FAIT DU JOUR Une rentrée scolaire en pleine crise sanitaire
Ce mardi, au lendemain du déconfinement, un certain nombre de communes gardoises ont rouvert leurs écoles.
Retour sur une rentrée particulière à plus d’un titre, que ce soit pour les élèves ou le personnel enseignant, en maternelle et en primaire. Surtout que cette fois le maître devra faire respecter... le mètre (de sécurité sanitaire) !
À Uzès
Autant en convenir tout de suite, la scène a quelque chose d’étrange. Hors contexte, on pourrait croire à un jeu de cour de récré, comme une partie de jeu de dames à taille humaine, avec chaque enfant dans sa case. Des marques ont été peintes au sol et chacun des 70 élèves présents ce matin à l’école élémentaire du groupe scolaire Jean-Macé, à Uzès, a les pieds sur une de ces marques. D’habitude, ils sont 260.
Ils écoutent religieusement le directeur de l’école, Emmanuel Gault, qui, micro en main, rappelle l’ensemble des consignes, avec en point d’orgue la désinfection des mains à l’aide du gel hydro-alcoolique présent dans les trois écoles publiques de la ville. Quant aux récréations, elles n’échapperont pas à la distanciation physique, et le personnel enseignant a prévu notamment des ateliers permettant de respecter cette contrainte. Les élèves seront notamment invités à participer à des « flashmobs » (des chorégraphies) ou à du yoga. D’autres activités individuelles, comme certains jeux et la lecture par exemple, sont également autorisées.
En classe, « nous aurons entre huit et douze élèves. Nous avons écarté les bureaux », précise Emmanuel Gault. Dans la salle de classe, des étiquettes avec le nom des élèves ont été apposées. Quant aux élèves qui ne reprendraient pas encore le chemin de l’école, et ils sont nombreux, la pédagogie se poursuit en « distanciel », selon le terme du directeur de l’école. « Nous envoyons le travail aux parents. C’est à eux de faire la mise en place et nous les accompagnons. Jusqu’ici, ça s’est très bien passé », affirme-t-il.
Sur place, le dispositif est rodé : « Nous étions prêts. Le groupe scolaire (Jean-Macé, ndlr) a accueilli les enfants des soignants et de gendarmes, donc on a travaillé sur ce site. On avait commencé à préparer les distanciations donc tout se passe bien », affirme le maire d’Uzès, Jean-Luc Chapon, qui a passé une tête dans les écoles de sa commune ce mardi matin. Un maire qui estime que « les enfants ont compris. Ils gardent leurs distances et ont compris qu’il fallait se protéger. C’est très bien, et il faut remercier tous les professeurs qui sont là, au travail. »
Du côté de l’école maternelle du Parc, seulement dix élèves de grande et moyenne section étaient présents ce mardi matin sur les 88 habituels. Et encore, ils devaient être quinze, mais visiblement, certains parents ont changé d’avis au dernier moment.
« Ils savent déjà pas mal de choses. Ils ont été informés par leurs parents », remarque le directeur. Le but est aussi d’« expliquer, dédramatiser la situation », ajoute-t-il. Pour y parvenir plus facilement, la rentrée sera progressive, des plus grands aux plus petits. Sur place, tout a l’air de se passer plutôt bien, même si, le directeur le reconnaît « il y avait un peu d’anxiété aussi chez les enseignants. »
Finalement, « les élèves sont heureux de reprendre, ça se voit », relève Alain Limouzin, tout en affirmant que le plus difficile sera, pour ces petits, « de limiter les interactions et les échanges. » Outre la cour de récréation, qui sera divisée en quatre parties, l’école bénéficie d’un pré attenant. « C’est un avantage, et nous ne manquons pas de ressources et d’idées », affirme le directeur.
D’une manière générale, cette rentrée particulière c’est visiblement bien passée, tout le monde, enseignants comme élèves, faisant montre de bonne volonté.
À Aimargues
Ces derniers, à l'image de Lou, scolarisée en CM2, n'étaient pas inquiets de retourner en classe : "Je sais les gestes qu’il faut faire et si je les fais, je sais que je peux me protéger et que ça n’est pas dangereux pour moi" , a-t-elle résumé. Une réaction à retrouver dans une vidéo, ci dessus.
Du côté des parents on accepte ce bouleversement. "La crainte, on l'a quand même mais on apprend à vivre avec", réagit une maman d'une élève de CE1, contrainte de remettre sa fille à l'école car elle reprend le travail.
"On ne va pas rester éternellement confiné. Je ne voulais pas que mon enfant ait une coupure de six mois avec l'école", complète Ambroise, papa de Romane et professeur d'EPS au collège de Saint-Gilles où il aurait dû effectuer sa pré-rentrée aujourd'hui. Un rendez-vous décalé par sa direction, faute de masques. À Aimargues, les professeurs en disposent de deux équipements par jour. Mais ce qui rassure en partie les parents c'est le faible nombre d'élève par classe.
À Saint-Gilles, derniers préparatifs avant la rentrée de jeudi
Dans d'autres communes du Gard, les écoles ne rouvriront que jeudi notamment à Alès et Nîmes. À Saint-Gilles, dans le sud du département, environ 20% des 1 700 élèves scolarisés doivent retrouver le chemin de leur établissement. Alors depuis plusieurs semaines, la mairie saint-gilloise se mobilise pour préparer au mieux cette rentrée : "Nous avons travaillé sur l'organisation à l'entrée des écoles, la gestion des flux... On fera deux entrées et deux sorties. Nous avons également désinfecté les classes la semaine dernière avec un diffuseur que nous avons loué", expose Dominique Tudela, première adjointe à la ville de Saint-Gilles.
À l'école Jean-Moulin, les enseignants ont repris le travail dès lundi. Ils se préparent à accueillir une cinquantaine d'élèves qu'ils répartiront en petits groupes. Là-aussi les maîtres et maîtresses ont dû s'adapter pour respecter les règles d'hygiène. "La salle de classe a été en partie vidée. Nous avons enlevé le matériel excédentaire pour faire de la place. Nous avons réaménagé la salle en mettant des bureaux individuels et en respectant les quatre mètres carrés nécessaires par élèves", explique Audrey Ville, professeur des écoles en classe de CP.
Autre préoccupation : l'organisation des repas le midi. Que mangeront les petits saint-gillois ? Et surtout dans quelles conditions ? "Nous allons distribuer des repas froids fournis par notre prestataire. L'avantage c'est qu'il n'y aura aucun contact avec le personnel de service. Chacun aura sa portion individuelle et pourra manger à son rythme. Quant aux écoles qui n'ont pas de réfectoire, les élèves mangeront dans une salle que nous avons dédiée pour la prise de repas", poursuit Dominique Tudela.
Enfin, cette rentrée pas comme les autres soulève une autre question. Si la réouverture des écoles permet aux parents d'aller travailler, qu'en est-il des enfants ? La classe s'apparentera-t-elle à une garderie ou y aura-t-il une réelle continuité pédagogique ? "Chaque élève revient après deux mois avec des niveaux hétérogènes. Les élèves auront très certainement des choses à dire. On va échanger sur les gestes barrières et l'organisation de l'école. Côté pédagogique, nous ferons un point au cas par cas et nous avancerons doucement. Nous n'envisageons pas de boucler le programme sur la fin d'année", indique Audrey Ville.
Comme certains autres petits Gardois, les petits Saint-Gillois ont encore quelques jours avant leur grand retour en classe. Un retour qui leur permettra, à eux-aussi, de retrouver une vie sociale.
O. C.