PAYS D'UZÈS La ZAC des Sablas divise toujours mais les travaux vont pouvoir démarrer
C'était en 2012 la première fois qu'a été évoqué le projet d'une zone d'activités aux Sablas, à l'entrée de Montaren-et-Saint-Médiers. Dix ans plus tard, encore rien n'est construit. La communauté de communes Pays d'Uzès s'est trouvée entraînée dans un "marathon judiciaire" entre recours et référé suspensif du collectif pour la sauvegarde de l'Uzège et de la Soreve.
Encore ce dimanche, le collectif était rassemblé sur les Sablas et avait encore l'espoir d'une autre alternative pour ces terres agricoles qui représentent au total 10 hectares. La délibération votée ce lundi soir en conseil communautaire est un nouveau coup dur pour ses défenseurs. Les élus ont voté l'attribution du marché à plusieurs entreprises qui devraient bientôt débuter les travaux sur la tranche 1 des Sablas. La décision n'a pas fait l'unanimité, a généré encore des débats houleux, mais a été adoptée avec cinq oppositions et quatre abstentions.
Le défrichement du terrain a été effectué entre septembre et novembre 2021, des mesures compensatoires ont été trouvées pour le lucane cerf-volant. Tous les feux sont au vert pour entamer les travaux sur la tranche 1 de la ZA des Sablas. Reste encore une procédure en appel intentée par le collectif et la Soreve contre l'arrêté préfectoral autorisant le début de l'aménagement. Mais ce recours n'est pas suspensif et donc ne peut plus retarder les travaux.
Pour autant, le conseiller communautaire Guy Crespy (Sanilhac-Sagriès) est d'avis de ne planter aucun coup de pelleteuse tant que tous les recours ne sont pas purgé : "Compte-tenu des sommes en jeu, n'est-il pas plus prudent d'attendre que de s'engager sur des frais qui pourraient être remis en cause ?", interroge-t-il.
"Depuis le début, on n'a pas beaucoup évolué dans le débat en dehors des tribunaux"
Quant à l'opposante uzétienne, Lydie Defos du Rau, elle a rappelé son "opposition à ce projet anachronique" et milite pour la préservation de cette terre qui "recèle toutes les qualités requises pour le maraichage". La conseillère communautaire préconise de suivre les recommandation du SCoT (Schéma de cohérence territoriale). C'est-à-dire de réinvestir dans les friches et de regarder les emplacements déjà existants pour accueillir les entreprises artisanales et industrielles sur le territoire, "avant de sacrifier de manière irréversible des terres arables, sources d'emplois locaux".
Elle demande si les entreprises prétendantes aux Sablas ne peuvent pas être repositionnées sur la ZAC du Mas de Mèze. "Il y a 1,8 hectare au Mas de Mèze. On a déjà cinq demandes sur ce secteur, soit deux de trop car il n'y aura que trois lots. Le cas du Mas de Mèze sera réglé dans les six mois à venir", s'engage le maire d'Uzès et vice-président à l'économie, Jean-Luc Chapon.
Alors que Lydie Defos du Rau s'inquiète aussi de savoir s'il y aura du photovoltaïque ou encore de la hausse des prix des matériaux, l'autre pivot de l'opposition uzétienne, Christophe Cavard pointe un projet qui va à l'encontre des recommandations sur l'artificialisation des sols. "On s'inscrit dans le plan climat air énergie territorial (PCAET), on s'inscrit dans le projet alimentaire territorial (PAT)... On entre dans des enjeux climatiques forts et au milieu, il y a cette épine de la ZAC des Sablas qui ne correspond pas. (...) Depuis le début, on n'a pas beaucoup évolué dans le débat en dehors des tribunaux", déplore-t-il.
Jean-Luc Chapon rappelle qu'au départ, tous les élus ont voté à l'unanimité pour l'achat de ces terrains. Sauf qu'au départ, la parcelle était lorgnée pour y construire la piscine intercommunale qui se fera finalement à Uzès. Et le maire de la cité ducale d'ajouter : "Il est temps de faire les travaux, on a assez sué pour y arriver. Les entreprises attendent avec anxiété que cela se fasse, certaines n'ont pas attendu et sont parties comme Meduz."
"Si on écoutait la moindre petite opposition, on ne ferait plus rien"
Répondant aux remarques, le président de la CCPU, Fabrice Verdier estime que le "débat a eu lieu à tous les niveaux" et que "chaque fois, on a avancé de manière transparente". Il assure que le commerce et le service seront privilégiés : "On va essayer de mettre un atelier-relais, réfléchir à la question de l'offre de santé et de bureaux pour les jeunes entrepreneurs." Sur les 4 hectares de la tranche 1, deux hectares appartiennent à la CCPU, le reste est à un propriétaire privé.
Une surface moindre par rapport au foncier total que possède la CCPU, comme le souligne Fabrice Verdier. "On met un portefeuille de 10 hectares de foncier aux Sablas, 1,8 hectare au Mas de Mèze et 3,8 hectares à Moussac... On ne va pas faire venir de grandes entreprises mais c'est un minimum de développement économique et donc d'emplois. C'est vital. (...) Si on écoutait la moindre petite opposition, on ne ferait plus rien", tonne le président. Il se dit prêt à réfléchir aux friches industrielles mais continue de tempêter : "On met un peu de développement économique en face de cette zone de Montaren qui n'est pas un monument de beauté. On ne peut pas dire que nos touristes avant de faire un tour à Uzès ou à Lussan vont faire un tour à Intermarché parce que les coquelicots en face sont extraordinaires, soyons un peu sérieux."
Marie Meunier
Nous vous parlerons des autres sujets abordés au conseil communautaire dans un prochain article.