L'attentat pâtissier contre le député gardois associé à l'extrême-droite Alexandre Allegret-Pilot peut déplaire. Bien entendu, il s'agit là d'un moment compliqué à passer. Et un peu honteux. Recevoir de la farine devant un parterre de monde en pleine foire cévenole, il y a mieux. Mais franchement, est-ce que tout cela mérite bien plus ? Les gendarmes ont fait leur travail. Ils ont interpellé l'auteur présumé, mis en garde à vue et probablement passé un sérieux savon. C'est largement suffisant. D'autant que le député Ciottiste n'a pas semblé aussi choqué que cela, on le voit sur la vidéo diffusée hier par notre rédaction, il a même le sourire. Un sourire gêné certes, mais il a gardé une forme de dignité. En tout état de cause, il devrait se réjouir. Il entre désormais dans le palmarès de l'entartage ou du farinage rendus célèbres par le belge Noël Godin il y a de nombreuses années. Des acteurs politiques de premier plan en avaient fait les frais. Jean-Pierre Chevènement, alors candidat à la présidentielle de 2002, l'ancien président Nicolas Sarkozy. En 2012, c'était le candidat François Hollande qui était enfariné. En 2017, même Emmanuel Macron avait reçu un œuf au salon de l'agriculture. Oserions-nous dire qu'il s'agit là presque d'une tradition française ? Tout cela a tout de même une dimension politique : la revanche du faible qui humilie le fort, le moyen pour le peuple d'exprimer son mécontentement, comme l'indiquait l'anthropologue Arnold Van Gennep dans son Manuel de Folklore. Au Vigan, hier dimanche, lors de la foire en l'honneur des paysans gardois, probablement que les manifestants n'avaient pas du tout envie de rire. Mais d'exprimer au nom des agriculteurs leur détresse, loin du cirque politique... En rappelant aux parlementaires parisiens qui ne connaissent pas grand-chose à la réalité de nos terres !