Publié il y a 2 h - Mise à jour le 18.01.2025 - Norman Jardin - 6 min  - vu 466 fois

FAIT DU JOUR Nîmes Olympique : Waly Diouf, la sagesse du lion

Waly Diouf aime se balader sur l’aérodrome de Courbessac.

- Photo : Norman Jardin.

Arrivé dans le Gard à l'été 2023, le défenseur central de Nîmes Olympique est issu de plusieurs cultures. Des racines qui ont poussé en Afrique, à Paris, mais aussi dans le Tarn-et-Garonne. Passionné de voyages, de jeux de société et de cuisine, le Crocodile préfère donner que recevoir. Rencontre avec un joueur apaisé qui aimerait définitivement poser ses valises dans le Gard.

C’est une sorte de force tranquille qui s’est installée dans une jolie petite maison de l’est de Nîmes. Du haut de son 1.91 m et de ses 89 kilos, Waly Diouf constitue, depuis deux saisons avec Formose Mendy, la charnière centrale de la défense de NO. Quand il est sur le terrain, le natif de Neuilly-sur-Seine ferme les portes, stoppe les offensives et bloque les accès. Mais c’est finalement une tâche contre-nature pour un garçon charmant et accueillant. « C’est l’esprit de la Teranga, explique le franco-sénégalais, c’est le plaisir de recevoir et de partager. Que ce soit ton frère ou un inconnu, tu dois l’accueillir de la meilleure des façons ».

Waly Diouf, debout deuxième en partant de la gauche, est un fan du PSG. • Photo : archives privée WD

En effet, chez les Diouf, l’invité est choyé et les petits plats sont mis dans les grands. L’hôte prend plaisir à échanger, il est curieux de tout et il n’y a pas de sujets tabous. Waly aime sa vie « On est des privilégiés », mais sans oublier d'où il vient. Tout commence à Neuilly-sur-Seine où il voit le jour en 1997. Toutefois, c’est à Nanterre qu’il grandit. « Des moments précieux, avec mes copains, on était toujours dehors à jouer au foot ». Naturellement, la chambre de l’enfant est recouverte de posters de Pauleta et Ronaldinho. En catégories jeunes, il a même porté le maillot bleu et rouge avec en point d’orgue une sacrée récompense.

« J’ai préféré ça que de tenir la main d’un Marseillais »

Waly Diouf

« Lors d’un classico au Parc des Princes, j’ai été choisi pour tenir la main d’un joueur. J’ai été obligé de porter le maillot de l’OM pour avoir le droit de tenir la main de Jérôme Alonzo, le gardien du PSG. J’ai préféré ça que de tenir la main d’un Marseillais », sourit le défenseur nîmois. Si les stars parisiennes ne tapissent plus son environnement, Waly a conservé la passion du PSG et il ne manque aucun match. « On a beaucoup souffert et on souffre encore, mais j’espère qu’ils vont gagner la Ligue des champions. Je me souviens du magnifique Nîmes – PSG, en 2018. Je revois le corner direct de Di Maria, le but de Mbappé à la fin. Je me serais régalé dans cette équipe nîmoise et avec l’ambiance du stade des Costières ».

Il croise Anthony Briançon à l'OL 

Après cinq ans au PSG, le défenseur passe par le Racing Club de France (2008-11) avant d’atterrir chez les U19 de l’Olympique Lyonnais avec de grandes ambitions. « On s’imagine qu’on va jouer la Coupe d’Europe. Je me rappelle être venu affronter les U19 de Nîmes Olympique. C’était sur le même terrain synthétique qu’il y a aujourd’hui à la Bastide », se remémore Waly Diouf. Il n’arrive pas jusqu’à l’équipe première, mais croise Anthony Briançon au centre de formation de l’OL. En 2015, le francilien entame une série d’expériences footballistiques qui le mènent à Auxerre, Leganés (Espagne), Palanga (Lituanie), le Club Africain (Tunisie) et Jihlava (République tchèque).

Kenza et Waly, un couple heureux d’être à Nîmes. • Photo : Norman Jardin.

Des choix sportifs qui débouchent surtout sur des rencontres humaines et qui lui donnent le goût des voyages. « Chaque épreuve t’apprend quelque chose et on retient des leçons de la vie. Je ne regrette rien. J’aime parler avec les gens. Au Kenya, il y a deux ans, j’ai croisé une personne qui m’a raconté comment elle vivait. Ça m'a enrichi ». Malgré tout, le mal du pays se fait sentir, notamment lors de la crise du Covid pendant laquelle Waly est seul en République tchèque. C’est loin de la famille, mais aussi loin de la Franche-Comté où l’attend Kenza, sa femme. Le couple s’est rencontré en 2014 dans le Doubs et la liaison a résisté à l’éloignement.

