ALÈS Les Restos du coeur face à un nouvel afflux hivernal de gens dans le besoin
En difficulté financière, il y a un an, les Restos du coeur connaissent une meilleure situation avant d'entamer la campagne hivernale. Ce qui ne signifie pas que le nombre de demandeurs a baissé, bien au contraire, mais l'association - qui n'avait jamais eu pour habitude de fixer des barêmes à l'entrée - a pu adoucir ses critères de réception. Néanmoins, le constat reste, chaque année, le même : le nombre de bénéficiaires ne cesse d'augmenter, en écho à l'étude de l'Observatoire des inégalités qui évalue à 1,4 millions le nombre de pauvres supplémentaires en vingt ans.
"On a souffert". C'est peu dire que Cathy Bendjeddou n'a pas aimé la campagne d'hiver précédente, celle où il a fallu "apprendre à dire non", comme elle le confiait, l'an dernier, à Objectif Gard (relire ici). "Financièrement, les choses vont bien, constate la responsable du centre alésien des Restos du coeur, les comptes ont été redressés, le message a été entendu." Même si elle a dû signifier "pas mal de refus. La saison été s'est terminée le 15 novembre, avec 20 à 25% de refus".
"Les barêmes étaient vraiment bas, poursuit Cathy Bendjeddou. On a décidé qui étaient les plus précaires, les plus démunis. Mais, parfois, c'était compliqué. Les 20 à 25%, on les retrouve à nouveau cette fois-ci. Mais avec un peu plus de normalité." Les dotations ont augmenté, les barêmes aussi, et les Restos peuvent ainsi poursuivre leur oeuvre universelle. Avec "une attention particulière aux familles mono-parentales, poursuit Cathy Bendjeddou, ainsi qu'une dotation spécifique pour les enfants". Des consignes et des budgets qui découlent des remarques de terrain des bénévoles, qui avaient bien constaté, notamment, l'afflux de parents seuls.
"On prend aussi en compte, désormais, les factures d'énergie. Des gens, qui habitent des passoires thermiques, ont des factures phénoménales..." La responsable alésienne n'a, en revanche, pas vu revenir en nombre les étudiants de l'école des Mines. Ce qui pourrait, peut-être, s'expliquer par la relance de leur propre épicerie solidaire.
Mais, globalement, "les demandes continuent d'augmenter, se désole la responsable alésienne. Dans la troisième semaine de campagne hiver, on en était déjà à plus de 400 familles inscrites." Seulement 2% des demandes sont refusées, "et notre taux de fréquentation est compris entre 90 et 95%, au lieu de 80% d'habitude". Pendant l'été, les oeufs ont manqué. Comme dans le reste du département, l'antenne alésienne a du mal à récupérer du lait.
"Mais globalement, on tient, sourit Cathy Bendjeddou. Et notre convention avec Emmaüs est un sacré plus pour nous : on peut plus facilement acheter les choses qui nous manquent." L'association a toujours besoin de bénévoles, pour faire face "aux semaines plus compliquées". D'autant que la campagne d'été est désormais comparable à celle de l'hiver, en travail à fournir.
Ce qui peut fatiguer une responsable. Après 5 ans à la tête de la branche alésienne, Cathy Bendjeddou devrait (enfin) profiter de sa retraite, l'année prochaine. Evelyne Fagoo la remplacera. Bénévole elle-même, elle sait la tâche qui l'attend et voit les difficultés qui ne diminuent pas. Tout comme la sensibilité des bénévoles qui assurent une véritable mission de salut public. Proche d'arrêter, Cathy Bendjeddou n'en conserve pas moins sa capacité d'indignation. Avant de se séparer, elle lâche : "On voit de plus en plus de familles à la rue, pour lesquels l'accès au droit pose véritablement problème. Mais comment peut-on laisser une famille avec zéro ressource ??" C'est bien parce que cette question ne trouvait pas de réponse politique que les Restos du coeur ont vu le jour...