Publié il y a 3 h - Mise à jour le 17.01.2025 - Anthony Maurin - 6 min  - vu 119 fois

FAIT DU SOIR Sanctuaire musical de diversité, Paloma n’hésite pas

L'équipe de Paloma (Photo Anthony Maurin)

L'équipe de Paloma avec de gauche à droite Gaël Dupret, George Bonnet, Fred Jumel, Laetitia Jean et Benoît Pithon (Photo Anthony Maurin)

Paloma est la Smac de Nîmes.

Bourse aux Jeunes Talents lancement 2024 Paloma BlurrySense (Photo Anthony Maurin).
Paloma (Photo ArAnthony Maurin).

Paloma a pris sa place dans le paysage culturel régional, voire national. Cela fera dix ans, le 4 février prochain, que la salle a le label de « Scène de musiques actuelles ». Mais une Smac, c’est quoi ? C’est un label du ministère de la Culture et de la communication qui désigne des lieux musicaux de petite et moyenne capacité jouant un rôle fondamental en termes de diffusion et d’action culturelle.

Si vous ne le savez pas, les Smac regroupent plusieurs espaces et missions : salles de concerts, locaux de répétition, accompagnement des musiciens et de la création, et mise en œuvre d’actions culturelles (en lien avec les écoles, les associations de quartiers, les prisons...). Les musiques « actuelles » ou « amplifiées » regroupent l’ensemble des styles musicaux dits « émergents » utilisant l’électricité, l’amplification sonore et les nouvelles technologies comme éléments majeurs des créations musicales et des modes de vie.

L'équipe de Paloma (Photo Anthony Maurin)
L'équipe de Paloma avec de gauche à droite Gaël Dupret, George Bonnet, Fred Jumel, Laetitia Jean et Benoît Pithon (Photo Anthony Maurin)

On y trouve le rock, la pop et les genres assimilés, la chanson française, le blues, le métal, l'hardcore, le reggae, le ragga, les musiques électroniques, dub, hip-hop, world music, jazz et musiques improvisées… En fait, ne sont pas considérées comme « musiques actuelles » les musiques classiques, folkloriques, contemporaines et la variété française massivement soutenue par l’industrie culturelle.

Fred Jumel, à la direction de Paloma, George Bonnet à la communication, Laetitia Jean à l’action culturelle et Benoît Pithon, en charge de l’accompagnement artistique, parlent d’une voix. « On connaît tous Paloma sur notre territoire mais on ne parle pas assez de nos projets culturels et de leur construction. » Paloma construit sa programmation de trimestre en trimestre et met l’accent sur trois axes concernant l’inclusivité. Les femmes et les minorités, le handicap, les publics éloignés.

Bourse aux Jeunes Talents lancement 2024 Paloma BlurrySense (Photo Anthony Maurin).
Paloma (Photo Archives Anthony Maurin).

Commençons par les femmes et les minorités. « 17 % des groupes programmés en France ont des leads féminins, à Paloma, nous atteignons les 28 %. Nous avons une volonté d’équité mais nous devons aussi prendre les projets à la base pour les accompagner. » Comme partout encore dans la société, si plus de groupes masculins sont programmés, c'est aussi parce que les programmateurs sont des hommes.

« Nous voulons un lieu qui rassemble, plus qu’un lieu qui nous ressemble… La différence doit être une richesse plus qu’une crainte, sans être moralisateur, nous essayons d’arriver à ce résultat en douceur. » Mais Paloma, c’est aussi beaucoup de propositions artistiques différentes. La concurrence directe n’existe pas vraiment car il y a trop peu de Smac dans le sud de la France. Cependant, Paloma fait des choix forts, des choix de valeurs et ici, sur 900 musiciens programmés, 300 sont des musiciennes. « Nous voulons arriver à mettre à l’aise les femmes dans des ateliers féminins pour qu’elles retrouvent de la confiance en elles avant de basculer sur des ateliers plus mixtes. »

Fiesta Sévillane de Paloma Las Carlotas, et Somos del sur (Phot
Image d'illustration avec ici Somos del sur qui a dansé avec la foule (Photo Archives Yannick Pons)

Le 15 février Enae, le 13 mars Yoa et le 28 mars Cash Savage & the last drinks en sont d’excellents exemples. Mention spéciale pour le Warm-up du HellFest le 22 mars avec entre autres Novelists. « On essaie d’avoir un équilibre dans les styles et les courants musicaux, y compris un équilibre entre les hommes et les femmes, sur tous les sujets traités, sur les esthétiques et entre artistes émergents et installés. »

Passons au handicap, autre enjeu de Paloma. « C’est encore très difficile de rendre visible tout ce travail mais ça avance ! » La structure a d’ailleurs six gilets sensoriels qu’elle prête à d’autres scènes et qui permettent de vivre pleinement un spectacle. « Nous essayons de programmer un concert par trimestre en chansigné, le but, c'est aussi d’avoir de la régularité dans ces productions et de rendre accessible un spectacle pensé pour des personnes en situation de handicap. On fera ça pour le concert de Gringe qui va inclure dans son show cet élément alors que ça pourrait être inconfortable pour lui ! On a été les premiers à lui demander et il a accepté de faire cet effort scénographique. »

