MATCHS TRUQUÉS Quels risques pour Nîmes Olympique ?
Alors que Serge Kasparian, l'actionnaire majoritaire du club, vient de passer aux aveux, et que Jean-Marc Conrad a de son côté fait valoir son droit de silence, quels sont les risques encourus pour le Nîmes Olympique, au delà de ses dirigeants, si leur culpabilité était avérée ?
En matière de droit du sport, "la panoplie des sanctions est très large", explique Maitre Mahrach, avocat au barreau de Paris. Cette sanction serait effectivement établie en fonction de la gravité de la faute. En cas de gravité extrême avec de la corruption active (dirigeants, entraineurs ou joueurs soudoyés), la possibilité de retirer le club du Nîmes Olympique du championnat en cours de saison serait alors possible à tout moment. Une situation dramatique qui serait accompagnée d'autres sanctions pour la saison d'après, pouvant aller jusqu'à la perte du statut professionnel et une rétrogradation du club...jusqu'à la DH (Division D'honneur). Une perte considérable pour le club et ses supporters, condamnés à errer dans les bas-fonds du niveau amateur et à tirer un trait sur le football professionnel, du moins pour de nombreuses années. En témoigne récemment le RC Strasbourg, relégué en CFA 2 lors de la saison 2011-2012 suite à un redressement judiciaire, et ce fameux OM-VA...
Peut-il y avoir une dissociation entre les agissements des dirigeants, et l'entité du club ?
"Concrètement, oui" affirme Maitre Marach. Autrement dit, la Fédération peut émettre des sanctions contre les dirigeants et épargner le club et ses supporters. Mais pour cela, le Nîmes Olympique aurait besoin d'une mobilisation forte de ses acteurs, de ses supporters, pour assainir son image et ne pas sombrer dans une situation trop catastrophique. "Le club peut être immunisé s'il est soudé et qu'une nouvelle direction voit le jour". La LFP pourrait sanctionner à titre personnel le patron des Cercles Cadet Serge Kasparian après ses aveux, en l'excluant à vie ou sur une période déterminée, du football professionnel. Mais agissant au nom du club, ce que pourrait considérer la LFP, le club serait lui aussi coupable et une exclusion rapide du championnat, en cours de saison, ne serait pas impossible.
Et les joueurs ?
Il est pour le moment difficile de déterminer si les joueurs ont prit par, ou non, à ses trucages. Contre Caen, tout le monde s'accorde à dire que les vingts dernières minutes du match n'ont pas été disputé avec beaucoup d'engagement. L'arbitre délégué l'avait ainsi signalé dans son rapport d'après math. Mais est-ce condamnable pénalement ? À l'image d'un Allemagne-Autriche en 1982 surnommé "match de la honte", Selon Maitre Marach, "C'est condamnable moralement, mais pas au niveau pénal. Que deux équipes lèvent mutuellement le pied, ou qu'ils considèrent qu'il est plus prudent de maintenir un score confortable, cela ne constitue pas une infraction. En revanche, s'ils ont agi après des rapprochements en dehors du terrain avec des propositions d'avantages quelconques, alors ils sont également coupables".
Contacté par téléphone, la LFP n'a pas souhaité faire de commentaire à l'heure actuelle et nous renvoit vers l'annexe 2 du règlement général de la Fédération, précisant que "les sanctions peuvent effectivement être de nature individuelle et/ou collective".
Baptiste Manzinali