FAIT DU JOUR Orano investit 1,7 milliard d’euros à Tricastin pour se passer de l’uranium russe

Le premier plot de l'extension de l'usine Georges-Besse 2 a été posé ce jeudi matin à Pierrelatte
- Photo : Thierry AllardLes conséquences de la guerre en Ukraine, et du contexte géopolitique qu’elle a engendré, sont multiples. La pose de la première pierre, ou plutôt du premier plot, de l’extension de l’usine d’enrichissement de l’uranium Georges-Besse 2, sur le site d’Orano Tricastin ce jeudi matin, en fait partie.
Pour comprendre les enjeux de ce chantier d’importance, qui représente un investissement colossal d’1,7 milliard d’euros pour Orano, il faut d’abord rappeler que les centrales nucléaires fonctionnent grâce à de l’uranium enrichi, c’est-à-dire que l’uranium extrait des mines doit être enrichi en isotope 235, le seul à dégager de l’énergie par fission. C’est ce que fait Orano sur son site de Tricastin, au sein de l’usine Georges-Besse 2. Or, 43 % de l’uranium enrichi au niveau mondial provient d’un opérateur russe, Rosatom, entreprise d’État. Orano représente 12 % de ce marché, et alimente chaque année 90 millions de foyers avec son uranium enrichi à Tricastin.
Si, pendant des décennies, les centrales nucléaires du monde entier ont tourné avec pour partie de l’uranium enrichi russe sans que ça ne pose problème, désormais la donne a changé. « L’enjeu est de permettre à nos clients européens, asiatiques et américains de se désensibiliser des importations russes », pose le directeur général d’Orano, Nicolas Maes. Sachant que, depuis août dernier, l’importation d’uranium russe est interdite par la loi aux États-Unis. « C’est un enjeu de souveraineté », souligne Claude Imauven, le président du conseil d’administration d’Orano, entreprise détenue à 90 % par l’État français.
Surtout que la France maîtrise, à Tricastin, les technologies les plus avancées dans l’enrichissement de l’uranium, par centrifugation, « une technologie 100 % française », glisse Claude Imauven, qui présente, entre autres, l’avantage de consommer très peu d’énergie par rapport à l’ancienne technique de diffusion gazeuse, et de ne pas nécessiter d’eau pour son refroidissement.
La stratégie du copier/coller
Bref, dans ce contexte géopolitique tendu qui fait que les exploitants cherchent à se passer le plus rapidement possible des importations russes, Orano a son mot à dire. Lancée en 2011, l’usine Georges-Besse 2 était dès le départ prévue pour être éventuellement agrandie. Une précaution qui sert aujourd’hui, et permet de mener rapidement son projet d’extension : « La préparation du site a commencé début 2023, le permis de construire obtenu mi-juin dernier, les grues montées en juillet 2024, le premier béton coulé en août », déroule Frédéric Bernasconi, directeur du programme sur l’aspect maîtrise d’ouvrage du chantier. Un chantier colossal, sur lequel plusieurs centaines, avec des pics à un millier, de personnes travailleront chaque jour jusqu’à 2027, chantier pour lequel « nous avons recours à des entreprises régionales, un gage de réactivité, de performance et d’efficacité », estime François Lurin, directeur de la business-unit Chimie et enrichissement chez Orano.
Premier plot ?
D’ordinaire, on parle de pose de première pierre. Sur ce projet, les officiels ont posé un premier plot, « un plot anti-vibratoire, nous allons en poser 480 », précise Frédéric Bernasconi, directeur du programme sur l’aspect maîtrise d’ouvrage. « Au-dessus de ces plots, il y aura la dalle sur laquelle reposeront les centrifugeuses », rajoute-il. Des centrifugeuses prévues pour fonctionner sans s’arrêter durant plusieurs décennies.
Pour respecter le planning, à savoir un démarrage en 2028 et une exploitation complète en 2030, « nous appliquons la stratégie du copier/coller, pose Frédéric Bernasconi. Nous avons la chance d’avoir une usine relativement récente, qui nous permet de copier l’object technique. » « Cette stratégie nous permet de rester au même niveau de performance », rajoute Dorine Leo, responsable de l’usine Georges-Besse 2, sachant qu’une partie du personnel impliquée dans cette extension était déjà de la partie pour la construction de l’usine initiale.
En d’autres termes, l’extension sera un pur prolongement de l’usine nord, qui va passer de six modules de centrifugation à dix. De quoi permettre à l’ensemble de l’usine Georges-Besse 2 de produire, à terme, 30 % d’uranium enrichi en plus, et ainsi passer de l’équivalent de 90 millions de foyers alimentés à 120 millions. « L’usine et son extension ne sont pas seulement un outil industriel, mais un outil stratégique, de souveraineté », résume Claude Imauven. « C’est un enjeu hautement stratégique de souveraineté et de rayonnement international de la France », abonde François Lurin. De quoi justifier, en plus des engagements à long terme, sur au moins dix ans, pris par des clients d’Orano, l’investissement d’1,7 milliard d’euros, « qui est dans le top 5 des investissements français de ces dernières années », rappelle François Lurin. C’est aussi « de loin le plus gros projet d’augmentation de capacité d’enrichissement du monde occidental », rajoute Nicolas Maes.
Un projet aux États-Unis
Pour le territoire, « c’est un chantier structurant », estime le maire de Pierrelatte (Drôme) Alain Gallu, au coeur « d’une filière qui compte beaucoup pour la région Auvergne-Rhône-Alpes », rappelle la première vice-présidente de la Région Stéphanie Pernod, un projet « qui confirme l’importance du nucléaire pour l’économie du territoire et la souveraineté du pays », note le préfet de la Drôme Thierry Devimeux, qui souligne aussi la place du nucléaire « pour accélérer la transition énergétique dans notre pays. »
Dans un contexte global de développement du nucléaire, en France et dans le monde. « On prévoit une multiplication par trois des capacités de production d’énergie nucléaire dans le monde d’ici à 2050 », affirme Claude Imauven, faisant référence à l’appel lancé en décembre dernier lors de la COP 28 par 22 pays, dont la France et les États-Unis, en vue de réduire la dépendance au charbon et au gaz et ainsi de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Le contexte géopolitique permet donc à Orano de voir loin. « Nous avons des projets d’envergure en France et à l’international », affirme François Lurin, qui évoque aussi le projet potentiel de construction d’une usine d’enrichissement d’uranium directement aux États-Unis, un pays « qui importe 70 % de son uranium enrichi, dont 30 % de Russie », note Nicolas Maes. « Cette usine s’inscrirait en complémentarité de Georges-Besse 2, pour sécuriser et couvrir les besoins des États-Unis, le premier parc nucléaire mondial », avance-t-il. Le projet n’est pas encore validé, cependant Orano a déjà un site en vue, dans le Tennessee.
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