NÎMES Retour sur le mauvais canular qui a mobilisé 100 policiers hier après-midi
L'arnaque s'apparente au swatting, elle est née aux USA il y a une vingtaine d'années par le biais des jeux vidéos et prospère aujourd'hui.
Elle a déjà été utilisé en France. Le but de la manœuvre est d'inventer par exemple un faux attentat ou une fausse prise d'otage afin de faire intervenir les forces de l'ordre. Il s'agit en résumé de mettre en ébullition les autorités et d'envoyer sur le terrain le plus de policiers possibles pour un délit ou un crime imaginaire. Hier les swatteurs ont dû se délecter en imaginant que près de 100 policiers gardois étaient déployés au quartier des Jonquilles, avec l'antenne régionale du RAID qui était également mobilisée. Pendant plus de deux heures, la tension était palpable, les forces de l'ordre ne sachant pas si l'éventuel terroriste pouvait frapper.
Mardi 10 mai 2022, tout a débuté à Nîmes vers 15h45. Un policier reçoit au commissariat un appel d'un homme qui donne son identité et qui explique qu'il a pris en otage deux jeunes et qu'il pourrait s'en prendre ensuite à des enfants. Il donne l'adresse où il se trouve. Un homme qui affirme appartenir à un groupe terroriste. L'homme dont l'identité a été fourni existe bien et il habite bien à l'adresse indiquée de cette cité des Jonquilles à Nîmes.
Mais ce n'est pas le vrai habitant qui a appelé menaçant, mais une personne qui a de mauvaises intentions et qui veut tout simplement mobiliser le plus de policiers pour réussir son swatting. Dans l'affaire d'hier, le suspect a appelé d'un numéro ensuite impossible à remonter pour les enquêteurs. Face à la menace et aux risques attentats, les autorités ont été obligées de déclencher un dispositif énorme afin d'intervenir rapidement dans et autour de l'immeuble désigné et de protéger les populations et les écoles du quartier.
Ce n'est pas la première fois en France que ce jeu débile est utilisé. Récemment, en avril 2022, les services d'élite de la BRI avait déboulé dans un appartement du 12e arrondissement de Paris concernant une mauvaise blague inventant un différend de voisinage avec l'usage d'armes. Aux États Unis en 2017, un jeu identique a connu une véritable tragédie avec un homme qui n'était pour rien dans cette technique du swatting qui avait été abattu par les forces de l'ordre qui l'avait pris pour un terroriste !
Les 100 policiers présents hier à Nîmes au quartier des Jonquilles n'ont pas vraiment apprécié le canular. Le procureur de la république Éric Maurel non plus. Il indique qu'une enquête est en cours et que l'auteur de cette "dénonciation calomnieuse" risque 5 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Les investigations se poursuivent.
Boris De la Cruz