L’inclusion doit aussi avoir une vertu pédagogique et quoi de mieux que ce type de concert pour faire passer ce genre de message ? On se rappelle avec douceur de la cérémonie d’ouverture des jeux paralympiques et de la prestation de Lucky Love ! Il sera d’ailleurs dans la grande salle de Paloma le 12 mars prochain. Si tous les équipements, publics mais aussi artistiques, sont évidemment accessibles aux personnes en situation de handicap à Paloma, il faut que la programmation soit en lien avec cela. Preuve que la structure pousse dans cette direction, les Nîmois du Sens des âmes dont Paloma accueille le spectacle depuis deux ans. Une maquette tactile de Paloma sera créée et en février est organisée une date en lien avec la fédération des aveugles 30-48.

La grande salle de Paloma (Photo Archives Anthony Maurin).

« Nous adaptons nos outils, nos visites, notre site. Nous avons appris à nos équipes d’accueil à dire bonjour en signe, tout le monde est sensibilisé à ces questions et nous avons une écoute particulière sur ces sujets. » Sur 25 salariés, six travaillent étroitement sur cela. Un chiffre qui ne reflète en rien ce que peuvent faire les autres structures.

Enfin, troisième axe de travail pour les équipes de Paloma, les publics éloignés. Comment les trouver et les faire venir ? Et comment les faire revenir ? Le slow concert ? Sans doute ! « Un slow concert est un concert qui a lieu en semaine, en journée et qui permet aux personnes qui ne peuvent pas venir en soirée et les week-ends à cause d’impératifs familiaux ou autres de venir quand même. C’est transgénérationnel, on croise les publics, c’est fédérateur ! » Le prochain est prévu le 14 février et sera assuré par Natacha Santos. Idem pour Sous les flows qui permet aux rappeurs de venir se tester et d’improviser ici plutôt que dans leur chambre. « Nous sommes très offensifs sur ces musiques, car peu de Smac le sont. »

Mais on y trouve aussi des propositions comme Maraboutage que le public ira voir le 7 février. Paloma fait un vrai travail pour casser les codes et les barrières culturelles qui vont avec. « On se nourrit de ces différences, nous ne voulons pas d’entre-soi, nous voulons faire évoluer les mentalités, s’ouvrir aux autres et mieux vivre ensemble. » Raison pour laquelle Paloma est financée à 50 % par l’argent public. L’autre moitié est rentabilisée par les concerts.

Avec le Tinals la musique s'exportait aussi à l'extérieur de la salle de concert (Photo ArcCorentin Corger)

L’accessibilité, c’est aussi les tarifs 30 % des spectacles proposés par Paloma sont à six euros. Sur les quatre millions d’euros annuels de budget, 1,6 million d'euros est injecté par Nîmes métropole. Par chance, Gaël Dupret, maire de Sernhac et président de Paloma, est parvenu à sanctuariser ce budget. Quand on sait à quel point la culture est touchée par les baisses de dotations, on ne peut que s’en féliciter. « Ce sont les missions de service public qui sont les premières à être en danger. Pour Nîmes métropole, c'est une véritable fierté d’avoir Paloma sur notre territoire ! »

Mais Paloma fait venir 82 établissements, plus de 300 classes de scolaires et 9 000 enfants découvrent ce lieu chaque année.

Proposer des artistes différents, faire un pas de côté pour faire ou choquer, c’est aussi un enjeu de Paloma qui programmera Pierre Lapointe le 21 mai prochain. Au-delà de ça, Paloma organise aussi des ciné-concerts, des boums électro, des actions pour les très jeunes enfants… Cependant, qu’améliorerait l’équipe actuelle si elle en avait le temps ou les finances ? « Faute de temps et du nombre de demandes, nous culpabilisons car nous devons souvent dire non… Nous sommes toujours en suractivité à cause de cette responsabilité de quasi-monopole. Nous pourrions faire la pluie et le beau temps, c’est frustrant de dire non à des projets que nous accompagnons pour en accompagner de nouveaux, mais c’est comme ça ! On ne peut pas aider tout le monde mais on pourrait toujours faire mieux. »

Concert Werenoi Paloma
La proximité de Paloma pour le concert Werenoi. • Sacha Virga

Positionnée volontairement en entrée de ville, à l’Est, du côté de l’aérodrome, le TCSP a un arrêt devant et pour s’y garer en voiture, tout est facilité. La grande salle peut accueillir 1 356 places assis-debout (1 104 debout plus 252 places au balcon) ou 606 places en configuration tout assis (354 places en gradin plus 252 places au balcon). « Le club », la petite salle de spectacles, peut quant à elle accueillir 372 places debout. Mais à cela s’ajoute un patio, des studios, l’administration, des logements, des bars et la zone technique…

Si vous êtes tenté, allez-y sans hésiter, l’offre culturelle est telle que vous trouverez forcément une animation qui sera faite pour vous !

Anthony Maurin

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