NÎMES OLYMPIQUE Pour l'Association, Rani Assaf n'a pas le monopole de la raison
Réunis ce mercredi soir, les membres du comité directeur de l'Association ont confirmé par un vote leur volonté de préserver un centre de formation agréé au Nîmes Olympique. Ils ont aussi validé une stratégie d'apaisement et tendu la main à Rani Assaf pour (r)ouvrir le dialogue.
"Vous êtes la passion, je suis la raison." C'est la phrase qu'aurait adressée Rani Assaf aux membres de l'Association il y a une dizaine de jours, au début de la négociation pour la sauvegarde du centre de formation. Ce mercredi, par la voix de son avocat, cette dernière a tenté de prouver qu'elle était elle aussi capable de défendre sa position avec pragmatisme.
"On ne veut pas se lancer dans une guerre ouverte, a expliqué en préambule Olivier Martin, l'avocat qui se fait le porte-voix de l'Association du Nîmes Olympique. Notre volonté est d'amener la société à réfléchir à des solutions pour sauver le centre qui est un actif important du club. La décision annoncée par la SASP relève d'éléments conjoncturels, à savoir la crise des droits TV, pas d'éléments structurels. Le centre de formation n'est pas la cause de tous les maux du club."
Surtout, l'Association estime que son modèle avec agrément, qui permet donc de verrouiller par contrat les meilleurs éléments du centre, coûte moins cher au club que celui au rabais défendu par Rani Assaf. "Nous disons que nous pouvons gérer un centre agréé pour 1,3 M€ pour lequel il ne manque que 400 000 €, de l'autre côté la SASP propose un projet sans agrément à 700 000 €, chiffre Olivier Martin. Il faut se remettre autour d'une table et discuter intelligemment."
Une position oxymorique
Quant aux menaces de Rani Assaf de déposer le bilan, Olivier Martin les balaye d'un revers de manche : "Personne aujourd'hui ne peut croire que l'état de cessation de paiement serait la conséquence du coût de la formation au Nîmes Olympique !"
Fini les arguments quasi-philosophiques parfois formulés autour de l'importance d'un centre de formation qui serait "garant de l'identité nîmoise". Cette fois, plus question de laisser à Rani Assaf le monopole du pragmatisme. En refusant la "surenchère médiatique" tout en restant ferme sur sa position, l'Association adopte une stratégie que l'on pourrait résumer par un oxymore : la guerre d'apaisement.
Le temps sportif face au temps judiciaire
En temporisant sans toutefois céder sur le point d'achoppement, parviendra-t-elle à faire entendre raison à Rani Assaf ? Le conseil d'administration prévu ce jeudi donnera sans doute quelques éléments de réponse. L'enjeu est de taille car, toujours selon l'Association, "le temps juridiciaire est beaucoup plus long que le temps sportif. S'il faut sortir les couteaux on les sortira, mais ce n'est pas le moment. Au tribunal, nous aurions des éléments juridiques pour nous défendre, mais cela prendra des mois. D'ici là, pendant que l'on se déchire, nos concurrents préparent la saison prochaine".
Alors que le conflit actuel a déjà causé un mal qui laissera forcément des traces, chez les professionnels comme dans les équipes de jeunes, l'Association veut croire qu'une "sortie de crise par le haut" est encore possible. Ce mercredi, elle s'est en tout cas attachée à parler le même langage que Rani Assaf. Celui de la raison.
Boris Boutet