LA RÉCAP' Le "père Noël" Sanchez / N'en déplaise à Burgoa / L'utopie selon la Gauche
Tous les samedis à 19h, Objectif Gard vous propose un rendez-vous sous la forme d'un flash-back sur les événements, petits ou grands, qui ont ponctué la semaine. C'est parti pour la Récap' !
Le père Noël Julien Sanchez. Julien Sanchez persiste et signe. Après avoir pourtant déjà été condamné à quatre reprises pour avoir contrevenu à la loi sur la laïcité en installant une crèche dans les locaux de la mairie de Beaucaire - une condamnation qui avait débouché sur une ardoise de 40 000 euros d'amendes - , le maire Rassemblement national n'en a cure. Et cette année comme les précédentes la crèche a fait son retour. Pour le plus grand bonheur des Beaucairois, globalement solidaires de leur maire dans son bras d'honneur adressé à l'État. Au point de collecter 20 000 euros pour le règlement de la douloureuse. Un État qui cette fois, contrairement à la prise de position ferme de l'ancien préfet, Didier Lauga, ne semble pas pressé d'attaquer en justice la municipalité beaucairoise et son premier édile.
Il faut dire que Julien Sanchez s'est montré cette fois un peu plus habile en associant le déploiement de sa crèche à l'implantation éphémère d'une sculpture ornée de bois et de fer et des animations autour des secrets de fabrication des santons, une exposition de livres sur le travail des santonniers à la bibliothèque municipale, un concours de Noël et une exposition-vente de santons durant le marché de Noël. Un joli tour de passe-passe et un grand numéro d'illusionniste qui ne trompe personne mais qui lui permet d'intituler "exposition" ce grand déballage festif aux couleurs de Noël et de tenir la posture de grand défenseur des traditions provençales et, comme il l'évoque, de "l'esprit de Noël".
À quelques mois de la Présidentielle et des Législatives, certainement un peu gênée aux entournures sur la manière de régler le problème et peut-être peu encline à offrir une nouvelle tribune médiatique et populaire à un Julien Sanchez qui n'attend que ça pour se poser en victime, la préfète, Marie-Françoise Lecaillon n'a pour l'instant pas réagi à cette énième provocation. Et rien ne dit qu'elle le fera. Pas facile, a fortiori en période fête, de s'attaquer au père Noël à l'écharpe bleu, blanc, rouge de Beaucaire. A priori, la crèche beaucairoise - l'exposition, pardon ! - a encore de beaux jours devant elle. Quoi qu'il en coûte.
N'en déplaise à Burgoa. Cette semaine le sénateur Les Républicains Laurent Burgoa s'est distingué. Peut-être pas vraiment comme il l'aurait souhaité d'ailleurs. Lors de l'examen du projet de loi condamnant les "thérapies de conversion", ces pratiques visant à imposer l’hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gay, bi et trans (LGBT), le Gardois a été l'un des 28 opposants à un texte qui a recueilli par ailleurs 305 voix favorables. "La recherche de l'identité sexuelle à l'adolescence est souvent un chemin difficile. Il faut donc laisser aux enfants le temps de se construire", a cru bon de justifier maladroitement Laurent Burgoa.
Le sénateur gardois pense certainement que l'homosexualité est une maladie mentale - une classification qui n'a connu son terme qu'en 1973 - et que quelques bons bains de siège, des périodes de jeûne et d'enfermement assortis d'un bon endoctrinement organisés sous la férule de quelques pseudo-thérapeutes sadiques suffisent à ramener à la raison les brebis égarées hors des sentiers bien balisés de l'hétérosexualité.
Quoi qu'il en soit, et bien qu'il s'en défende, le sénateur Burgoa vient d'étaler au grand jour une étroitesse de vue qui confine à de l'obscurantisme rétrograde et un certaine forme de mépris vis-à-vis d'une frange de la population déjà fragile qui, plus que d'être stigmatisée et ostracisée, mériterait à tout le moins d'être protégée par tous les élus de la République. Pour rappel, la loi prévoit deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ces pratiques, et jusqu’à trois ans et 45 000 euros en cas de circonstances aggravantes, notamment lorsque la victime est mineure. N'en déplaise à Burgoa.
L'utopie selon la Gauche. Aussi nombreuses qu'anecdotiques et illisibles, les candidatures apparentées à la Gauche ne font pas florès dans les sondages concernant les intentions de vote pour la prochaine Présidentielle. Totalement à la ramasse, les sept candidats déjà déclarés de cette Gauche protéiforme (Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise), Fabien Roussel (Parti communiste), Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Anne Hidalgo (PS), Arnaud Montebourg et Yannick Jadot (EELV)) figurent comme autant de nains politiques en comparaison des candidats de la Droite et de ses extrêmes, et du très probable Président-candidat, Emmanuel Macron.
Nonobstant le pathétique appel à l'union et à une candidature unique lancé par la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), aussitôt renvoyée à dix mètres avec perte et fracas par le bouillonnant Mélenchon et l'ambitieux Jadot, 500 militants gardois poussent dans ce sens. "Personne n'est en position de gagner", évoquent-ils dans un éclair de lucidité. Mais à bien y regarder, comment fédérer des ego aux intérêts et aux idées aussi dissemblables, quand ce n'est pas divergents, que ceux qu'affichent les différents candidats de cet improbable mariage des carpes et des lapins.
Pour chimérique qu'elle soit, la démarche de ces militants nous offre l'occasion de rappeler que l'utopie - un mot inventé par l'écrivain, juriste et philosophe anglais Thomas More - est un concept éminemment politique dessinant la représentation d'une société idéale mais aussi un idéal, une vue politique ou sociale qui... ne tient pas compte de la réalité. À n'en pas douter, il y a des dirigeants de partis qui ne méritent pas leurs militants. Saluons leur engagement et souhaitons leur bon courage. Pour cette utopie il est sûrement déjà trop tard.
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com
À l'occasion des fêtes de fin d'année, la Récap' marque une pause et vous donne rendez-vous le samedi 1er janvier 2022.