ALÈS L’association France-Palestine solidarité à la rescousse de Salah Hamouri
Le ministre de l’Intérieur israélien veut supprimer le titre de résident permanent de l’avocat franco-palestinien, né à Jérusalem où il a toujours vécu. Une mesure politique qui, si elle était appliquée, le contraindrait à quitter sa terre natale. L’association "France-Palestine solidarité" d’Alès Cévennes dénonce « l’acharnement d’Israël » et se bat pour faire annuler cette décision.
Sous fond de conflit israélo-palestinien qui dure depuis 1948, avec la création de l’état d’Israël cristallisant les tensions entre juifs et musulmans, le cas de Salah Hamouri semble faire office d’exemple. Selon le comité de soutien "Alès Cévennes Liberté pour Salah Hamouri", il fait partie des 850 000 palestiniens passés par les prisons israéliennes depuis 1967. Avant d’entrer dans les détails de la conférence de presse organisée à l’initiative de l’AFPS Alès Cévennes dans les locaux du Prolé il y a quelques jours, un éclairage s’impose.
Né le 25 avril 1985 à Jérusalem d’un père palestinien et d’une mère française, le trentenaire a laissé plus de huit ans de sa vie aux geôles israéliennes. Car dès son adolescence, celui qui est depuis devenu avocat est arrêté à plusieurs reprises (pour collage d’affiches anti-Israël notamment) et effectue de courts séjours en détention, jusqu’à ce jour de mars 2005 où il est interpellé lors d'un contrôle d'identité à un checkpoint. Les chefs d’inculpation sont les suivants : une appartenance présumée à une organisation illégale en Israël, le Front populaire de libération de la Palestine, et l'intention de participer à un complot visant à assassiner le rabbin Ovadia Yosef après qu’Hamouri a été aperçu à proximité de son domicile.
Séparé de sa femme et de son fils
Après trois ans de détention préventive, son avocate lui suggère de plaider coupable pour négocier une procédure de marchandage à son procès, qui lui permettrait d'être condamné à une peine moindre que celle qu'il encourt (14 années de prison). Hamouri choisit de suivre ces recommandations et est condamné à sept ans d'emprisonnement par le tribunal militaire israélien.
S’il est libéré en 2011, les arrestations vont se multiplier avant que l’état d’Israël ne passe à un autre stade en expulsant sa femme et son fils, rapatriés en France. Salah Hamouri est à son tour menacé d’expulsion définitive de sa terre natale, puisque le 3 septembre dernier, l’état israélien lui a remis un courrier lui indiquant la révocation de son statut de résident permanent.
L’avocat franco-palestinien a jusqu’au 3 octobre pour tenter d'annihiler cette décision et peut pour ce faire, compter sur de nombreux soutiens dont celui de l’association France-Palestine solidarité. Par le biais d’un communiqué adressé à la presse, le bureau national de l’AFPS « appelle toutes celles et tous ceux qui sont épris de justice et de liberté à se mobiliser et à interpeller les autorités afin que Salah Hamouri ne soit pas banni de sa terre natale. »
« Un courage admirable »
À l’échelle locale, l’AFPS Alès Cévennes s’active face à « l’urgence du cas Hamouri ». Sa co-présidente, Françoise Leblond, indique que « la France est la seule nationalité dont il bénéficie au niveau du droit » et déplore « une tentative d’effacement de la présence palestinienne par tous les moyens. » Et d’ajouter : « Israël viole tous les jours le droit international et ne fait jamais l’objet de sanction, car un responsable politique qui dénonce cette violation est aussitôt accusé d’antisémitisme. »
Alors qu’il s’est rendu sur place à plusieurs reprises, Jacques Gimier, membre de la Ligue des droits de l’Homme Alès Cévennes décrit « un climat épouvantable en Israël où une répression terrible s’abat sur les Palestiniens, bafouant les principes les plus fondamentaux. » Le maire de Cendras, Sylvain André, qui était lui aussi du voyage en 2014, parle d’une « oppression inacceptable » et d’un « peuple qui souffre sans que personne ne bouge ».
L’élu communiste a conclu en évoquant les raisons de sa bataille en faveur de Salah Hamouri : « Je lui trouve un courage admirable. Il pourrait choisir la facilité en rentrant tranquillement en France, mais il a fait le choix de continuer à résister pour les droits du peuple palestinien. » L’issue de ce combat, qui met la lumière sur un conflit parfois ignoré, sera connue ce samedi.
Corentin Migoule