FAIT DU JOUR Jean-Marie Pasqualetti, directeur sportif de l'OAC : "Ce n'est pas le moment de faire des bilans"
Directeur sportif de l'Olympique d'Alès en Cévennes, Jean-Marie Pasqualetti revient sur le maintien encore mathématiquement possible, la rencontre à venir face à Hyères, ce qui n'a pas marché cette saison ou encore le fameux Cap2024 qui s'achèvera à la fin de la saison. Le Bastiais répond à tous les sujets brûlants du moment.
Objectif Gard : La situation est un peu compliquée pour l'OAC en ce moment, qui n'a pas gagné en match officiel en 2024. Comment est l'état d'esprit au club ?
Jean-Marie Pasqualetti : L'état d'esprit général paraît être plutôt positif, dans le sens où tout le monde a conscience que notre dernière victoire en championnat date du 7 octobre. On a gagné trois matchs dans ce championnat et on est toujours mathématiquement capables de se maintenir. Il nous reste la moitié des équipes du championnat à rencontrer, sept matchs ça ne paraît pas beaucoup mais c'est la moitié des équipes. Cela fait beaucoup de rencontres et ce n'est pas l'heure des bilans. L'état d'esprit est aussi inquiétant parce qu'il y a de grosses incertitudes et on a du retard mathématiquement.
On a aussi vu l'an dernier que tout était possible, Alès avait fait une très bonne deuxième partie de saison, tout va certainement se jouer dans la tête ?
Ça va être quasiment tout au mental. Si on doit comparer avec l'année dernière, sur la phase retour de 15 matchs parce qu'il y avait 16 équipes, on gagne six matchs, mais on en gagne trois lors des quatre dernières journées. Ça veut réellement dire, même si on ne peut pas trop comparer parce qu'on avait une pénalité de cinq points et plus d'équipes, que quoiqu'il arrive il faut y croire jusqu'au bout du bout. On savait déjà qu'il y avait cinq descentes cette année et un potentiel relégable 9e, et donc que ça ne se jouerait pas à dix matchs d'écart. On savait que jusqu'à la fin, même une équipe très bien classée avec un passage à vide au mois d'avril pourrait se retrouver dans le dur. On n'est pas dans cette situation là, on n'a pas de passage à vide à avoir parce que ça fait depuis un moment que l'on a pas gagné. On est condamné cette saison de par le scénario à faire la même chose que l'an dernier, donc ce n'est pas le moment de douter. Hakim Malek avait dit à juste raison : "Attention, quand on démarre une saison avec une médaille autour du cou, parfois elle est dure à porter", ça a été un peu le cas. Et les circonstances de saison ont été un peu plus dures que l'an passé avec les blessures et les absents, tout comme les performances un peu mitigées. On a eu du mal aussi à reproduire certaines performances, pour emmagasiner plus de points. On a le droit de le faire jusqu'à la fin, ce n'est pas encore fini.
Quand Christophe Bosne-Vialet est venu sur notre plateau, les trois équipes battues par Alès étaient tout en haut du classement, ce qui est assez surprenant.
Qu'est-ce qui fait qu'on a fait bonne figure contre des équipes bien classées et qu'est-ce qui fait qu'on est un peu plus dans le dur contre d'autres adversaires ? On peut l'aborder sur l'aspect mental. De toute manière dans un championnat, toutes les équipes ne se ressemblent pas. Il y a une réflexion mentale à la performance et aux conditions qui nous permettraient de reproduire les bonnes performances. Depuis le match de janvier contre Toulouse, l'équipe fait plutôt les choses qu'il faut dans le contenu, ce n'est pas complètement incohérent. Par contre, à certains matchs, on a manqué d'efficacité ou d'impact, à d'autres on a eu trop de déchet technique. C'est aussi aux joueurs d'amener cette régularité. Depuis le début de l'année 2024, il y a sur quelques matchs notre inefficacité avec les deux penaltys manqués, mais aussi certaines décisions d'arbitrage qui nous ont été défavorables, comme le but refusé de Lucas Franco à Toulouse, le hors-jeu contre nous à Grasse dans les arrêts de jeu ou encore le penalty et le carton rouge à Thonon. Mine de rien, c'est neuf points de plus.
Dans ce genre de situation on parle souvent d'un électrochoc. Ça peut être un changement d'entraîneur, mais aussi un match-clé. Celui face à Hyères par exemple, qui a d'ailleurs changé récemment d'entraîneur. Cela peut être un match électrochoc pour vous ?
On peut le voir de cette manière-là. Un match électrochoc c'est compliqué de l'attendre, il faut le déclencher. On pouvait l'espérer à travers la prestation à Thonon à dix contre onze, où les joueurs ont fait preuve de vaillance, de solidarité, et qui se joue à la dernière seconde. On pouvait aussi espérer que ce soit le cas face à Andrézieux, mais on n'a pas fourni la copie suffisante pour pouvoir se servir de ce match-là comme déclic. On est plus à essayer de savoir comment le trouver ce déclic. Le changement de responsable, de coach, d'équipe ou ce qu'on veut, on peut aussi imaginer que ça puisse être un déclencheur mais on n'a pas la certitude que ça marche à chaque fois. Je pense qu'on a assez de marge de manoeuvre en interne pour rester positifs jusqu'à la fin de la saison et lutter pour chercher notre maintien.
Par rapport à la rencontre face à Andrézieux, les quatre changements en même temps ont fait du bien à l'OAC. Est-ce qu'il y a peut-être un turnover à effectuer sur les prochaines rencontres ?
