ALÈS Des cas concrets de féminicides exposés dans le hall du tribunal
En ce lundi 25 novembre, journée internationale des violences faites aux femmes, le président du tribunal d'Alès, le procureur de la République et le bâtonnier ont inauguré en commun une exposition dessinée qui donne des cas concrets de féminicides. Auprès des associations qui oeuvrent dans ce domaine, les hommes de Droit ont donné quelques chiffres qui concernent leur juridiction.
C'est un axe fort de la volonté du procureur alésien, depuis son arrivée en début d'année. Ce lundi matin, en inaugurant l'exposition sur les violences faites aux femmes, Abdelkrim Grini a rappelé la vigilance qui domine sur les dossiers des violences intra-familiales au tribunal d'Alès afin que le dossiers "soient traités de manière très rapide", avec l'appui des forces de l'ordre et des avocats.
"Le procureur dispose de l'opportunité des poursuites, rappelle Abdelkrim Grini, pour diligenter des enquêtes et ordonner des placements en garde à vue. L'opportunité des poursuites permet une réponse immédiate." Tandis que le tribunal a réussi à réduire les délais d'audience à "2 à 3 mois maximum". En 2023, 13 téléphones "grave danger" ont été distribués à des femmes victimes. Ils sont déjà 29 en 2024 à avoir été délivré à des femmes en danger.
Quarante-trois comparutions immédiates ont eu lieu pour des violences faites aux femmes en 2023. Pour 2024, on en compte 33 au 25 novembre. Soit un total atendu de 40, à peu près stable, donc. Seulement trois comparutions en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) ont eu lieu cette année, contre 9 l'an dernier. En revanche, le nombre de présentations avec contrôle judiciaire a bondi, de 68 à 127, dans cette année 2024 qui n'est pas achevée. "Ce sont donc les personnes en garde à vue présentées au procureur, explique Abdelkrim Grini, qui en sont à leur premier fait de violence et pour lesquels on estime que le contrôle judiciaire est suffisant".
"Nous n'avons pas le droit à l'erreur, a insisté le procureur de la République. Nous nous devons d'avoir une acuité particulière sur ces violences. Mais une réponse est systématiquement apportée. Car, en matière de violences conjugales, il n'existe pas de simple rappel à la loi". "C'est toute une vie qui, du jour au lendemain, s'arrête, a enchaîné Guillaume Garcia, bâtonnier de l'ordre des avocats d'Alès. Il y a la phase pénale mais aussi tout ce qu'il y a à côté : protéger ensemble, trouver une solution uand les couples travailllent ensemble, etc."
Un numéro de permanence des avocats, à l'entrée du tribunal, a déjà participé à la rapidité avec laquelle les femmes sont aidées. Mais l'avocat rappelle : "Moi, je défends les auteurs et les victimes. Et on doit aussi faire acte de pédagogie avec les auteurs." Guillaume Garcia s'est tout de même réjoui de constater que "les mentalités sont en train de changer", y compris chez les auteurs, qui seraient plus conscients de la gravité de leurs faits.
Quant à l'exposition, Sandrine Mirabello, chargée de mission violences intra-familiales au sein du tribunal d'Alès, a expliqué que les récits illustrés de femmes tuées (voire souvent violéers et torturées) par leur ancien mari ou compagnon courent de 1982 à l'après "Grenelle des violences conjugales" de 2019. On y constate notamment une prise de conscience dans le temps, entre des "violences passionnelles" de 1982 - terme qui n'est heureusement plus employé - et la spécificité du "féminicide" dont on parle aujourd'hui. Le choc entre la joie, voire la naïveté, des dessins de Fanny Vella, et la gravité des faits en lien avec un meurtre ne peuvent laisser indifférentes. L'exposition sera visible, dans le hall du tribunal, jusqu'à la fin de la semaine.