CONSEIL GÉNÉRAL Présidence : Manuel Valls rappelle à la raison le frondeur Pissas
Rien va plus à la veille de l'élection du Département… La Majorité départementale s'était peut-être un peu trop avancée en comptant sur le soutien de l'ex-socialiste Pissas pour l'élection de demain. Retour sur un début de semaine mouvementé...
L'homme du jour s'appelle Alexandre Pissas. Convoité aussi bien par la gauche que par la droite, l'ex-socialiste chassé du parti pour avoir brigué sa propre succession à Bagnols, a fait monter les enchères. Voici comment il s'y est pris :
LUNDI
Alexandre Pissas est reçu dans le bureau de Jean Denat, qui vit ses dernières heures de président de la collectivité. Avec lui, le premier vice-président et successeur désigné à la présidence Denis Bouad. L'enjeu est de taille pour la majorité départementale : avec sa voix, Pissas peut faire basculer le scrutin puisque le camp pour lequel il votera l'emportera. Evidemment, l'animal politique chevronné l'a bien compris et maintient alors le suspense : "je suis dans une position favorable (...) pour l'instant rien n'est décidé".
Pour le convaincre, le tandem Denat/Bouad fait une offre : une vice-présidence et sa reconduction à la tête du SDIS. Le maximum que puisse a priori lui offrir son ex-famille politique, puisque l'ex-sénatrice Françoise Laurent-Périgot est destinée à devenir première vice-présidente, dans un souci de parité.
Seulement ce ne sont que des mots et visiblement, Alexandre Pissas, échaudé par son exclusion, reste méfiant. D'autant que selon nos sources, aucun écrit ne lui a garanti les engagements des ténors socialistes.
MARDI
Pendant ce temps, la droite pas certaine de l'emporter - puisque minoritaire - cherche un moyen de faire basculer l'élection. Ne voulant pas compter sur les voix des nouveaux élus FN, elle n'a d'autres choix que de convaincre un élu de gauche. Et Pissas, récemment exclu du PS, a le profil idéal. Il pourrait réconcilier l'UMP et l'UDI, puisque les centristes menacent de se désolidariser du Bon Sens Gardois si Laurent Burgoa compte être élu avec les voix du Front National.
Ce que ne savent pas l'UMP et l'UDI, c'est qu'au même moment Alexandre Pissas est en train de plébisciter avec ses camarades socialistes la candidature de Denis Bouad pour la présidence du Département.
MERCREDI
Après une réunion du Bon Sens Gardois, décision est prise de tout faire pour rallier Alexandre Pissas dans le camp de cette droite "républicaine". Ils lui font donc l'alléchante proposition de la présidence du conseil général. Laurent Burgoa serait alors premier vice-président. Une offre en or pour Pissas.
Alors que la droite tente de se relever, la gauche, elle, crie victoire. Peut-être un peu vite. En effet, dans un communiqué, les trois formations politique de la gauche plurielle, dont Alexandre Pissas, apposent leurs signatures sur un document de soutien à Denis Bouad.
12 heures : coup de théâtre, la nouvelle tombe : Alexandre Pissas serait sur le point de succomber aux avances de la droite, après un déjeuner avec Laurent Burgoa. Réunion de crise à gauche autour de Denis Bouad : il faut ramener le soldat Pissas à la raison et empêcher, pourquoi pas, une autre binôme de gauche de quitter le navire.
13 heures : Jean Denat joue le tout pour le tout en appelant à la rescousse son ami Manuel Valls. Le Premier ministre prend son téléphone et négocie en direct avec le frondeur. A cette occasion, il lui offre les garanties que Pissas attendait. Selon nos informations, Alexandre Pissas serait revenu vers le groupe PS à l'assemblée départementale avec ses exigences : la première vice-présidence, la présidence d'Habitat du Gard, celle du SDIS, la représentation du département au CA du CHU de Nîmes, une mission interministérielle auprès du ministre de l'Intérieur au sujet des pompiers, et ses exigences auraient été acceptées.
Maintenant : Pissas va-t-il entrer dans le rang ou faire un bras d'honneur au Parti Socialiste ? Verdict demain.
Tony Duret et Coralie Mollaret (avec TA)