Publié il y a 6 h - Mise à jour le 13.02.2025 - Louise Gal - 3 min  - vu 198 fois

FAIT DU JOUR À "la kermesse agricole", les bergers salariés bien loin d'être à la fête

Manifestation du syndicat des gardiens de troupeaux -CGT

Les bergers salariés font entendre leur voix au moment de la remise des prix du concours de la foire agricole de Saint-Martin-de-Crau.

- Louise Gal

Des bergers, membres du syndicat des gardiens de troupeaux (SGT)-CGT, se sont réunis à la foire agricole de Saint-Martin-de-Crau ce mercredi 12 février pour réclamer de meilleures conditions de travail et le lancement des négociations pour l'obtention d'une convention collective spécifique aux gardiens de troupeaux. 

Plusieurs bergers du syndicat des gardiens de troupeaux (SGT)-CGT étaient réunis ce mercredi 12 février devant la foire agricole de la Saint-Valentin de Saint-Martin-de-Crau, pour dénoncer leurs conditions de travail et mettre la pression sur leurs employeurs afin d'obtenir des négociations. L'objectif : décrocher une convention collective spécifique aux gardiens de troupeaux. "On vient ici car c'est le coeur de l'emploi dans notre secteur", explique Ben, un berger Ariégois. "C'est une kermesse patronale de gens qui se congratulent pour avoir de belles brebis. Mais à aucun moment les salariés n'existent. Pourtant, ce sont eux qui font que leur système tourne", abonde avec énervement Jérémy, un autre berger Ariégois.

Heures impayées, logements insalubres, frais non remboursés

La date du rassemblement est également symbolique. "Une convention collective en agriculture a été mise en place il y a 4 ans, et on avait arraché le lancement de négociations sur la question spécifique des gardiens de troupeaux. Sauf qu'une réunion au niveau national devait avoir lieu aujourd'hui, et la FNSEA a annulé la partie sur les gardiens de troupeaux", explique Fabien Trujillo, représentant de la fédération nationale agroalimentaire et forestière de la CGT. Des conventions territoriales existent mais sont inégalitaires. "Beaucoup de bergers montent en estive dans les Alpes-de-Haute-Provence ou les Hautes-Alpes mais sont régis par la convention territoriale des Bouches-du-Rhône, qui est en dessous de celle de ces deux départements", souligne celui qui suit les négociations sur les gardiens de troupeaux.

Au niveau national, les bergers réclament la reconnaissance du nombre d'heures travaillées et une revalorisation de leurs salaires. "On a des contrats de travail entre 35 et 44 heures, mais aujourd'hui, quand tu fais une garde en estive tu vas faire 60 à 80 heures par semaine. Tu es 24h sur 24 avec les brebis là-haut", rappelle un berger. "L'immense majorité est payée au smic, donc ramené au taux horaire, on est sur la moitié du smic", ajoute une bergère, représentante du SGT-CGT dans les Bouches-du-Rhône. Ces salariés du monde agricole demandent également de meilleures conditions de logement, une prime d'équipement, ou encore le remboursement de leurs frais professionnels, comme les frais kilométriques, ou les frais vétérinaires et de nourriture pour les chiens qui gardent les troupeaux. "Certains ont des logements insalubres. L'an dernier, en estive, il y en a qui ont été intoxiqués avec l'eau qui alimente les cabanes", relate par exemple Fabien Trujillo. 

"Les ouvriers agricoles sont les réels exploités du monde agricole"

Pour Lison Geny, si les conditions de travail des bergers ont toujours été en marge de ce qui pouvait se pratiquer dans d'autres secteurs, le métier de berger a changé. "Il est de plus en plus rare que les gens qui possèdent les troupeaux les gardent. Il y a également le retour de la prédation et l'augmentation du tourisme en montagne. On emploie donc de plus en plus de bergers, à qui on demande de plus en plus de compétences et qu'on paye de moins en moins." Peu avant midi, les manifestants ont profité d'un rassemblement de visiteurs pour la remise des prix du 35e concours de la race Mérinos d'Arles pour faire entendre leur voix à l'intérieur de la foire. Des pancartes aux slogans faisant écho aux récentes manifestations des patrons d'exploitations agricoles ont été accrochées au-dessus de la scène : "Bergers en lutte pour leur dignité", "Notre travail aussi a un prix ! Salarié.e.s exploitée.e.s !". 

"Aujourd'hui, dans les luttes agricoles, on entend beaucoup parler des syndicats FNSEA, Confédération paysanne ou Coordination rurale, mais ce ne sont que des syndicats patronaux, rappelle ainsi Josianne, membre du SGT-CGT. On parle de la guerre qui existe à l'intérieur du patronat, sans jamais faire exister les ouvriers agricoles qui sont aussi nombreux, voire plus nombreux que les patrons, et qui sont les réels exploités du monde agricole." Les membres du syndicat s'étaient déjà rassemblés lors de la 42e édition de la foire agricole de Saint-Martin-de-Crau pour faire entendre leur voix.

Louise Gal

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