LE GARD MÉCONNU Laudun-l’Ardoise, l’autre Romaine
Tout l’été, Objectif Gard vous emmène à la découverte du Gard, mais sous un autre angle. Au delà des célèbres Pont du Gard, arènes de Nîmes ou duché d’Uzès, notre département regorge de pépites méconnues. Aujourd’hui, partons à la découverte de la commune de Laudun-l’Ardoise, qui renferme des vestiges romains… et un aqueduc.
C’est une commune atypique, posée entre le plateau du Camp de César et le Rhône, à une dizaine de kilomètres au sud de Bagnols. Une commune connue autant pour sa monumentale église Notre-Dame-la-Neuve, inratable, que pour sa zone industrielle du hameau de l’Ardoise, moins touristique. C’est aussi une petite ville à l’histoire très ancienne, qui a débuté en haut du plateau qui surplombe la commune actuelle, au Ve siècle avant J-C, à l’âge du fer.
Un oppidum parmi les plus importants de la région
De cet oppidum gallo-romain de 18 hectares, on ne sait finalement pas grand chose, à commencer par son nom. Camp de César est en effet un nom générique qui désigne un camp militaire de l’époque de la conquête des Gaules par Jules César ou un site archéologique qui aurait prétendument servi de camp à ses armées.
Ce qu’on sait en revanche, c’est que cet oppidum était l’un des plus importants de la région. Situé en belvédère, il offrait à ses occupants un point de vue exceptionnel sur les alentours. Les vestiges mis au jour montrent une occupation jusqu’à l’antiquité tardive. Le Camp de César était une vraie ville, avec ses remparts, construits et reconstruits de l’âge du fer au 1er siècle après J-C, son forum, sa basilique civile et son tribunal, bâtis au 1er siècle après J-C en même temps qu’une huilerie. On y trouve également une nécropole plus tardive, du Ve au VIIe siècle après J-C ainsi que la chapelle romane de Saint-Jean-de-Rouzigues, au dessus du village voisin d’Orsan. Plus prosaïquement, c’est aussi aujourd’hui un haut lieu de promenade et de randonnée.
Les lieux furent désertés à la fin du VIe siècle de notre ère et Laudun s'est développé vers la plaine, s'orientant vers la culture de la vigne, dont les romains étaient friands, et qui fait aujourd’hui la renommée de la commune.
Un petit Pont du Gard
Reste que si la vie sur le plateau devait être parfois difficile, en contrebas d’importantes problématiques demeuraient. Faisons un saut dans le temps d’une bonne dizaine de siècles pour atterrir au XIXe. Nous sommes en 1863, et le conseil municipal de Laudun, conduit par le maire Joseph Peyret, fait face à deux problèmes récurrents : le manque de place dans le cimetière, et l’adduction d’eau potable. Le cimetière sera agrandi trois ans plus tard. Le plus gros chantier reste celui de l’eau…
En 1867, on fait jauger l’eau de plusieurs sources qui jaillissent du plateau calcaire. Deux sources débitant 20 et 26 litres par minute sont repérées, et très vite, sont conçus des plans pour acheminer l’eau au village. Le projet est voté en février 1868, et la commune emprunte 30 000 francs pour le réaliser. Tout est prêt, mais alors que les travaux vont démarrer en novembre de la même année, la mairie change son fusil d’épaule, et privilégie une autre source, située dans le domaine communal. il faut dire que cette dernière a un débit de 75 litres par minute, et ce, même en période de sécheresse. Seulement, il faut franchir le ruisseau de Balouvière, ce qui nécessite la construction d’un aqueduc.
Construit en moellons calcaires assemblés à la chaux et en briques, il est achevé en 1870 : l’aqueduc de Balouvière est né. D’une longueur de 62 mètres et d’une hauteur de 10 mètres au dessus du lit du ruisseau, son architecture n’est pas sans rappeler celle de son glorieux ancêtre romain le Pont du Gard, construit au 1er siècle de notre ère à une trentaine de kilomètres de l’oppidum de Laudun.
Les deux sites sont séparés quelques centaines de mètres, et accessibles gratuitement. L’accès au camp de César est balisé par des panneaux depuis les RD6086 et RN580, l’aqueduc de Balouvière est ici : 44° 06′ 36″ N, 4° 39′ 27″ E.
Thierry ALLARD