ÉDITORIAL Quand le candidat RN Alexandre Allegret-Pilot appelle Catherine Daufès-Roux...
Il n'a pas hésité à prendre son téléphone pour demander quelques explications à Catherine Daufès-Roux. Il n'aurait pas dû la déranger. Elle lui a dit le reste.
Catherine Daufès-Roux, la candidate Ensemble pour la République éliminée dimanche dernier, a pris ses responsabilités. Même si elle ne porte pas dans son cœur La France Insoumise et, encore moins le député sortant Michel Sala qui l'avait battu il y a deux ans, elle a décidé de voter pour le Nouveau Front populaire au deuxième tour afin de battre le Rassemblement national. Plus précisément, pour éviter que le RN soit majoritaire à l'Assemblée nationale. Un choix qui diffère avec celui qu'elle avait fait deux ans plus tôt en appelant à voter blanc. Elle n'est pas la seule dans ce cas. Des candidats qui auraient pu se maintenir au second tour ont aussi fait le choix de se retirer pour laisser le moins de chances possibles à l'extrême-droite. Cette volonté est-elle contestable ? On entend, ces derniers jours, les fervents supporters du RN crier au scandale. Jusqu'à dénoncer un déni de démocratie. Factuellement, c'est faux. Puisque jusqu'à preuve du contraire, dimanche prochain, il y aura bien un candidat estampillé Le Pen dans les possibilités de vote pour les électeurs. On peut comprendre la frustration des Lepénistes comme celle du candidat LR-RN qui vient de débarquer dans la cinquième circonscription du Gard. Dans cet entre-deux-tours, celui qui se retrouvera face à Michel Sala n'a pas hésité à prendre son téléphone pour demander quelques explications à Catherine Daufès-Roux. Il n'aurait pas dû la déranger. Elle lui a dit le reste. Cette audace, ce culot vient se fracasser sur une réalité implacable : son parti politique n'est pas comme les autres. Il est enraciné, malgré la nouvelle devanture plus propre, dans une histoire française pas très heureuse. Il est aussi empreint d'un mouvement plus européen qui accompagne les nationalistes au pouvoir. Mais cette droite extrême est-elle en phase avec la France de 2024 ? Faut-il rappeler, d'ailleurs, qu'ils ne sont pas encore majoritaires dans le pays ? Dimanche dernier, ils ont réalisé environ 30 % des voix. Avec Éric Ciotti et ses quelques candidats, on monte à 34 %. Deux tiers des Français donc ne souhaitent pas qu'ils gouvernent. Et ne veulent pas voir appliquer leur programme : ni sur le pouvoir d'achat, ni sur la sécurité, ni sur l'immigration. Encore moins sur leur projet de retraite sur lequel on ne sait plus trop qui travaillera moins et qui travaillera plus... Bien sûr, le mode de scrutin des Législatives pourrait leur donner une majorité relative ou absolue. Comme d'autres partis politiques avant eux, ils seront alors en mesure de s'emparer du pouvoir. Pour un certain temps. 12 mois minimum. Emmanuel Macron ayant l'opportunité de dissoudre l'Assemblée nationale une nouvelle fois, en mai prochain. Mais auront-ils le pouvoir dimanche ? L'appel d'Alexandre Allegret-Pilot à Daufès-Roux laisse planer le doute...