ÉDITORIAL Ciotti le pestiféré, Mélenchon comme si de rien n'était
La décision du chef de l'État n'a pas fini de faire couler de l'encre en France.
La journée d'hier a été le théâtre d'un nouveau rebondissement digne des meilleures séries télévisées consacrées à la politique. Les Républicains se souviendront longtemps de ce coup fourré de leur président Éric Ciotti. Tout seul comme un grand, le député des Alpes-Maritimes a décidé de s'associer, dans le cadre des législatives à venir, avec l'épouvantail RN. Sur quel accord programmatique ? En ayant négocié combien de circonscriptions ? Personne ne le sait sauf le principal intéressé, Jordan Bardella, le président du RN et Marine Le Pen. À Droite, tout le monde est tombé à la renverse. Non pas de cet accord, mais du fait qu'il n'y ait pas eu de discussion avant. D'ailleurs, le communiqué des LR gardois ne demande pas la démission du nouveau traître. En tout cas pas explicitement. Ceci étant, hier soir, lors du bureau politique local, il a été décidé de présenter partout des candidats estampillés LR dans le Gard. Qui ? Il reste encore quelques négociations en cours, mais trois ou quatre circonscriptions sont déjà fixées selon nos informations. C'est le national qui entérinera tout cela jeudi soir prochain. Avant, l'exécutif des Républicains devra voter l'exclusion d'Éric Ciotti puisqu'il refuse de démissionner. Pas aussi simple, les statuts ne prévoient pas forcément de séparation automatique pour trahison. Les juristes au sein du parti sont en train de mouliner pour trouver la combine. Après s'être débarrassé du pestiféré, il faudra de toute façon clarifier les positions. Pour ceux qui restent. Faire cavalier seul, même avec les meilleures intentions, ne conduit pas à la victoire. Ils ont déjà essayé. L'association est donc inéluctable. A minima avec Édouard Philippe, le maire du Havre et patron d'Horizons. Ce dernier vient d'appeler les Républicains orphelins de leur chef à le rejoindre. Il y a là, en effet, meilleure composition à imaginer. Car avec le RN, même si sur le régalien il y a des points de convergence avec la Droite, sur l'économie, ce sont deux mondes qui s'affrontent. Comment un homme politique jusque-là droit dans ses bottes comme Éric Ciotti peut-il avoir fait table rase de ses convictions pour quelques miettes ? De l'autre côté, la Gauche semble en meilleure posture. Pourquoi ? Parce qu'elle fait le choix de se mettre une épingle à linge sur le nez et d'accepter de faire comme si La France Insoumise ne faisait pas partie de l'union. Personne ne demande pourtant la démission d'Olivier Faure au PS ou de Fabien Roussel au PCF ? Ce n'est pas la même chose, diront certains. D'autres, au contraire, pensent que Mélenchon et ses copains sont déjà allés beaucoup trop loin pour accepter quoi que ce soit. Drôle d'époque...