DÉPARTEMENTALES La Grand-Combe : le RN à l'assaut d'un bastion communiste
Avant le dépôt officiel de ses candidatures aux élections départementales la semaine prochaine, le Rassemblement national a réalisé un marathon de présentations de candidats en cette fin de semaine. Deux novices de la politique sont envoyés à la conquête du canton de La Grand-Combe.
Alors que l'échéance départementale arrive à grands pas (20 et 27 juin prochains), le Rassemblement national s'est mis en ordre de marche en cette fin de semaine, moins de deux mois avant le premier tour. Quelques heures après avoir présenté ses candidats sur les cantons d'Alès 1, 2 et 3 (respectivement Aurélie Wagner et Christophe Clot, Francis Bassier et Martine Le Bourdiec, Bruno Guisset et Christiane Richard), le RN avait donné rendez-vous à la presse devant la grande église de La Grand-Combe.
Et si Jean-Michel Martin et Marie-Ange Jardin étaient des inconnus sur l'échiquier politique local, il apparaît bien peu aisé d'échafauder leur portrait respectif à l'issue de cette rencontre tant le tandem s'est montré peu loquace à l'heure des présentations. Tout juste sait-on que le premier nommé a 71 ans, est arrivé dans le Gard "il y a une dizaine d'années en provenance de Paris" où il a dirigé une société de conseil, et a "des attaches à Mialet et Anduze" par le biais de son épouse. Son binôme, une "jeune retraitée" de la coiffure, a 66 ans et réside à Nîmes.
Des présentations succinctes
Si Jean-Michel Martin a rejoint les rangs du Rassemblement national il y a trois ans après avoir été "un membre actif chez Les Républicains", c'est parce qu'il y a trouvé "un fonctionnement différent", avec "plus d'écoute et de convivialité" lors des réunions du parti. Un changement de cap que le septuagénaire justifie par "le manque d'inventivité et de combativité" de la Droite à laquelle il était resté fidèle pendant près de trente ans.
Animée d'un sentiment "patriotique", Marie-Ange Jardin "fait partie depuis très longtemps du Front national devenu RN." Une formation d'extrême-droite qu'elle a décidé de rejoindre car elle voit "depuis bien trop d'années la France s'appauvrir" et que le parti à la flamme apparaît à ses yeux comme "le seul" en mesure d'y remédier.
On en saura guère plus au sujet de ces deux novices de la politique locale qui avaient fait le déplacement à La Grand-Combe sous bonne escorte, Nicolas Meizonnet, conseiller départemental du canton de Vauvert, Julien Sanchez, maire de Beaucaire, et Yoann Gillet, directeur de campagne départemental du RN, étant à leurs côtés. Un trio qui s'est mué en porte-voix du duo en rappelant le contexte dans lequel interviennent ces élections départementales, six ans après que le RN ait glané "42% des voix" pour l'obtention de seulement deux cantons sur 23 "à cause du mode de scrutin."
"Voter LR au premier tour, c'est prendre le risque de faire passer la Gauche ensuite"
En envisageant le gain d'"au moins douze cantons" en juin prochain, Nicolas Meizonnet entend "tourner la page de cette majorité de Gauche qui sévit au Département depuis 150 ans." Celui qui est aussi député n'a pas manqué d'égratigner "la Droite la plus bête du monde qui a refusé à deux reprises (2015 et 2020) une main tendue." Et d'enfoncer : "Il faut que les électeurs comprennent que voter LR au premier tour, c'est prendre le risque de faire passer la Gauche ensuite."
Après six ans d’une opposition qualifiée de "raisonnable et constructive" par l’élu départemental, le RN ambitionne de gagner le département pour "multiplier par deux le budget d'investissement", mener "une politique sociale plus juste pour venir en aide aux Gardois les plus démunis et qui le méritent vraiment", ou encore renforcer la sécurité dans les collèges et à leurs abords. La "fraude sociale" était aussi dans le viseur de Nicolas Meizonnet qui considère que "trop de dossiers ne sont pas suffisamment contrôlés" car les agents ne vont "pas assez sur le terrain." Un constat échafaudé exemple à l'appui avec celui de l'Hérault, "un département qui a su économiser 11 millions d'euros sur la fraude en 2019."
Une visite de courtoisie
Si Julien Sanchez en a ras-le-bol de voir le Département "entretenir l'assistanat" au détriment de "la création d'emplois", le maire de Beaucaire souligne lui aussi le "manque d'ambition" de la Gauche qui "n'investit pas assez." Yoann Gillet promet quant à lui l'exercice d'un mandat de "proximité" afin que les Gardois puissent croiser plus fréquemment leurs conseillers départementaux. Le directeur de campagne départemental du RN a alors remis le binôme "Martin-Jardin" au centre des débats en assurant que ces derniers seraient "bien plus souvent sur le terrain que ne l'est M. Malavieille" s'ils venaient à être élus.
Le moment que l'indéboulonnable édile grand-combien - dont les oreilles ont dû siffler - a choisi pour rendre une visite de courtoisie à ses opposants. Car s'il a annoncé qu'il n'irait pas au bout de son quatrième mandat de maire, passant le flambeau en cours d'exercice, Patrick Malavieille entend bien conserver le canton de La Grand-Combe sur lequel il règne en maître avec son binôme Isabelle Fardoux-Jouve. Fair-play jusqu'à souhaiter "bonne chance" à ses futurs adversaires, l'élu communiste s'est aussi amusé de leur méconnaissance du territoire en offrant ses services de "guide" pour une future visite de la cité grand-combienne.
Corentin Migoule
Un communiste à qui on a crevé les pneus. Sous un soleil de plomb, la conférence de presse menée par le RN sur le parvis de l'église de La Grand-Combe s'est déroulée dans une ambiance guillerette, surtout lorsque s'est invité Patrick Malavieille. Pour illustrer les convergences communes aux deux partis des extrêmes, Nicolas Meizonnet y est allé de sa boutade : "Vous savez ce qu'est un électeur du Rassemblement national ? Un communiste à qui on a crevé les pneus !" Et d'ajouter, hilare : "Mais s'il y a une vague de crevage de pneus à La Grand-Combe, ce n'est pas nous !" Ce à quoi le premier magistrat a répondu : "Tiens c'est marrant, je me suis déjà fait crever les pneus."