ANDUZE Sans souffle, Philippe Poncet réalisera un exploit ce mercredi jusqu'au Pont du Gard
Atteint d'une forme poussée de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), Philippe Poncet part d'Anduze, ce mercredi matin, pour une étape de son BPCO, tour qu'il réalise à vélo. Une façon d'attirer le regard sur cette maladie trop méconnue en comparaison de sa faculté dévastatrice, troisième cause de décès au monde d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour lui, rallier le Pont du Gard reste un effort surhumain, dont il est pourtant coutumier pour donner à cette maladie la visibilité dont elle devrait bénéficier.
Il s'élancera ce mercredi matin du Plan de brie, à 9 heures. Avec son vélo et son appareillage à oxygène, indispensable au cours de son parcours de 65 kilomètres. Mais surtout indispensable au quotidien pour Philippe Poncet qui, sans dispositif de ce type, pourrait "naturellement" s'étouffer. Entre Anduze et le Pont du Gard, Philippe empruntera la montée de Cassagnoles. Bien loin d'un col hors catégorie du Tour de France. Pourtant, pour Philippe, la montée de Cassagnoles ne sera pas très différente de celle du col du Stelvio, en Corse, qu'il a déjà gravi, à plus de 2 700 mètres.
"À chaque départ, c'est l'enfer pendant 20 à 40 minutes, témoigne Philippe Poncet. On a vérifié : mon acide lactique monte deux fois plus vite que celui des coureurs du pôle France." Avec ses symptômes, Philippe Poncet perd avant tout ses repères en matière de coordination. Lui, qui n'a été diagnostiqué qu'en 2008 réalise ainsi, quelque soit la montée et son pourcentage, un véritable combat contre lui-même. Il a ainsi a gravi le Stelvio à 20 % de ses capacités respiratoires...
"Ce n'est pas une maladie de fumeur, comme on le croit souvent"
Philippe Poncet
Si l'athlète avec fort handicap, de 65 ans, continue à défier son corps et à souffrir sur le vélo, c'est pour continuer, inlasssablement, d'attirer les regards sur sa maladie, dont 5 millions de personnes sont affectées en France, certaines sans même en connaître le nom. "Ce n'est pas une maladie de fumeur, comme on le croit souvent, explique Philippe Poncet, tuyaux d'oxygène dans les narines. La maladie existe avant tout pour deux raisons : génétique et héréditaire ; ou technique, en raison d'une malformation."
En obstruant les voies respoiratoires, la BPCO provoque chez le patient des sur-infections, voire des emphysèmes pulmonaires. Quand une personne non-atteinte se promène avec 97 % d'oxyygène dans le sang, "on peut être à 80 ou 70 %, voire moins". L'expiration pose problème, avec un temps rallongé six fois par rapport à une personne sans maladie, "ce qui crée un problème au niveau des échanges gazeux". Face à cela, il n'y a que peu à faire, à part utiliser "des broncho-dilatateurs, faire de la kiné respiratoire - mais la majorité des kinés n'y connaissent rien -, déplore Philippe Poncet. Et s'entretenir physiquement."
En 2005, l'État avait bien tenté d'élever le sujet au rang de grande cause nationale. Mais cette première prise de conscience n'a pas réellement été suivie d'effet. Philippe Poncet, et les malades, déplorent ce décalage entre la diffusion importante de la maladie, dès 6 ou 7 ans, et le peu de renommée dont elle bénéficie.
"C'est la 3e cause de décès au monde mais elle représente moins de 1% des montants de la recherche en Europe"
Philippe Poncet
"C'est la 3e cause de décès au monde mais elle représente moins de 1 % des montants de la recherche en Europe, déplore Philippe Poncet. 80 % des généralistes ne savent pas ce qu'est la BPCO. Aujourd'hui, pour un malade lambda, il faut 8 à 10 mois avant qu'il ne soit traité, à moins de passer par les urgences." Aucun chercheur ne travaille réellement sur cette maladie, qui touche 5 mlllions de personnes, dénonce Philippe Poncet, quand 50 salariés s'occupent de la mucoviscidose, qui touche 9 000 patients en France, sous l'influence du Téléthon.
Dernier chiffre, terrible pour les malades : en plein Covid, alors que le virus s'attaquait justement au système respiratoire, Urgence BPCO a tenté d'alerter les 945 parlementaires français par une lettre en demandant, notamment, une protection supplémentaire, puis un accès rapide aux vaccins. "On n'a eu que huit retours", se désole Philippe Poncet...
Avec le soutien du Département du Gard - premier en la matière - Philippe Poncet s'élance donc ce mercredi à 9 heures d'Anduze, en espérant du monde au départ. À l'arrivée au Pont du Gard, ce sera plus difficile : "On sait quand on part, on ne sait pas vraiment quand on arrive", prévient l'athlète, qui est accompagné par la FFC (fédération française de cyclisme). Et craint, par dessus tout, cette fameuse montée de Cassagnoles...