Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.10.2021 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1889 fois

NÎMES Un héros de La Commune exposé à Carré d'Art

Louis Nathaniel Rossel (Photo Anthony Maurin).

Louis-Nathaniel Rossel (1844-1871), Nîmois à ascendances cévenoles, sort de Polytechnique et fait la guerre comme capitaine en 1870. Refusant la capitulation de Paris et tout armistice, il démissionne pour rejoindre la cause de La Commune et devient délégué à la guerre. Il est arrêté et fusillé le 28 septembre 1871, à l’âge de vingt-sept ans. Retour sur un personnage au croisement de l’histoire de Nîmes et de l’histoire de France, par une exposition richement documentée.

Si nous devons cette exposition, c’est naturellement d’une volonté. Mais s’il y a un homme qui doit en être particulièrement remercié, c’est sans aucun doute Pierre E. Richard, un collectionneur qui est aussi historien.

L'exposition est à dé"couvrir au sous-sol de Carré d'Art (Photo Anthony Maurin).

Didier Travier, conservateur des bibliothèques de Nîmes, a mis en place cette grande exposition qui est aussi la première vraie exposition sur Louis-Nathaniel Rossel. « C’est une exposition exceptionnelle, une première pour ce personnage important qu’est Louis Nathaniel Rossel. Cette expo va puiser dans les ressources disponibles à savoir le fonds de Pierre E. Richard. »

Des effets personnels (Photo Anthony Maurin).

Cette histoire est folle. Par chance, elle finit bien, avec Rossel c’est tellement rare… Pour le collectionneur et passionné Pierre E. Richard, « Comme je suis très attaché aux matériaux bruts et aux manuscrits, je savais que 90 % des archives connues étaient aux archives nationales ou ici à la médiathèque. Il y a un peu plus de deux ans un libraire parisien m’a appelé pour me dire qu’il venait de faire rentrer des documents qui allaient m’intéresser. En fait, les héritiers de Rossel avaient fait un dépôt révocable aux archives dans les années 1960 et quelqu’un de la famille les a récupérés pour les vendre afin de récupérer un peu d’argent. Le libraire a tout achet et m’a tout vendu. »

Beaucoup de papiers manuscrits et de lettres familiales (Photo Anthony Maurin).

On parle de plus de mille pages manuscrites, de 250 lettres, de photos, de diplômes, de papiers officiels, de quelques lettres adressées à Rossel… Gloire à ces deux hommes pour ce sauvetage du cœur. Gloire à ce libraire qui, depuis, chahuté par la profession, a arrêté son métier. Gloire à Pierre E. Richard d’avoir mis de sa poche la rançon de la gloire due à Rossel. Merci.

Et Pierre E. Richard de poursuivre, « Rossel était un personnage doué pour tout, y compris pour la musique, le dessin et l’écriture. Je ne suis vraiment pas certain qu’il avait une vocation militaire, par contre, il devait, avant la guerre franco-prussienne et La Commune qui s’en est suivie, partir aux USA pour travailler dans le rail qui se développait fortement. »

(Photo Anthony Maurin).

Didier Travier est conscient du sauvetage in extremis réalisé par le collectionneur. « On lui doit d’avoir sauvé toute cette histoire qui se serait dispersée aux quatre vents et qui auraient été impossible à recomposer pour une exposition comme celle-là. Pierre a tout mis à disposition et nous avons choisi. Mais nous avons deux autres sources. Isabella, la sœur de Rossel, avait elle aussi tout gardé car la famille était entièrement dévouée à ce garçon. Enfin, les familles Cadène et Lardans (Le Havre) ont eux aussi contribué comme le musée de Saint-Jean-du-Gard qui a donné la dernière bible de Rossel. Nous avons aussi des photos de polytechnique, un képi et une épée qui ne sont pas de Rossel mais il avait les mêmes. »

Quelques dessins de l'élève Rossel (Photo Anthony Maurin).

Cette exposition est divisée en deux salles. Dans la première, vous y trouverez un Louis Nathaniel Rossel enfant, adolescent et jeune homme déjà très mâture pour son âge. Lisez ce qu’il écrit quand il n’a que 15 ans et vous comprendrez le bonhomme et sa vie héroïque. Dans cette première salle vous y verrez ses travaux du Prytanée militaire de La Flèche, à Polytechnique ou encore à l’école d’application de l’artillerie et du génie de Metz.

(Photo Anthony Maurin).

Dans la seconde salle, vous découvrirez le rôle qu’il a eu dans les rangs de l’Armée française et dans ceux des Communards. Cette historie démarre quand Rossel est en poste à Metz et que la France est sur le point de capituler face aux Prussiens alors que les plus de 100 000 hommes qui sont avec lui dans l’armée ne prennent quasi pas part aux combats… Exaspéré, Rossel plaque l’Armée et le général Bazaine pour tenter l’aventure de la résistance avec un Gambetta qui le décevra. Enchaînant ainsi les désillusions, ils se retrouve seul avec le peuple de Paris à ne pas renoncer à défendre son pays. Rossel s’engage dans La Commune, en devient le délégué à la Guerre mais abandonne une nouvelle du fait de la légèreté de cette armée de citoyens désinvoltes.

Alors qu'il avait une des plus hautes fonctions de La Commune (Photo Anthony Maurin).

Une exposition salvatrice, poignante et rassurante à la fois.

Louis Nathaniel Rossel, un Nîmois dans La Commune à Carré d'Art (Photo Anthony Maurin).

L'exposition est à voir grâce à la bibliothèque Carré d’Art à la galerie de l’Atrium du 5 octobre au 31 décembre . Un livret est disponible à la librairie de Carré d’Art.

Pierre E. Richard, sauveur du fonds Louis Nathaniel Rossel (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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