CHUSCLAN Le village rend hommage à son ancien maire Louis Chinieu, brusquement disparu
Nous sommes le 22 avril 2020. La France est confinée, mais Louis Chinieu, 69 ans, hyperactif maire de Chusclan depuis 2001 est dehors, plus précisément dans son fidèle Peugeot Partner. Et là, « le ciel nous tombe sur la tête », rejoue, très ému, son premier-adjoint et surtout ami Bernard Charmasson.
« Louis a fait un arrêt cardiaque au volant, son téléphone à la main », poursuit-il dans un souffle, l’émotion intacte malgré l’année et demie passée depuis ce tragique jour de printemps qui a vu une figure du Gard rhodanien partir brusquement. Partir de plus dans une période compliquée, ne permettant pas à son village de toujours, où il était élu depuis 1977, de lui rendre hommage. Alors après de multiples reports toujours à cause de ce satané virus, Chusclan a enfin réussi à honorer la mémoire de Louis Chinieu vendredi soir, avec une belle cérémonie qui a vu une bonne partie du village de 900 et quelques âmes venir saluer « Loulou » sur fond de Coupo Santo.
Louis Chinieu est avant tout un Chusclanais, bien que né à Villeneuve le 11 août 1951. Ce passionné de foot, « malgré sa petite taille sa technique et sa vision du jeu en faisaient un élément indispensable de notre équipe », rappelle Bernard Charmasson, doit reprendre l’exploitation familiale à 17 ans à peine, lorsque son père décède. Il va s’y consacrer et se montrer précurseur, en cultivant, outre la vigne, des kiwis, des cerises et des asperges.
Son temps libre, il le passe alors à son autre passion, le foot. Soit en y jouant dans son village, soit en supportant l’AS Saint-Étienne, qu’il est allée encourager jusqu’à Glasgow pour la finale de coupe d’Europe de 1976, perdue à cause des fameux poteaux carrés. Louis Chinieu a deux filles, Carole et Fanny, et à 25 ans il rentre en politique. Il n’en sortira jamais : jamais défait lors d’une élection, il sera successivement conseiller municipal, adjoint puis maire de 2001 jusqu’à sa mort.
« Il était l’exemple même de l’élu passionné, investi »
Un maire bâtisseur : dans son bilan, on retient notamment la réhabilitation des locaux du stade, le pavage des rues, l’extension du cimetière, un lotissement mais aussi et peut-être surtout un pôle santé et une salle des fêtes, qui portera désormais son nom. « Il était profondément attaché à Chusclan et a voué sa vie à son village », soulignera son successeur Pascal Peyrière avant de saluer un homme « d’une grande simplicité, ouvert et bienveillant, il avait de l’empathie pour les élus, les agents, les collègues. »
Louis Chinieu ne comptait pas ses heures, et « rien ne lui était plus insupportable que d’être dans un plein repos, sans son téléphone », note son successeur. Toujours sur la brèche, pour sa commune, l’Agglo du Gard rhodanien, ou le syndicat Territoire d’énergies du Gard, « Loulou » était connu pour ses retards chroniques et son franc-parler, « sans gants ni protocole », note le député Anthony Cellier. « Il aimait rentrer dans la mêlée, toujours avec force et respect », estimera pour sa part le président de l’Agglo Jean-Christian Rey dans un message lu par son vice-président Sébastien Bayart.
Tous saluent son énergie et son engagement pour sa commune, comme la conseillère régionale Claire Lapeyronie, pour qui « il était l’exemple même de l’élu passionné, investi, sans cesse en quête de projets pour sa commune. » « Un maire de terrain, tout-terrain, pas un mètre carré du territoire ne lui échappait », dira Anthony Cellier. Un homme « toujours présent avec sa bonhommie, son humilité et sa tolérance », pour le conseiller départemental Alexandre Pissas, « qui avait toujours une attention pour le personnel, tout le monde l’appréciait », note le président de Territoire d’énergies du Gard Roland Canayer. Y compris dans le monde du vin, où il était « coopérateur depuis son plus jeune âge, porte-drapeau du monde viticole », rappellera le vice-président de Maison Sinnae Grégory Brunel.
Voilà, brossé à gros traits par ceux qui l’ont bien connu, le portrait de Louis Chinieu. « Il aurait sans doute aimé que cette cérémonie soit plus simple, mais nous devions lui rendre un hommage à la hauteur de ce qu’il a donné », affirmera ensuite Pascal Peyrière pour évoquer la légendaire modestie de son prédécesseur, dont la trace à Chusclan est désormais ponctuée d’une plaque donnant son nom à la salle multiculturelle.
Après avoir remercié les participants, la compagne de Louis Chinieu, Catherine, se dira « certaine que ce lieu continuera de véhiculer les valeurs citoyennes et humaines qui étaient les siennes, et continuera d’être un lieu de rencontres, ouvert et chaleureux. » C’est bien la moindre des choses.
Thierry ALLARD