CÉVENNES Deux œuvres permanentes s’installent à la Bambouseraie pour célébrer le printemps

La fameuse Vallée du dragon de la Bambouseraie.
- Romain FioreÀ Générargues, la Bambouseraie accueille deux nouvelles œuvres d’art contemporaines signées Antonio Massarutto et Catherine Baas qui s’ancrent durablement dans son paysage luxuriant jusqu'à la fin de l'année.
À la Bambouseraie en Cévennes, le printemps rime avec création. Depuis ce mois d’avril, deux œuvres contemporaines viennent enrichir le parcours du célèbre jardin tropical d’Anduze. Signées par Antonio Massarutto et Catherine Baas, elles s’inscrivent dans le paysage avec une telle évidence qu’on jurerait qu’elles ont toujours été là. Ces installations sont désormais permanentes et visibles toute l’année. Une belle façon de redécouvrir la Bambouseraie sous un autre regard, entre nature, art et poésie.
« Banzai » – Antonio Massarutto, la vie sauvage en bambou
Sculpteur italien installé en Toscane, Antonio Massarutto n’est pas du genre à suivre un plan. Il improvise, il ressent. Il se compare volontiers à un musicien de jazz. D’ailleurs, il est président d’une association de jazz à Cortona, sa ville natale, et collabore souvent avec des musiciens. Ce qui l’anime ? Créer à l’instinct, comme lors de sa résidence artistique à la Bambouseraie en mars dernier.
Avec « Banzai », sa première œuvre en bambou, il donne vie à une créature énigmatique, hybride, mi-figurative, mi-abstraite. L’animal semble surgir du sous-bois, fruit d’un long dialogue entre l’artiste et les matériaux du lieu. « Je suis parti de la jambe postérieure gauche, là où le processus a commencé. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais une forme d’improvisation très musicale».
Trois variétés de bambous ont été utilisées : le Phyllostachys edulis, robuste et vert vif, pour la structure osseuse ; le Phyllostachys holochrysa, jaune moyen, pour la peau ; et le Phyllostachys nigra, sombre, pour dessiner les artères. Le résultat ? Une sculpture à la fois organique et fantastique, où l’on croit deviner un chien, un cheval… ou tout autre animal sorti de l’imagination du visiteur. « Mon intention n’est pas de donner des réponses, mais de créer des questions ».
« Zoï » – Catherine Baas, la pulsation du vivant
Plus discrète mais tout aussi percutante, « Zoï » est née de la résidence de l’artiste Catherine Baas, qui aime explorer les frontières entre art, botanique et architecture. Le mot grec « Zoï » signifie « vie » – et c’est bien de cela qu’il s’agit.
Au pied d’un majestueux chêne, trois formes rouges, charnelles, émergent du sol. Elles semblent respirer avec le paysage. Le bambou, qu’elle n’avait jamais utilisé auparavant, devient ici matière sensible. « C’est un matériau qui, selon la lumière, peut passer du rouge à l'orange, mais aussi, peut être à la fois plein, dense, tout comme transparent. Il y a quelque chose de changeant, d’organique, comme dans tous les végétaux ».
L’installation est une métaphore de la naissance, de la transformation. Elle invite à la contemplation autant qu’à l’introspection. « Ces formes organiques nous rappellent que nous faisons partie d’un tout. On peut même s’y projeter physiquement, elles renvoient au corps humain ». Catherine Baas confie avoir été intimidée de travailler dans un lieu aussi puissant que la Bambouseraie « Mais je n’ai pas eu l’impression de trahir le site. Il y a eu un vrai échange, notamment avec les botanistes, sur la manière dont les arbres communiquent entre eux ».
Un dialogue entre l’art et la nature
Avec ces deux œuvres désormais permanentes, la Bambouseraie poursuit son engagement en faveur de la création contemporaine, en résonance avec son environnement unique. De plus, cette année, le parc a décidé de construire une treille de bambou, encore nue il y a peu, et qui se pare aujourd’hui des délicates fleurs de cerisiers du Japon (Prunus Serrulata 'Shirofugen'). Désormais en fleurs, il est encore temps de les admirer en pleine éclosion durant ces vacances de printemps.
Tandis que « Banzai » et « Zoï » ne sont pas seulement des sculptures : elles sont des présences. Elles vivent au rythme du jardin, se transforment avec les saisons, invitent à ralentir, à observer, à ressentir.