, comment être plus efficace sans rallonger les délais de contrôles ?
Les Douanes, administration sur laquelle j’ai tutelle comme ministre des Comptes publics, jouent au quotidien un rôle important dans la protection des Français et de leurs intérêts. Pendant la crise sanitaire, nos douaniers contrôlent notamment les importations sanitaires pour vérifier qu’elles sont conformes. Les Douanes contrôlent dorénavant aussi les pass sanitaire pour l’entrée dans le pays. Ces démarches peuvent certes rallonger à la marge les passages de frontières, mais notre mobilisation permet le plus souvent d’éviter la congestion.
Vous êtes ministre délégué chargé des Comptes publics. Avec cette crise sanitaire, et le fameux "quoi qu'il en coute", vous devez vous arracher les cheveux pour équilibrer les comptes. Combien de décennies pour absorber toutes les dépenses liées à la Covid ?
Cette crise sanitaire est devenue économique quand il a fallu protéger les Français, les accompagner face aux effets des mesures sanitaires qui ont limité l’activité, ce qui bien sûr aura un fort impact sur le long terme. L’Etat français est un de ceux qui a répondu le plus fortement pour soutenir l’économie et les emplois, avec l’activité partielle, le fonds de solidarité, les prêts garantis, et maintenant le plan de relance – à tel point que le pouvoir d’achat des Français a augmenté de 0,4% en 2020, alors que le PIB reculait de 8%. Tout cela a évidemment un coût, mais il était nécessaire. Notre déficit est effectivement historiquement élevé, mais nous estimons revenir sous les 3% – et soit à un état des comptes publics similaire à l’avant-crise – à l’horizon 2027. Nous ferons ce travail de sérieux budgétaire sans augmenter les impôts.
Enfin, l’une des réformes du président Macron concernait l’impôt sur la fortune. Contre toute attente, sa transformation n’a pas empêché la progression des recettes. Comment l’expliquez-vous ?
Cette réforme était nécessaire pour que le pays cesse de perdre des investissements précieux qui partaient à l’étranger. De manière générale, le gouvernement a œuvré à faire de la France le pays le plus attractif d’Europe en matière d’investissement, et nous pouvons rappeler que l’investissement de filières françaises d’entreprises étrangères représente 48% des investissements d’entreprises et 50% des emplois créés ou maintenus. Tout cela est très positif pour notre pays. J’ajoute que nos réformes fiscales ne s’arrêtent pas à la création de l’IFI : entre 2017 et 2019, nous avons fait baisser le taux de prélèvement obligatoire de 1,3%, de sorte que tous les Français ont gagné en pouvoir d’achat. Nous avons notamment supprimé la taxe d’habitation sur les résidences principales pour les 80% de foyers les plus modestes, dans le Gard cela concerne 204 000 foyers pour 580€ en moyenne. C’est l’une des plus fortes baisses d’impôt de la dernière décennie qui va bénéficier à terme à 24,5 millions de foyers, dès le mois d’octobre les 20% de foyers restant vont voir leur taxe d’habitation diminuer d’un tiers. Nous avons également abaissé l’impôt sur les sociétés, qui passera de 33,3% à 25% à horizon 2022, et réduit de 10 milliards d’euros les impôts de production pour 2020 et du même montant pour 2021. Bref, autant de mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français et de l’attractivité du pays.
Propos recueillis par Abdel Samari