« J’adore la vie nîmoise et j’aimerais bien ranger les valises dans le grenier. Je me vois bien vivre ici »

Kenza Diouf

En 2017, c’est le mariage et en 2023, l’arrivée du petit Issa : « Un petit croco. Il est né ici et a déjà le caractère d’un Nîmois. Je me demande s’il aura l’accent du Gard... », s'interroge Kenza. Avec Waly, ils ont vécu au rythme des transferts et les amoureux voudraient enfin un peu de stabilité. « J’adore la vie nîmoise et j’aimerais bien ranger les valises dans le grenier. Je me vois bien vivre ici », confie la jeune maman. Waly aussi a trouvé son paradis dans le Gard avec la mer, la nature et les balades sur l’aérodrome de Courbessac. Il y a aussi les amis à Beaucaire et à Alès.

Dans la capitale des Cévennes, il retrouve Makan Traoré rencontré au FC Versailles. « C’est un garçon très gentil, calme, posé, très mature et aussi… très gourmand ! Je me rappelle qu’en mise au vert, il avait de belles assiettes. On est même allé en Malaisie avec nos compagnes, on a fait quelques activités et des restos ensemble. Je suis allé chez lui à Nîmes et il est venu à Alès à la maison, j’ai beaucoup de respect et d’estime pour lui », abonde le défenseur de l’OAC. C’est donc à Versailles que les deux joueurs se sont rencontrés, mais c’est aussi à l’ombre du prestigieux château que Diouf a vécu une de ses plus belles émotions avec le parcours en Coupe de France : quand le FCV avait atteint les demi-finales (battu par Nice) en 2022.

« Représenter le Sénégal, c’est quelque chose qui est gravé en moi, car c’est le pays de mon père »

Waly Diouf

« C’est Waly qui marque le tir au but vainqueur en quart de finale à Bergerac », se souvient fièrement Kenza. Mais ce qui est plus fort que tout, c’est d’avoir porté le maillot des Lions de la Teranga. « C’était lors de la Coupe du Monde U20 en Corée du Sud, en 2017. Représenter le Sénégal, c’est quelque chose qui est gravé en moi, car c’est le pays de mon père. Le maillot est encadré chez mes parents », rappelle le Crocodile. Il ajoute : « Le maintien avec Nîmes Olympique, c'était quelque chose de fort et j’estime que ce club n’a rien à faire en National. » Si à l’été 2023, le NO est allé le chercher à Versailles, c'est autant pour ses qualités humaines que sportives.

Waly et Kenza adorent les jeux de société. • Photo : Norman Jardin

« Il ne se ment pas à lui-même. Avec lui, tu peux discuter de foot, mais aussi de la vie. Il est tout simplement fiable. Tu peux compter sur lui. C’est une belle personne », explique Sébastien Larcier, le directeur sportif de Nîmes Olympique. L’hommage est confirmé par l’entraîneur Adil Hermach : « Il s’intéresse à beaucoup de choses. C’est un joueur important du groupe. Il a la capacité de s’analyser. Si je pouvais avoir 22 joueurs comme lui, ce serait top ». Des racines en Afrique, à Paris, mais pas seulement puisque, dans une ferme du Tarn-et-Garonne, Waly retrouve régulièrement sa famille maternelle. C’est une tout autre vie entre Agen et Montauban.

« Je m’occupe du potager, je fais rentrer les vaches, je trais la chèvre, on a même tondu un mouton »

Waly Diouf

« C’est une famille d’agriculteurs qui connait les valeurs du travail. Ma grand-mère a plus de 80 ans, mais elle donne un coup de main. Quand je vais là-bas, je m’occupe du potager, je fais rentrer les vaches, je trais la chèvre, on a même tondu un mouton ». Des origines diverses et un esprit ouvert sur l’autre. « L’homme ressemble au joueur », indique Kenza. Dans la famille Diouf, le football est partout puisque le père, les oncles et les frères de Waly sont des passionnés ou des joueurs. Une fois quitté les crampons, le Crocodile passe à autre chose. Il est féru de jeux de société, une autre façon d’échanger et « d’analyser les réactions des autres joueurs ». Toutefois, ne comptez pas quitter la partie tant que Waly ne sera pas déclaré vainqueur.

Le Crocodile est un spécialiste du bœuf bourguignon. • Photo : Norman Jardin.

Le numéro 5 de Nîmes Olympique ne cache pas non plus son goût pour les quiz : « Je suis incollable sur les numéros de tous les départements français. En revanche, je n’aime pas trop les questions sur les mathématiques. » Le crocodile nourrit aussi une passion, qu’il partage avec Kenza, pour la cuisine. À elle le sucré, à lui le salé et il s’applique pour préparer un bœuf bourguignon ou un plat traditionnel sénégalais. Ainsi va la vie du sage Waly Diouf, heureux à Nîmes, mais en fin de contrat à partir du 30 juin prochain. S’il le faut, il reprendra sa valise et avec femme et enfant, il partira sur les routes de France, ou d'ailleurs, pour s’enrichir de nouvelles rencontres.

Norman Jardin

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