ALÈS Pompiers et grévistes de Bonnefon, la convergence des luttes
Alors que le conflit vient d'entrer dans sa cinquième semaine, le 30e jour de mobilisation des grévistes de Bonnefon a été ponctué de plusieurs rendez-vous importants, lesquels n'ont pas permis aux espérances de ces derniers de se convertir en réalité. Si cette journée du vendredi 25 février s'annonce décisive, les salariés de la clinique font désormais cause commune avec les pompiers.
Ce jeudi 24 février était celui de toutes les attentes pour les salariés grévistes de la clinique Bonnefon. Mais ni la deuxième des trois tables rondes de la semaine programmées avec la direction de l'établissement, ni la nouvelle rencontre avec le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès n'ont permis d'apaiser les doléances des manifestants et de mettre ainsi fin à une lutte qui dure.
Hier, pour leur 30e jour de mobilisation, les représentants syndicaux FO et CGT de la clinique ont en effet participé, comme la représentante officielle au comité social et économique (CFDT), à la signature du protocole électoral des élections professionnelles de mars prochain. Un rendez-vous visiblement houleux au terme duquel la très médiatique Hella Kherief (CGT) aurait émis une réserve quant à un article dudit protocole.
"La diplomatie a encore toute sa place"
"C'est un événement inédit dans ma vie, ma direction a tenté de me séquestrer en me fermant la porte à plusieurs reprises. On me courait après autour d'une table pour un bout de papier. Je n’aurais jamais cru vivre ça un jour", a raconté la dernière nommée au micro devant près de 280 manifestants ce jeudi soir. Une manifestation à l'issue de laquelle Hella Kherief prévoyait d'aller "déposer une main courante", citant par ailleurs quelques "témoins" de la scène dont les cégétistes Alain Martin et Julien Aquilina.
La prise de parole de la représentante syndicale CGT intervenait au milieu de la chaussée, sur l'avenue Carnot, alors que le cortège était en route pour rejoindre la sous-préfecture d'Alès où les leaders du mouvement venaient d'être reçus par Jean Rampon, représentant de l'État. "On a rencontré le sous-préfet et la directrice départementale de l’Inspection du travail. Hélas, la direction de Bonnefon n’a pas souhaité participer à cette table ronde, idem pour l'ARS Occitanie qui était conviée. Autant de mépris après un mois de mobilisation, c’est du jamais vu !", a déploré Bruno Rivier, secrétaire général de l'Union départementale (UD) de la CGT.
Et ce dernier de considérer que "la vraie volonté de cette direction, c’est de laisser pourrir ce mouvement en mettant en danger les personnels et les patients", avant d'admettre que "la diplomatie" avait encore "toute sa place jusqu’à demain soir (ce vendredi, Ndlr)", faisant ainsi référence à la troisième ouverture des "négociations" prévue dans l'après-midi.
"Le risque, c'est le drame humain"
Un rendez-vous qui s'annonce décisif. "Soit la direction apporte des réponses concrètes permettant aux personnels de mieux soigner et d'être rémunérés à la hauteur de leur engagement, soit on décidera des suites à donner lors de l'assemblée générale", a prévenu Bruno Rivier. Quelques minutes plus tard, Hella Kherief abondait dans le même sens : "S'il n'y a rien dans le panier, on trouvera de nouvelles méthodes pour durcir ce mouvement."
Un peu plus tôt dans la soirée, par la voix de Sébastien Perrier, responsable du syndicat Autonomes du Gard, les pompiers disaient vouloir faire "cause commune" avec les grévistes de Bonnefon. "On est là avec vous et on ne lâchera rien", a martelé le dernier nommé, qui attend toujours que le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) s'active pour la nouvelle caserne espérée à Bagard. Avant que le convoi ne gagne les rues du centre-ville d'Alès à grand renfort de fumigènes et de bombes agricoles, la conclusion est revenue à Hella Kherief : "Avec les pompiers, le risque de nos deux combats est commun : c'est le drame humain !"
Corentin Migoule