LE 7H50 de Françoise Dumas : "Jean-Paul Fournier a humainement beaucoup de courage"
Après une semaine riche à l'Assemblée nationale pour évoquer la Syrie et le débat en hémicycle sur la Loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif, la députée du Gard Françoise Dumas est l'invitée du 7h50.
Objectif Gard : Comment avez-vous vécu la semaine qui vient de s'écouler ?
Françoise Dumas : En tant que vice-présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées et en raison de l'absence du président retenu en Malaisie, je suis intervenue en hémicycle à l’occasion du débat sur l’opération conjointe de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni en Syrie. Puis le mardi, après avoir reçu une délégation d’officiers du Collège de défense interbalte (BALTDEFCOL) à la Commission défense, j’ai assisté à l’allocution du Premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Un discours charismatique, universaliste.
Concernant la Syrie, étiez-vous favorable, à titre personnel, aux frappes ?
Absolument. Une ligne rouge avait été fixée par le Président de la République. L'emploi répété de l'arme chimique est une violation du droit international et des résolutions de l'ONU. On ne peut pas laisser faire en toute impunité. Cela ne doit plus se reproduire et la France est intervenue dans le cadre d'une décision collégiale entre l'Europe, les Etats-Unis et l'Angleterre. Par ailleurs, cette intervention avait pour vocation de frapper les usines de production de ces armes chimiques. Ce n'est ni une agression ni une déclaration de guerre.
Comment Emmanuel Macron est-il perçu sur la scène internationale ?
Très favorablement. Il est très volontariste au niveau européen notamment sur la question de la politique de défense. Le Président Macron ne veut pas développer une armée supplémentaire mais s'attache à réfléchir à une politique de sécurité à l'intérieur de l'espace Schengen. Par ailleurs, au niveau national, il a de l'ambition pour notre armée qui joue dans la cour des très très grands. Que ce soit dans la lutte contre le terrorisme et la défense, la France est aux avant-postes. Enfin, Emmanuel Macron veut agir sur la diplomatie. Et dans ce domaine, il est excellent. Polyglotte, doté d'une certain aura, il sait convaincre et se faire respecter.
Cette semaine était aussi marquée à l'Assemblée nationale par le débat sur la Loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif...
Cette loi, je la soutiens car elle apporte des réponses concrètes : une politique d'éloignement plus efficace pour les déboutés du droit d'asile et une plus grande rapidité d'exécution des demandes. De façon globale, il important de revenir à la réalité et de sortir des mélanges de concepts de la droite qui, sur le sujet, je le dis comme je le pense, est malveillante en faisant exprès de faire des amalgames. Dans le cas précis de ma circonscription, je suis interpellée très régulièrement sur la situation de sans-papiers dont les dossiers ne sont pas traités assez vite et qui ne peuvent pas travailler, ni trouver un logement. Le droit d'asile, dois-je le rappeler, est inscrit dans le droit constitutionnel et reconnu par la Convention de Genève de 1951. Il repose sur un devoir de protection des personnes menacées dans leur pays. Il y a longtemps que je travaille sur ces questions, en particulier sur la protection de l'enfance. Il y a six mois, j'avais d'ailleurs interpellé Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, sur le sujet. Et je me suis rendue à Calais dernièrement sur la question des mineurs isolés.
Très présente à Paris... moins à Nîmes. Suivez-vous tout de même l'actualité locale et notamment le conflit qui oppose Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud ?
Je suis à Paris pour faire avancer ce que je considère être essentiel pour le pays mais je reste proche de Nîmes et des Nîmois. Pas une semaine ne passe sans que je sois de retour dans la ville. Concernant Jean-Paul Fournier, je considère qu'il faut toujours respecter les hommes politiques élus démocratiquement et légitimes. On est à mi-mandat, nous ne sommes pas dans une fin de règne. Jean-Paul Fournier a humainement beaucoup de courage. Il a consacré toute sa vie à la ville de Nîmes et à la politique locale. Plus directement sur le conflit qui oppose les deux hommes, c'était déjà le cas avant, rien de nouveau. En 2014, nous étions dans une alliance de circonstance, cela ne pouvait pas tenir. Ce qui se passe est d'une violence inouïe. Les Nîmois sont pris en otage, cela fige l'avancement des projets de la ville, moi, je n'ai pas envie d'en rajouter. Après, soyons clair, quand j'entends Yvan Lachaud prendre ses distances avec le maire de Nîmes, je veux lui rappeler ici que les Nîmois ne sont pas dupes. Il est tout autant responsable du bilan des trois mandats et coresponsable de cette situation qui, en plus de sidérer tout le monde, renvoie une image déplorable de Nîmes à l'extérieur. Faudra qu'il assume.
Un dernier mot sur le dossier Unesco de Nîmes. Vous êtes confiante ?
Ce dossier est aujourd'hui porté par la France. Il est légitime, de bonne tenue et parfaitement traité de bout en bout par la mairie de Nîmes. Il n'y a donc pas de raison de douter. Mais, vous l'avez compris, ce n'est pas nous qui décidons. Pour moi, tout a été fait parfaitement. J'ai accompagné l'avancement dans toutes les étapes et, peut-être plus chez nous qu'ailleurs, il y a une véritable union nationale, régionale et départementale pour que Nîmes obtienne cette inscription. On croise les doigts en toute confiance.
Propos recueillis par Abdel SAMARI