Publié il y a 3 h - Mise à jour le 01.11.2024 - Louis Valat et Sacha Virga - 3 min  - vu 148 fois

FAIT DU JOUR Comment faire le deuil de son animal de compagnie ?

Illustration/DR

En ce jour de Toussaint, dédié au recueillement, de nombreuses familles se voient privées d’un lieu pour honorer la mémoire de leurs compagnons disparus. Depuis 2016, la loi interdit d’enterrer son animal chez soi, imposant des alternatives coûteuses ou impersonnelles. Un changement qui, pour certains Gardois, rend le recueillement plus difficile encore.

Il repose aujourd’hui sous quelques oliviers, au creux d’un coin de jardin. Filou, grand chat roux au regard coquin, s’en est allé en 2015. Ses propriétaires l’avaient adopté une dizaine d'années plus tôt et n’avaient pas imaginé autre chose que de lui offrir ici son dernier repos. Entre les plantes qui avaient bercé ses siestes, du côté de Montfaucon, dans le Gard. Une scène, intime, autrefois ordinaire, à laquelle bon nombre de familles endeuillées par la perte d’un compagnon à quatre pattes ont déjà participé.

Mais si ce type d’inhumation était courant, il est désormais interdit depuis le 1er janvier 2016. Et pour cause, une nouvelle réglementation imposée par l’abrogation de l’article L226-4 du Code rural et de la pêche maritime interdit formellement toute sépulture animale sur les propriétés privées. La loi est stricte : « Les cadavres ou parties de cadavres d’animaux doivent être enlevés dans un délai de deux jours francs après réception de la déclaration du propriétaire ou du détenteur. »

Ainsi, en 2019, lorsque Thibaut, habitant de Roquemaure, a tristement perdu Goliath, son imposant mastiff, d'une terrible maladie, l’idée de lui offrir un dernier repos à la maison était impossible. « Avec cette loi, mais vu son poids aussi je l'avoue, nous n'avions d’autre choix que de le conduire chez le vétérinaire pour une incinération, confie-t-il. Ça laisse un souvenir amer, l’odeur dans la voiture... ». Quelques solutions d’inhumation existent pour les familles qui en font le choix, mais elles sont rares.

Le département du Gard ne compte qu’un cimetière animalier, à Monteils, près d’Alès. Pourtant, lors de notre passage ce jeudi 31 octobre, le site semblait à l’abandon : portail cadenassé à double tour, aucun contact disponible. La dernière visite d’Objectif Gard remonte à douze ans (relire ici). Un manque d’information, si tant est qu’il reste encore des traces de vie ici, associé à l’aspect négligé des lieux, qui rend l’accès au recueillement d’autant plus ardu pour les Gardois à la recherche d'un espace paisible pour honorer la mémoire de leurs compagnons disparus.

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Le rôle difficile des vétérinaires

Docteurs des animaux, les vétérinaires ont la lourde tâche comme les médecins avec les humains, d'annoncer les mauvaises nouvelles aux familles. Un moment très souvent redouté, tant ces petites bêtes à quatre pattes font partie de notre quotidien, comme un membre de famille à part entière. Le deuil prend plus ou moins de temps selon les affects de chacun, ou du lien tissé avec l'animal au cours des années. 

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Le cabinet du vétérinaire Alborghetti, basé à Saint-Christol-lez-Alès, témoigne de ces moments difficiles à vivre. « Annoncer à une famille que son animal est décédé n'est pas évident. Cela est peut-être un peu mieux lorsqu'on a gardé l'animal pendant quelques temps », explique Kelly, son assistante. Trouver les bons mots n'est pas facile, alors il vaut mieux dire la vérité : « Quand un animal est malade, on explique à la famille les solutions qu'il peut y avoir. On est ouvert à la discussion, si c'est opérable on leur propose, mais on leur déconseille de faire de la chimiothérapie à leur animal, très cher et moins efficace que sur l'homme », ajoute-t-elle. 

Lorsque l'animal souffre trop, les propriétaires seraient plutôt d'accord pour laisser partir leur être cher en les endormant, pour qu'ils ne sentent rien. À son décès, il peut être confié à un vétérinaire pour qu'il se charge de l'incinérer. Notons que « jeter la dépouille d'un animal dans une poubelle, un égout ou tout autre lieu est interdit et peut être puni d'une amende de 3 750 € ».

Le docteur Alborghetti travaille en collaboration avec "Services pour animaux domestiques" (S.A.D) à Montpellier, et procède à environ 120 incinérations par an. « Pour un chat sans récupérer les cendres, cela coûte 55 euros, cinq de plus pour un chien », dévoile Kelly. Avec les cendres, la somme peut grimper jusqu'à 150 euros au maximum.

Louis Valat et Sacha Virga

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