Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 11.09.2021 - corentin-corger - 4 min  - vu 816 fois

NÎMES Financer la prévention des inondations : Franck Proust veut convaincre l'État

Franck Proust, président de Nîmes métropole (Photo Corentin Corger)

Le cadereau situé square de la Lorraine à l'angle des rues de Grézan et Bergson (Photo Corentin Corger)

Ce vendredi, c'est une visite importante qui attendait Franck Proust dans les cadereaux nîmois. Le président de Nîmes métropole a reçu Patrick Soulé, directeur adjoint de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) rattachée au ministère de la transition écologique. Avant de défendre le dossier de l'Agglo à Paris pour obtenir la moitié du financement des travaux du plan Papi III (42 M€ pour le cadereau d'Uzès), dédié à la prévention des inondations, Franck Proust voulait convaincre sur le terrain. 

Depuis janvier 2018, les agglomérations disposent de la compétence Gemapi pour Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations. Un phénomène climatique historiquement lié à Nîmes et à sa métropole. Le traumatisme du 3 octobre 1988 entraînant le décès de neuf personnes et les différentes crues les années suivantes rappellent combien ce risque reste permanent à chaque début d'automne. Alors pour réduire le risque et éviter au maximum de nouvelles catastrophes, Nîmes métropole a la responsabilité de réaliser des travaux d'envergure appelés Programme d'actions de prévention des inondations (Papi). Aménagement des cours d'eau comme le Vistre et gestion des ouvrages font partie des missions prioritaires. Digues, barrages et cadereaux, ce fossé d'écoulement principalement souterrain dédié à évacuer l'eau en cas de pluies torrentielles, sont renforcés et de nouveaux sont construits.

Après le Papi I, c'est le Papi II qui est en train de se terminer. Il comprend en premier lieu le rééquilibrage du cadereau d'Uzès pour un investissement de 22 M€. Si on prend le tracé du cadereau d'Uzès à l'envers, l'eau se jette dans un grand bassin de rétention à ciel ouvert situé dans le récent quartier Haute Magaille, face à Jardiland et à côté du Mas de ville. Ce cadereau mesure plus de 1,5 Km et remonte sous la rue Henri-Bergson. Au croisement avec la rue de Grézan, au square de Lorraine, c'est un ouvrage de 5 mètres de haut par 4 mètres de large qui a été conçu. Ce dernier est capable d'engloutir un débit de 80 m3 par seconde soit 10 fois plus que l'équipement précédent. Cela représente la moitié du débit qui a transité lors de la crue exceptionnelle de 1988.

C'est sous cette arche, sous la voie ferrée, que la SNCF va devoir creuser pour se raccorder au cadereau d'Uzès (Photo Corentin Corger)

Pour continuer sa route, le cadereau doit passer sous la voie ferrée et donc sous les arches SNCF. Un travail de fourmi qui va débuter la semaine prochaine et durer jusqu'au printemps 2023 pour descendre de trois mètres de profondeur dans une zone longue de dix mètres. "On va creuser à la petite cuillère", exagère à peine un ingénieur de la SNCF pour résumer la difficulté de tels travaux. Derrière la voie ferroviaire, les équipes vont se raccorder avec le cadereau qui passe sous la rue Gabriel-Ferrier, actuellement en travaux, pour aller jusqu'à la station-service BP rue Pierre-Sémard, par ailleurs indemnisée à hauteur de 600 000 € pour la gêne occasionnée par le chantier. Une deuxième tranche dont le montant avoisine les 10,6 M€. L'impossibilité de fermer totalement la circulation à cet endroit-là rajoute de la complexité au projet.

"On cumule des handicaps qui engendrent des solutions onéreuses"

D'autant que les équipes travaillent sur un cadereau déjà existant dont il faut maintenir l'écoulement et de plus, une conduite d'eau potable passe également. Ce qui entraîne un changement géométrique de l'ouvrage qui de cinq mètres de large pour trois mètres de haut voit à ce moment-là ses dimensions s'inverser. Pour continuer jusqu'à la route d'Uzès démarre ensuite le Papi III qui totalise plus de 100 M€ de travaux tous cadereaux confondus. C'est pour cette phase étalée de 2022 à 2028 que Patrick Soulé, directeur adjoint de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) rattachée au ministère de la transition écologique de Barbara Pompili, s'est rendu sur place en compagnie de la préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon, du conseil régional Fabrice Verdier, du conseiller départemental Vincent Bouget, Marc Taulelle, délégué Gemapi et donc de Franck Proust.

Cliché du 3 octobre 1988 pris rue Pierre Sémard à Nîmes devant la station service, devenue BP (Photo Nîmes métropole)

"Il s'agit d'une visite de terrain avant que j'aille défendre le dossier du Papi III à Paris le 10 décembre. C'est pour rendre compte du traumatisme de 1988 et que si le Papi III ne se fait pas, tout ce qui a été fait avant ne sert à rien", explique dans un premier temps le président de Nîmes métropole qui a sollicité l'État pour obtenir 50% de subventions sur le projet global pour ces réalisations. "Cette phase est techniquement la plus complexe et nécessite d'utiliser des tunneliers qui vont creuser à neuf mètres sous terre. On cumule des handicaps qui engendrent des solutions onéreuses. On a besoin de l'aide de l'État, on a montré que l'on était main dans la main avec le Département et la Région", poursuit-il.

Pour réaliser Papi III, des tunnels vont donc être créés dans la zone Sernam-Faïta-Valmy pour un montant de 42 M€. Un chantier difficile qui va devoir passer sous l'université de Hoche et la caserne de la légion, des périmètres sous fortes contraintes de circulation et de réseaux. Une troisième phase qui comprend aussi  des travaux sur d'autres cadereaux comme l'agrandissement de barrages sur ceux de la Pondre, Camplanier, Alès, Uzès et Valat Riquet (23 M€) ainsi que la restructuration des écoulements et des cadereaux de Valdegour et Saint-Césaire (32 M€). Après avoir obtenu des fonds pour installer un centre d'expertise européen lié à lutte contre les incendies sur la base de Garons, c'est un nouveau défi qui attend donc Franck Proust dans son mandat de président. Depuis le lancement des Papi, ce sont près de 245 M€ investis contre la lutte des inondations sur le territoire de Nîmes métropole.

Corentin Corger

Corentin Corger

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