Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 17.04.2025 - Louise Gal - 3 min  - vu 1391 fois

SAINT-GILLES Des corridas déficitaires malgré 40 000 euros d'aides de la ville

La piste des arènes Émile-Bilhau (Photo archives Anthony Maurin).

Dans le cadre d'une enquête sur le soutien public à la corrida, la chambre régionale des comptes Occitanie a contrôlé la ville de Saint-Gilles. Le rapport montre que les spectacles de tauromachie espagnole sont déficitaires malgré un important soutien municipal.

La chambre régionale des comptes Occitanie a effectué une enquête sur le soutien public à la corrida. Dans ce cadre, elle a procédé au contrôle coordonné des comptes et de la gestion de la commune de Saint-Gilles et de l’association Toro Pasión (qui organise les corridas dans le cadre d'une délégation de service public) depuis 2019. Trois corridas sont organisées chaque année dans les arènes Emile Bilhau, construites en 1939 (la finale du boslin initiée par Nîmes Métropole, et deux autres durant la feria de la pêche et de l'abricot).

Des spectacles déficitaires largement financés par la commune

Le rapport fait état de spectacles de tauromachie espagnole déficitaires, "malgré la participation communale de 40 000 € par an et une fréquentation en hausse", qui a "même dépassé celle de 2019 avec 2 207 places payantes et 480 places non-tarifées en 2023." Toutefois, les rapporteurs constatent qu'en 2024, "malgré l’affiche d’une corrida avec le numéro 1 mondial, Toro Pasión a indiqué que cela n’avait pas permis de vendre toutes les places des arènes de Saint-Gilles." À l'aide, fixe depuis 2021, de 40 000 € par an, s'ajoute l'achat de places par la commune, en plus de la tribune municipale qui lui appartient, pour un montant de 5591 € sur la période, ainsi que par la communauté d'agglomération Nîmes Métropole, pour un total de 3 534 € sur la période. S'ajoute également une liste de prestations à la charge de la ville, "dont la sonorisation, le nettoiement des arènes et des abords, la désinfection et la désinsectisation des corrals et du toril, l'assurance des propriétés mises à disposition."

Rapport chambre régionale des comptes Occitanie

Le rapport souligne également les dépenses engagées par la ville en frais de publicité pour promouvoir la feria et les spectacles tauromachiques, ainsi que l'utilisation de ses supports de communication pour annoncer l'événement. "Si le contrat laisse certaines de ces dépenses à la charge exclusive de la ville, cela constitue néanmoins un soutien indirect. Cela est d’autant plus vrai qu’une partie de ces charges devrait normalement être assumée par l’association, conformément au contrat de DSP (publicité)." De nombreuses dépenses engagées donc, mais des "retombées touristiques et économiques difficiles à évaluer." Enfin, l'organisation des corridas est confiée depuis 2014 à l'association Toro Pasión, mais la ville a dû assouplir son cahier des charges en 2021 suite à un appel d'offre infructueux. Le rapport souligne ainsi une "certaine dépendance de fait de la commune vis-à-vis de son délégataire."

Rapport chambre régionale des comptes Occitanie

De l'argent public plus utile ailleurs selon l'Alliance Anticorrida

"Comment se fait-il qu'on distribue aussi largement l'argent public alors qu'on sait qu'un spectacle est déficitaire ? Quand un spectacle ne fonctionne pas, cela veut dire que les gens n'en veulent pas, et quand les gens n'en veulent pas, on le remplace par un autre spectacle", affirme Claire Starozinski, présidente de l'Alliance Anticorrida. Cette dernière estime que "cet argent serait bien mieux utilisé ailleurs, surtout dans une ville qui est en dessous du seuil de pauvreté, que pour favoriser une infime minorité", listant notamment les questions des écoles, des activités périscolaires, de la lutte contre le chômage ou encore de la sécurité.

De son côté, Eddy Valadier, le maire de Saint-Gilles, répond que "d'une façon générale, la culture est déficitaire", et assume "un choix politique pour défendre nos traditions". "Il y a déjà 16 ans, bien avant mon élection, la ville accordait déjà 30 000 euros. C’est lié aussi à la difficulté de défendre nos traditions, mais pas plus celle-là que d’autres", se défend-t-il. "Il y a quelques semaines, la ville devenait cité mistralienne pour défendre la langue provençale et cela a un coût. Lorsque la ville produit des spectacles ou des manifestations autour de nos traditions camarguaises, cela a un coût, et c’est aussi déficitaire."

Le maire souligne qu'il s'agit de 40 000 euros sur un budget d'environ 20 millions d'euros. "La ville a investi plus d'une dizaine de millions d'euros pour réhabiliter, agrandir ou reconstruire ses bâtiments scolaires. Encore cette année, elle investit plus de 10 millions d'euros pour sa petite enfance en construisant une crèche, un centre de loisirs et un relais petite enfance. Donc tout au contraire, elle investit aussi et plus encore évidemment dans tous les domaines essentiels de la vie quotidienne de nos concitoyens. Mais on ne souhaite pas non plus être exclusifs", conclut-il. Le nom du futur délégataire devrait être connu au cours du printemps.

Claire Starosinski rappelle quant à elle qu'un sondage, commandé en mars 2017 à l'IFOP, montre que 73% des sondés habitant des départements dits taurins étaient défavorables à l'octroi de subventions publiques pour des activités en faveur de la tauromachie. Les villes de Nîmes et de Bellegarde font également parties des villes contrôlées par la chambre régionale des comptes d'Occitanie dans le cadre de l'enquête sur le soutien public à la corrida. 

Louise Gal

Nîmes

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