FAIT DU JOUR Rythmes scolaires : St-Julien-les-Rosiers dépose un recours au Conseil d'Etat
Alors que la nouvelle ministre de l'éducation a mis en garde les maires récalcitrants à la réforme des rythmes scolaires, le village de St-Julien-les-Rosiers a choisi de rentrer dans le cadre législatif tout en demandant son abrogation au conseil d'Etat. Une vingtaine de communes en France ont décidé de le soutenir, dont les Salles du Gardon et Issy-les-Moulineaux.
Serge Bord, qui se revendique très à gauche sur l'échiquier politique, vient d'entamer son 2e mandat à St-Julien-les-Rosiers, près d'Alès. Il n'a jamais caché son hostilité à cette réforme dont il pensait qu'elle resterait lettre morte. Mais cette dernière a bel et bien vu le jour."Cette mesure porte le germe du démantèlement de l'école de la République. Elle crée une différence dans la prise en charge des enfants et donc dans leur éducation. Suivant si l'on est dans un commune de grande ou de petite taille, elle creuse une inégalité financière et pédagogique entre les enfants du pays. Sans compter des embauches précaires qui offrent 3h de travail par jour", assure le maire qui va jusqu'à affirmer que les villes qui suivent le mouvement collabore à un système inique. "Nous sommes dans un fonctionnement jacobin où Paris décide pour la province qui doit suivre".
Uniquement de la garderie
Même s'il crée ce qu'il dénonce, le maire a décidé d'organiser une réforme sans projet éducatif de territoire. Concrètement, aucune activité périscolaire n'est organisée et seule une garderie est mise en place. "On a effectué deux embauches à temps plein qui nous coûtent entre 15 000 et 20 000€ par an, et nous avons instauré une garderie gratuite. Si j'avais opté pour des TAP, il nous aurait fallu prendre 11 animateurs et débourser 50 000€, et nous ne les avons pas!", insiste Serge Bord, soutenu par son personnel.
"On en a beaucoup discuté et on ne pouvait pas faire autrement. Le maire n'aurait pas volontairement créé un mauvais dispositif, uniquement par revendications politiques. Je n'ai aucun doute là-dessus. Je soutiens d'ailleurs à 100% le recours du maire. On devrait pas avoir le droit de faire ce qu'on fait. On va faire 3h de garderie à la suite, dont la première heure avec de nombreux élèves. Ça n'a aucun intérêt", indique Philippe Boyer, animateur depuis 14 ans à St-Julien-les-Rosiers.
Un argumentaire de 30 pages
En parallèle de ce choix pas forcément soutenu par les parents qui déplorent de voir leurs enfants en garderie de 15h30 à 18h30, Serge Bord a décidé, soutenu par sa majorité municipale, de déposer un recours au Conseil d'Etat. "Certains maires ont déjà tenté cette démarche, mais ils ont été déboutés. De mon côté, j'ai lancé un appel en national et, à ma grande surprise, une vingtaine de maires de toute la France m'ont répondu, dont Les Salles du Gardon et Le Moulinet dans le Gard, et Issy-les-Moulineaux. Nous avons fait un appel à un avocat qui a rédigé un document de 30 pages avec un nouvel argumentaire. Dès qu'il sera validé par les communes concernées, nous écrirons une lettre au 1er ministre pour demander l'abrogation de la loi. Il nous enverra une fin de non-recevoir et le dossier partira alors au Conseil d'Etat", explique l'ancien communiste.
Un recours qui a peu de chances d'aboutir, mais le maire y croit : "C'est le pot de terre contre le pot de fer. Mais il faut entreprendre, quand on agit, on vit. On ne peut pas toujours laisser passer les choses".