Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 19.08.2024 - Yannick Pons - 3 min  - vu 6938 fois

FAIT DU JOUR Pêche interdite dans le port du Grau-du-Roi : le maire reste à l'écoute

Au port du Grau-du-Roi (2022)

- Photo Yannick Pons

À la suite de l'instauration du décret d’interdiction de la pêche à la ligne dans le port et dans le chenal au mois de juin, le maire Robert Crauste reste ouvert à la discussion alors que les pêcheurs amateurs se mobilisent.

La pratique de la pêche de loisir est interdite dans de nombreux ports, notamment dans le sud de la France. En 2021, une dérogation au code des transports, qui interdit la pêche dans les ports, avait été accordée par la Région Occitanie et par la commune du Grau du Roi.

« Il y a des braconniers, mais aussi des retraités qui viennent pêcher avec leurs petits-enfants, mais c’est une loi qui s’applique à tous. Ce sont des décisions qui ne font pas plaisir à tout le monde, mais je les assume »

Robert Crauste

La pêche est interdite dans le port, mais aussi dans le chenal • Photo Yannick Pons

Alors que Robert Crauste, le maire du Grau-du-Roi, avait fait une proposition qui était moins restrictive, un arrêté d'interdiction totale a été validé par la Région Occitanie dans un contexte de conflit d'usage récurrent et historique entre les pêcheurs professionnels et les pêcheurs à la ligne.

Goutte d'eau

Le conflit entre les pêcheurs à la ligne et les chalutiers dure depuis longtemps. Invectives, jets de canettes de bières…  Ainsi, dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 juin, plusieurs chalutiers ont essuyé des jets de projectiles, de type bille d’acier ou de plomb, provenant des digues d’entrée du port, blessant un marin à la tempe.

Bien que les faits aient été attribués à des pêcheurs de loisir, pour l'instant l'enquête est en cours. « Cette fois, les choses sont allées trop loin. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, et nous ne sommes pas les seuls concernés », dénonce David Papy, président de l’association graulenne des fêtes de la Saint-Pierre.

Au port du Grau-du-Roi, les pêcheurs amateurs et professionnels se côtoient • Photo Yannick Pons

Les fils de pêche s'enroulent autour de l'arbre d'hélice des chalutiers, provoquant une dégradation du joint torique. « Il arrive que les bateaux doivent rester à quai pendant plusieurs jours, entraînant des frais de réparation pouvant atteindre 40 000 euros », indique Robert Crauste.

Tous concernés

Mais les pêcheurs professionnels ne sont pas les seuls concernés par le problème. Si ce chenal est le seul accès à la mer pour les chalutiers et des "petits métiers" de la pêche, il est également emprunté par des plaisanciers, des amateurs de voile sportive et de kayak de mer par exemple.

Sorties naturalistes ou balades en mer, Le Picardie II est basé au Grau-du-Roi • Photo Picardie

Eux-mêmes exposés au risque d’être accrochés par les hameçons des lignes plantées sur les bords du chenal, les jet-skis ainsi que les bateaux des particuliers ou les catamarans touristiques comme Le Providence et Le Picardie II en subissent aussi les conséquences.

Pêche interdite à tous

La pêche à la ligne est donc désormais interdite dans le port et le chenal du Grau-du-Roi depuis la fin du mois de juin. En cas d’infraction, les contrevenants sont passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 € et qui peut être portée à 3 000 € en cas de récidive.

Mais les pêcheurs de loisir du Grau-du-Roi ne l’entendent pas de cette oreille et se réunissent afin de faire bouger les lignes. « Il y a des braconniers, mais aussi des retraités qui viennent pêcher avec leurs petits-enfants, mais c’est une loi qui s’applique à tous. Ce sont des décisions qui ne font pas plaisir à tout le monde, mais je les assume », justifie Robert Crauste.

Compromis possible ?

En dépit d'actions de sensibilisation mises en place, 150 infractions ont été relevées lors de près de 100 opérations de contrôle réalisées annuellement et autant d’avertissements ont été adressés aux contrevenants par la région Occitanie. Depuis 2023, une poignée de récidivistes ont été poursuivis et sanctionnés par le tribunal administratif dans le cadre de procédures de grande voirie engagées par la Région.

« Je suis un adepte de la liberté parce que je comprends les passionnés de la pêche de loisirs. Je reste à l’écoute, je crois que l’on peut travailler sur des solutions », conclut Robert Crauste qui a déjà rencontré un représentant de la cause des pêcheurs amateurs.

Yannick Pons

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