FAIT DU JOUR Inflation : les cafetiers vont devoir répercuter l'addition sur les clients
Dans plusieurs cafés de l’Écusson, le prix du petit noir a augmenté ces dernières semaines, sans que les clients ne s’en aperçoivent. Avec la hausse de l’inflation, d’autres tarifs à la carte devraient bientôt suivre la même tendance de manière plus visible.
Alors qu’il n’avait pas bougé depuis des années, le prix du petit café en terrasse a discrètement augmenté de 10 centimes dans plusieurs établissements nîmois, ces dernières semaines. « En changeant nos prix le 20 mai dernier, nous l’avons fait passer de 1,60 à 1,70 euro, alors qu’on n’y avait pas touché depuis 4 ans », confirme Frédéric Harlin, le gérant du Palace, face à l’Esplanade.
Quelques jours plus tard, le 1er juin, c’était au tour du propriétaire de la Petite Bourse, à deux pas des Arènes, d’augmenter le tarif de son petit noir de 1,50 à 1,60 euro. Mais dans ce bar d’habitués, la hausse est passée presque inaperçue. « Honnêtement, nous ne nous étions pas rendus compte que le café avait augmenté. Julien (le patron, NDLR) nous rend la monnaie, on lui fait confiance, on ne regarde même pas. Je vais en profiter avant qu’il ne passe à 1,70 € pour en reprendre un !, s’amuse Bernard, demandant à son ami Jean-François s’il veut un autre café avant de repasser commande. Plus sérieusement, un café c’est un lieu, une ambiance, des rencontres et de la convivialité, alors on ne va pas s’arrêter d'en boire à la première hausse venue. »
« Même la Cristaline augmente ! »
Pour ces raisons, d’autres cafetiers ont préféré ne pas toucher au prix de leur produit d’appel, comme au Latino ou au Goéland, où le café s’affiche toujours à 1,50 euro. En revanche, ce dernier a augmenté le tarif de son chocolat chaud de 2,50 à 3 euros, il y a trois mois, à cause de la hausse des cours du cacao et du lait. Sodas, jus de fruits, alcools, bières : d’autres boissons devraient ainsi prochainement suivre cette tendance. « Tous les produits sans exception augmentent de 5 à 7 % avec l’inflation : les oranges, les citrons, le lait, le chocolat et même la Cristaline !, ajoute le patron de la Petite Bourse, Julien Roussel. D’autres prix vont donc forcément augmenter dans les mois à venir, comme les viennoiseries que je vends, par exemple, car mon boulanger vient d’augmenter ses propres prix. »
Face à cette hausse généralisée, certains font le dos rond. « Pour l’instant, les prix de notre carte des boissons n’ont pas bougé. Notre café est toujours à 1,60 euro par exemple, indique la gérante de l’Angela Café, Meryl Manenq. En attendant, nous continuons par exemple à faire notre vinaigrette maison, même si le prix de revient est supérieur, en espérant que tout rentre bientôt dans l’ordre ! »
« C’est une spirale de spéculation »
À quelques pas de là, le Goëland est l’un des rares café-restaurant de l’Esplanade à n’avoir pas augmenté son plat du jour. Mais sous l’effet de la hausse généralisée des matières premières - farine, huile, moutarde, viande, poisson - presque tous ses concurrents ont dû se résoudre à accroître son prix à l’ardoise : deux euros de plus à 14,90 € à l’Angela Café, un euro de plus à 12,50 € au Latino, de 12 à 14€ au Palace, etc. « Quand on voit qu’un plein de friteuse nous coûte 115 euros ou que le saumon est passé de 16,90 à 22, voire 24,90 euros le kilo, c’est inévitable ! », explique le gérant du Palace, Frédéric Harlin. « C’est une spirale de spéculation : regardez le litre d’huile passé de 35 à 106 euros !, s’étrangle à son tour le patron de la Grande Bourse, Hubert Ratel. Actuellement, les grosses boites de l’alimentaire, comme Coca, augmentent leurs tarifs pour renouer avec les bénéfices après deux ans difficiles. Nous ne faisons que suivre, mais à ce rythme-là, mon café coûtera un jour 1,90 euro ! »
Pierre Havez