Il y a toujours eu des petits ajustements depuis le début de la saison, il y a eu un onze qui s'est dessiné à l'arrivée d'Hakim Malek, qui a performé et a joué quasiment la totalité des matchs jusqu'à la fin. Cette année, il y a eu la nécessité d'avoir beaucoup de rectification de par les blessés, les suspensions et les contre-performances. Les rentrées contre Andrézieux ont fait certes du bien, mais ce n'était pas des garçons qui étaient au placard depuis quatre mois. Dès qu'Andrézieux a marqué, ils ont reculé, nous on s'est engagé un peu plus dans nos intentions. Ce qui était dommage face à Andrézieux, c'est qu'on ait eu un peu de crainte à s'engager totalement, on reste convaincus que ça sera comme ça qu'on ira chercher notre salut. Sur le frein, en général, on n'est pas très bons.
Lors de la défaite la semaine dernière contre Andrézieux (0-1), avez-vous eu des échanges avec Hakim Malek après la rencontre. Si oui, qu'en est-il ressorti ?
Les échanges sont réguliers, pendant la semaine, avant et après les matchs. La problématique pour un staff et un club en général c'est de faire une analyse la plus objective possible avec tous les éléments qui rentrent en compte. L'aspect mental, l'aspect athlétique, l'adversaire, l'arbitrage, la météo, le scénario du match, les remplacés, les remplaçants... Tout cela fait que l'analyse n'est pas évidente à faire de manière objective, surtout à chaud. Quand il est conseillé aux joueurs et aux entraîneurs de faire très attention à leur communication après les matchs, c'est parce qu'à chaud les émotions prennent souvent le dessus sur l'objectivité. Samedi, comme tous les matchs, on est resté échanger nos avis et voir ce qui avait été et n'avait pas été pour redémarrer la semaine.
Au mercato d'été et à celui d'hiver, beaucoup de joueurs sont arrivés. Il y a eu aussi le départ d'Abdoulaye Diaby. Ces grands changements n'ont-ils pas impacté les automatismes ?
Non, ça c'est quelque chose que je ne ferai pas pour le moment. Comme je l'ai dit précédemment, ce n'est pas le moment des bilans. Aujourd'hui, on ne peut faire que des constats sur la situation de l'équipe ou nos prestations. On prépare le match de Hyères, le constat c'est qu'on a tel ou tel joueur blessé ou convocable, d'autres en méforme à amener si possible à leur meilleur niveau athlétique. Est-ce qu'il fallait plus de temps, plus de joueurs ou faire différemment ? On n'en est pas là aujourd'hui. Il faut qu'on reste sur notre objectif, il y a la réponse bateau "jouer les matchs les uns après les autres", mais aujourd'hui on ne peut pas se permettre de réfléchir à la rencontre face à Jura Sud, Toulon ou Bourgoin tant qu'on a pas joué Hyères. On est dans une situation où se projeter dans une échéance plus lointaine que ce samedi, c'est perdre de l'énergie que l'on doit utiliser face à Hyères. Savoir si les automatismes ont pris, s'il fallait plus de temps ou combiner différemment, on le verra à la fin mais en cours de route, je ne crois pas que ça apporte de certitudes sur les choix à venir. On a quand même eu, à un certain moment, six ou sept joueurs à l'infirmerie. Travailler des automatismes dans ces conditions, c'est très compliqué mais il faut le faire ou du moins s'en rapprocher
Concernant le Cap2024, est-ce que le fait d'avoir donné une date fixe aurait pu jouer en la défaveur de l'OAC ?
En la défaveur je ne vois pas en quoi, le Cap2024 a été engagé et validé par le président Didier Bilange en 2020 au moment du Covid. Pour ceux qui n'auraient pas compris le Cap2024, on voulait en terme d'ambitions être un club qui puisse être présent en National 1 ou être un club assez solide en National 2 et restructuré pour être un concurrent à la montée. Jusqu'à cette saison, je trouve qu'on est plutôt dans les clous. On avait dit en début d'année que faire mieux que la saison dernière c'est finir sixième ou septième, mais en fin de compte pour se maintenir il faut finir septième ou huitième. Donc les deux objectifs se rejoignaient. On pourrait faire comme Paris et affirmer "Nous on veut gagner la Ligue des Champions", si c'est pour dire "On souhaiterait qu'Alès soit en Ligue 2", on peut voir passer des générations et des générations sans savoir quand est-ce que ça arrivera. Pour nous, le Cap2024 c'était d'avoir un objectif clair aux yeux de tous sur un temps moyen. Et pour ceux qui ne l'avaient pas compris, cela concernait le club et non l'équipe première. On l'a peut-être mal expliqué ou certains ont dû mal le comprendre. Je pense que l'équipe première à son image a été plutôt dans ce Cap2024. Une année et demie de covid, quatre années de parcours corrects en Coupe de France, une montée, je ne trouve pas ça négatif. L'an dernier, l'équipe réserve a réussi à suivre et arrivera je pense à se maintenir avec seulement des jeunes du club. Si le Cap2024 c'était de dire qu'on sera en National 1, oui ce serait un échec dans cet objectif-là. Mais ce n'était pas le nôtre. On aurait pu y arriver, on l'aurait pris volontiers. On travaillait, on travaille et on travaillera toujours pour ça. Sûrement qu'après, il y aura un autre cap fixé en interne avec des objectifs sportifs, financiers et structurels. Une fois le moment des bilans, on verra quelle orientation on définit et avec quel timing.