PISSEVIN : "On est à la limite de l'explosion si on ne redonne pas une place aux habitants", interpelle Azzouz Raouf
« Faire pour les gens sans eux, c’est le faire contre eux ». Cette citation de Gandhi, la Mission Participation en a fait sa devise tellement elle colle à la peau de son combat et à cette volonté de changer de manière radicale la politique de la ville. En mars dernier, les deux représentants de cette mission, Marie-Hélène Bacqué, sociologue, et Mohamed Mechmache, fondateur d’AC le Feu, sont venus à Pissevin pour rencontrer les acteurs de la vie locale. Ainsi, Azzouz Raouf, directeur de l’association 1 000 couleurs, Alain Lorgeas, président du comité de quartier de Pissevin, Monique Robert, directrice artistique du Telquel Théâtre et Soumya Zidi El-Rhess, fondatrice de l’association Amaos ont fait remonter les envies, les colères et les satisfactions des 12 000 habitants de Pissevin. Fin juin, les quatre Nîmois ont été invités à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, pour évoquer avec une centaine d’autres participants les problèmes dans les quartiers difficiles. Mieux, ils ont réfléchi à des solutions concrètes qui ont été transmises, hier à Paris, au ministre de la Ville François Lamy. Au final, 30 propositions (plus une) sont ressorties. Celle qui est en plus concerne le droit de vote des étrangers qui est, selon l’ensemble des participants, une condition préalable à la participation citoyenne.
Azzouz Raouf revient sur les quatre mesures phares : « On veut rendre l’habitant acteur de son territoire de vie. Pour cela, on souhaite créer une Autorité administrative indépendante ; soutenir la création d’espaces citoyens et les reconnaître ; créer une fondation régionalisée pour le financement des actions et faire des instances de la politique de la ville des structures de coélaboration et de codécision ». Concrètement, le rapport propose que la participation des habitants soit reconnue, que la politique de la ville soit démocratisée et que les habitants aient une place décisionnaire dans le processus ou encore que les habitants, professionnels et élus travaillent ensemble et acceptent des espaces de négociation. « On aimerait aussi que les médias ne parlent pas systématiquement en mal des quartiers, que les services publics restent dans les quartiers, que la police ne soit pas que dans la répression et qu’on associe l’école et les parents », suggèrent tour à tour les quatre représentants nîmois.
Hier, le ministre de la Ville a fait savoir que des mesures pourraient être prises à l’automne. Une annonce qui rassure Azzouz Raouf : « On ne pouvait pas attendre les élections municipales. Il faut des positions fermes et fortes de François Lamy. Parce que l’on est à la limite de l’explosion si on ne redonne pas une place aux habitants. Il fait bon vivre à Pissevin et il ne manque pas grand-chose ». Le directeur de l’association 1 000 couleurs prévoit d’envoyer le rapport à la mairie de Nîmes qui pourra donner suite... ou pas.
Tony Duret
tony.duret@objectifgard.com