FAIT DU JOUR En Cévennes, les voies vertes continuent de tracer la carte d'un nouveau tourisme
Avec 23 kilomètres ajoutés au réseau en 2024, le Département du Gard compte 193 kilomètres de voies vertes. Des pistes situées principalement dans les Cévennes ou sur le Piémont, pour répondre aux attentes d'un tourisme rural et moins pressé que sur le littoral. Après avoir achevé Anduze-Cardet ou Quissac-Lézan, le Département devrait porter majoritairement son attention sur le sud du Gard pour les 28 kilomètres attendus en 2025. Mais il en promet d'autres dans les Cévennes.
"On a multiplié le nombre de kilomètres par dix en dix ans." Vice-président du conseil départemental en charge de l'aménagement du territoire, Olivier Gaillard illustre l'accélération du développement des voies vertes dans le département, majoritairement implantées sur les anciennes voies de chemin de fer de lignes désaffectées. Maire de Sauve, il est lui-même sur l'ancienne liaison ferroviaire Nîmes - Le Vigan, la première qui reçut une voie verte, à partir de 2004, entre Caveirac et Sommières. Le parcours a avancé mais comporte de longs kilomètres de lacune.
"Notre objectif est bien d'augmenter le linéaire des voies vertes sur l'ensemble du département, poursuit Olivier Gaillard. On y met près de 7 millions d'euros par an." Sept millions, en 2024, pour 23 kilomètres supplémentaires, à commencer par la liaison Anduze-Cardet, utilisée par les usagers bien avant la pose de l'enrobé ; la portion Quissac-Lézan qui aura nécessité la construction d'un ouvrage d'art au-dessus du Crieulon ; ou encore, l'avancement de la voie verte de la Régordane.
En 2025, c'est plutôt le sud du département qui recevra de nouveaux kilomètres de linéaire, avec, enfin, l'accès à Caveirac par Nîmes (dont les travaux vont bientôt commencer), le tronçon entre Saint-Gilles et Gallician, ou encore celui entre Bellegarde et Saint-Gilles, en partenariat avec la communauté de communes Beaucaire - Terre d'Argence.
"On ne va pas mettre des millions d'euros sur une voirie qui n'appartient pas au Département !"
Olivier Gaillard, vice-président du Département en charge de l'aménagement du territoire
Sur les Cévennes, les projets à plus long terme ne manquent pas. Cependant, le Département du Gard fait face à une nouvelle complication, qui pourrait retarder les réalisations : "Notre souci, explique Olivier Gaillard, c'est la remise en question de la vente de foncier par la SNCF. Ils voudraient qu'on puisse travailler par convention. Mais on ne va pas mettre des millions d'euros sur une voirie qui n'appartient pas au Département !" La voie verte de l'Auzonnet, par exemple, "fait actuellement l'objet d'une remise en question du transfert de propriété".
Le conseil départemental continue néanmoins de lister ses projets, en attendant de résoudre ce désaccord technique. La portion Anduze-Cardet achevée, celle-ci s'arrête à la traversée de la départementale, en sortie du village. L'intention est de poursuivre la voie jusqu'à Alès. Un étude doit être menée pour identifier un itinéraire en sitre propre ou voie partagée, via Vézénobres.
Dans le sens est-ouest, si 3,7 kilomètres ont été faits entre Arre et Molières-Cavaillac et que le tracé est continu entre Sumène et Quissac (soit 26,2 kms), il manque toute l'entrée du département côté Aveyron et la portion Molières-Sumène pour que le Gard remplisse la mission qui lui incombait de compléter la V85 du Schéma national des voies vertes, qui vise à relier Montauban à Quissac. Entre Alzon et Arre, en l'absence de maîtrise du foncier, aucune étude n'est encore programmée. En revanche, le dossier des 15,2 kms entre Molières-Cavaillac et Sumène, via La Vigan, avance : les études techniques sont en cours et un arrêté d'autorisation de travaux sera émis avant la fin de l'année, si le projet est dispensé d'études d'impact.
Au-delà de Quissac, en direction de Fontanès, treize kilomètres doivent être posés sur l'ancienne voie de chemin de fer, cette fois-ci sur la V70 nationale. Le dossier de consultation des entreprises est en cours pour sécuriser la falaise qui s'écroule, au niveau du hameau de Quilhan. Les travaux devraient commencer au quatrième trimestre de cette année. Une étude doit être menée pour passer sous la RD 999, au niveau de Vic-le-Fesq. Avec ces ajouts, Caveirac - et bientôt Nîmes - serait alors directement relié par la voie verte à Sumène à l'ouest, et Anduze et Cardet au nord.
Mais dans le sens Nord-Sud, on avance péniblement sur ce tracé national de la V70, qui doit relier Nevers à la Méditerranée. De l'entrée du département, à Ponteils-et-Brésis, jusqu'à Alès, les 47 premiers kilomètres font face à des problématiques foncière et topographique. Et, au sud, les études ne sont pas lancées pour le trajet Cardet-Alès. Mis à part l'itinéraire urbain, en site propre, de 7,5 kms au coeur d'Alès, la capitale des Cévennes doit encore être reliée au reste du département par des voies cyclables. Un itinéraire est à définir, notamment, pour une future voie Alès-Rousson.
"La fréquentation et l'utilisation des voies sont un succès, souligne Olivier Gaillard. Bientôt, on pourra partir d'Alzon jusqu'à la mer. Mais le plus coûteux aujourd'hui, ce sont les ouvrages d'art à réhabiliter. En 2025, on espère être à 225 kms de voies vertes." Si les tracés sont fréquentés par des amateurs de détente et des touristes, Olivier Gaillard souhaite, une fois le maillage complété, que les voies vertes attirent au-delà de ces usagers attendus : "À travers le schéma départemental des mobilités, on travaille à mettre en place des liaisons entre communes à moins de trois kilomètres. Par exemple, pour amener des collégiens en favorisant des déplacements doux, en utilisant les chemins communaux et départementaux." Entre Moussac et Brignon, la possibilité est étudiée. Afin d'habituer assez jeune la population à préférer le vélo, quand une alternative à la voiture est possible.