Publié il y a 9 mois - Mise à jour le 28.01.2024 - Lïana Delgado - 4 min  - vu 5615 fois

FAIT DU JOUR À 70 ans, Christian Panzani gagne encore sur le ring !

Christian Panzani, boxeur de 70 ans

Christian Panzani avec ses ceintures gagnée en novembre dernier.

- Lïana Delgado

Après une enfance tumultueuse, Christian Panzani découvre la boxe thaïlandaise. Autodidacte passionné, il s’est dévoué à sortir les jeunes gardois de la délinquance grâce à une pédagogie autour du sport de combat. À 70 ans, il continue de défier les boxeurs, et repart généralement avec la ceinture.

D’origine corse, Christian Panzani est arrivé en région parisienne à l’âge de six ans. Il a commencé à travailler très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille. “J’ai perdu mon père très tôt, donc j’ai dû faire face à pas mal de choses”, explique-t-il. À 11 ans, Christian commence à travailler dans de nombreux domaines. La vie à Paris n'était pas simple. “Nous avions l’accent corse donc on se moquait de nous, nous étions considérés comme des immigrés”, se rappelle-t-il. Très susceptible et impulsif, il utilisait souvent la violence pour faire face aux injustices. C’est par le biais de la boxe thaï, qu'il a appris à se canaliser. “J’avais 15 ans, un grand de ma cité m’a montré le Muay-thai. Ce sport m’a directement plu. C’était très physique, on s’éclatait”, raconte le septuagénaire avec le sourire.

Quelques années après, Christian remporte le titre de champion d’Europe en Italie par KO. Sans subventions et en manque de moyens, il dort dans la gare de Rome la veille de son combat ! Grâce à sa victoire, il est sélectionné pour combattre aux Championnats du Monde au Brésil, “mais je n’avais pas les moyens d’y aller donc je n’ai pas pu y participer”. Son professeur commençant à vieillir, il souhaite lui déléguer ses fonctions. Christian s’est donc formé et a ouvert un club de boxe en Île de France. “J’ai été l’un des précurseurs du Muay-thai avec Roger Paschy. Nous avons été à Jeunesse et Sport pour défendre notre sport car il était considéré comme barbare en France”, confie Christian. 

Une nouvelle vie à Nîmes

“Je suis arrivée dans le Sud quand j’avais 34 ans”, explique le professeur de boxe. Sa première épouse était fonctionnaire. Mutés à Nîmes, ils se sont installés en famille dans la cité des Antonin. Il a commencé à entraîner la jeunesse des quartiers nîmois. “J’avais la passion de la boxe, la passion de l’animation et de l’éducation”, se réjouit l’homme de 70 ans. Il reprend : “Je suis devenu entraîneur de boxe car j’ai toujours voulu enseigner les valeurs de ce sport de combat.” À 40 ans, il passe ses diplômes d’animateur : le Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) et le Brevet d’état français d’animateur technicien de l’éducation populaire et de la jeunesse (BEATEP) option animateur de quartier.

“Je me suis occupé des jeunes à Paris et à Nîmes sans même savoir qu’il fallait être qualifié, c’était inné chez moi. J’accrochais bien avec les jeunes, je faisais plein de trucs avec eux”, confie l’animateur. Il a travaillé en tant qu’éducateur dans la majorité des quartiers de Nîmes : “J’enseignais le sport, mais c’était une manière de travailler leur éducation.” La mayonnaise prend. De plus en plus de jeunes souhaitent participer à ses cours. “Les filles, les garçons, tout le monde venait. Cette jeunesse avait besoin de se canaliser et d’avoir des repères. J’étais très disponible pour eux. Quand les parents rencontraient des difficultés, ils m’appelaient et je m’en chargeais”.

Christian Panzani, cours de boxe
En plein cours de boxe à Garons avec Christian. • Lïana Delgado

Sans local pour pratiquer et enseigner la boxe thaïlandaise, Christian se rend à la mairie pour demander une salle. Après de nombreuses sollicitations, la municipalité lui octroie “une vieille salle insalubre” au Chemin-Bas-d’Avignon. Accompagné des jeunes, l’éducateur commence un chantier d’insertion pour réaménager la salle. En avril 2024, le local fêtera ses 30 ans. Sur le chantier, il rencontre Hassan Ramzi. “Je l’ai pris directement sous mon aile. Aujourd’hui c’est comme mon fils adoptif”, révèle le professeur de boxe. Après l’avoir formé, il lui a transmis la direction du club de boxe du Chemin-Bas-d’Avignon.

Une vie remplie de projets

Passionné par son travail, l’éducateur ne compte pas ses heures. En collaboration avec la Protection de la jeunesse judiciaire (PJJ), Christian met en place un module spécial qu’il nomme Défi. “Je travaillais avec les jeunes sur l'explosivité avec la boxe et sur le retour au calme grâce à la sophrologie. J’allais aussi à la prison du Pontet à Avignon pour donner des cours”, raconte-t-il. Grâce à ce projet, il obtient une médaille par la PJJ. Autodidacte, il a appris seul la sophrologie. Cette méthode permet aux participants de lâcher prise. En observant les bienfaits, le professeur de boxe a continué plus tard à utiliser cette pratique avec les jeunes en foyer.

Puis, pour la société Présence 30, il travaille en tant que responsable éducatif dans les quartiers nîmois pour les jeunes de 17 à 25 ans. “Pendant un mois, je suivais des jeunes. Je repartais de zéro avec eux. J’allais à la mission locale, j'essayais de leur trouver un projet professionnel. On en a sauvé beaucoup”, confie Christian. Il aimait aider, soutenir et valoriser. Son parcours personnel faisait écho aux personnes qu’il suivait. “J’avais comme un effet miroir. Personnellement, j’avais réussi à m’en sortir alors pourquoi pas eux. Je voulais leur tendre la main pour les tirer vers le haut”, soutient l’éducateur.

En manque de subventions

Son épouse est présidente de l’association les Jeunes de Garons. Au sein de la fondation, Christian a créé des animations dont un projet : les Raid Aventure. “Avec des jeunes de Garons et des jeunes issus des quartiers de Nîmes, nous partons dans les Cévennes pour faire du bivouac”. Entre convivialité et partage, des activités en plein air y sont organisées. À Garons, Christian propose des cours de boxe bénévolement, pour petits et grands. “Notre club est le moins cher. Nous demandons 170 € à l’année. Et cet argent sert à financer les Raids l’été”, informe l’homme de 70 ans. En effet, ce projet ne reçoit plus de subventions : “On nous félicite pour nos idées, mais on ne nous aide pas. Quand je demande à la mairie de Nîmes, on refuse car l’association est à Garons. Et quand je demande au maire de Garons, il décline car le projet concerne également des jeunes de Nîmes.”

Surnommé Babbu (papa en Corse) par ses proches, Christian a sept enfants, huit petits-enfants et deux arrières-petits-enfants. À 70 ans, il continue encore à boxer. Le 12 novembre dernier, il a combattu un italien de 40 ans à Milan. Malgré une déchirure musculaire, il a désiré combattre. “De base, je devais affronter un belge, mais il a vu des vidéos de moi et il a eu peur. Il ne s’est pas présenté sur le ring”, explique le boxeur. Christian Panzani a gagné son combat et remporté deux ceintures. “Une parce que j’ai gagné l’Italien, et l’autre car j’étais le plus vieux à avoir combattu. Je suis champion du monde vétéran”, se réjouit le septuagénaire. L’homme qui a consacré sa vie à aider les autres n’est visiblement pas prêt de raccrocher les gants.

Lïana Delgado

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