Publié il y a 3 h - Mise à jour le 23.11.2024 - Gil Lorfèvre - 4 min  - vu 69 fois

BEZOUCE Chloé Ridel au chevet des agriculteurs gardois

chloé ridel agriculteurs gardois

Chloé Ridel au côté de Christophe Aguilar (d) répondant aux questions des responsables agricoles gardois

- Photo Gil Lorfèvre

La députée socialiste européenne était présente aujourd’hui à Bezouce et à Marguerittes pour rencontrer les responsables viticoles et plus largement les acteurs de la filière agricole gardoise.

Après être passée, entre autres, par le Lot, l’Aude et l’Hérault, Chloé Ridel a fait une halte ce matin dans le Gard, département de cœur pour celle qui a effectué une partie de ses études au lycée Daudet à Nîmes et dont la famille habite Lédenon. C’est dans ce cadre que la députée européenne et porte-parole du parti socialiste, invitée par la Fédération gardoise des vins IGP, a rencontré plusieurs responsables agricoles gardois au premier rang desquels Christophe Aguilar, le président des vins IGP Pont du Gard et propriétaire du domaine de la Patience à Bezouce où a débuté la visite ponctuée de nombreux échanges qui se sont faits l’écho d’une situation économique et sociale difficile dont les perspectives ne sont guère encourageantes. « On constate depuis plusieurs années maintenant une diminution importante de la consommation de vin rouge, explique Christophe Aguilar en présentant son chai. Tous les ans, mes ventes diminuent de 8 % en moyenne. Et le plus inquiétant c’est que cette perte n’est pas compensée par la vente des vins blancs ou rosés. » En effet, selon les dernières études concernant la consommation d’alcool en France, le vin est passé sous la courbe de la bière. « Et il va être très difficile d’inverser la tendance ! »

« Arrêtons de surtransposer les règles européennes ! »

Malgré le plan d’arrachage mise en place par la commission européenne qui concerne près de 4 000 hectares dans le Gard, la situation reste tendue, et cela, d’autant plus que l’Europe « n’est pas favorable » à l’obtention des autorisations de replantation correspondantes aux surfaces en vignes arrachées. Directive à laquelle s’ajoute l’impossibilité également de bénéficier d’autorisations de plantation nouvelles pour les six prochaines campagnes viticoles. « On se demande si Bruxelles a encore envie qu’on produise du vin en France », interroge un vigneron. « La réponse est oui, assure la députée socialiste. Mais il faut désormais qu’on travaille sur de nouveaux débouchés pour la viticulture française. »

Parmi les autres pierres d’achoppement, les responsables agricoles gardois ont mis en avant les distorsions en matière d’utilisation de substances actives avec des mesures environnementales qui ne sont pas les mêmes pour tous les pays de l’Union européenne, à commencer par l’Espagne et l’Italie qui utilisent des pesticides pour leurs productions agricoles alors que dans le même temps « la France les interdit... comment voulez-vous qu’on rivalise en termes de concurrence ? ». Par conséquent, les agriculteurs gardois demandent que « des initiatives soient mises en place afin de permettre une rentabilité de nos productions et que la loi soit la même pour tous ». Pour sa part, Chloé Ridel considère qu’« il est important de changer de pratiques, mais il faut aussi que la France arrête de surtransposer les règles européennes ».

L’écologie au détriment de l’économie ?

Autre souci lié à l’environnement : la compensation écologique. « Aujourd’hui, à cause des mesures compensatoires, on se retrouve avec plus de 500 hectares de terres viticoles inaccessibles dans le Gard, notamment en Costières. Autrement dit, on perd de la superficie de production. » Ce qui a pour effet, en périphérie de Nîmes entre autres, d’augmenter massivement le prix de vente à l’hectare agricole. « Il y a, en effet, un problème de répartition des terres autour de Nîmes », admet la députée européenne sans vraiment proposer de solutions. « À cela s’ajoutent les zones sur lesquelles on ne peut rien produire, car elles servent à protéger l’outarde canepetière ou encore le lézard ocellé... tout cela commence à faire beaucoup en matière d’écologie », s’agace Jean-Louis Portal, secrétaire général de la chambre d’agriculture du Gard qui souligne tout de même que les agriculteurs font depuis de très nombreuses années des efforts en matière d’environnement. « Si l’écologie doit se faire au détriment de l’économie, ce n’est pas une bonne chose », insiste David Sève, le président de la FDSEA du Gard.

Et en matière d’économie, les agriculteurs gardois n’ont pas manqué d’évoquer le choix du traité de libre-échange avec le Mercosur expliquant qu’ils sont solidaires notamment des éleveurs, même si certains vignerons admettent qu’il y a là peut-être une opportunité d’ouverture de nouveaux marchés. Toutefois, les acteurs de la filière agricole départementale considèrent que cet accord est « une menace de plus pour les producteurs français déjà affectés par des conditions climatiques défavorables, de faibles récoltes et des coûts d'intrants élevés ». Face à ces craintes, Chloé Ridel se veut réaliste – voire pessimiste ! - soulignant que « même si cet accord n’est pas satisfaisant, la France est isolée en Europe. C’est le seul pays qui s’oppose à ce traité, et cela n’est pas suffisant pour créer une minorité de blocage, surtout face à des Espagnols et des Allemands qui poussent pour qu’un accord soit signé ! » Reste à espérer que le vote de l’assemblée qui doit intervenir dans les prochains jours soit entendu par Bruxelles !

La visite s’est ensuite poursuivie à la cave coopérative de Marguerittes avant de se terminer en début d’après-midi par une réunion en présence des responsables agricoles gardois. « Je suis venue ici pour les écouter dans le but de revenir à Bruxelles avec leurs revendications », précise la députée qui rappelle qu’au Parlement européen le groupe socialiste est l’un « des plus important et des plus influent ».

Gil Lorfèvre

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