Publié il y a 14 h - Mise à jour le 03.12.2024 - Thierry Allard - 4 min  - vu 154 fois

FAIT DU SOIR À Bagnols, le renouvellement urbain des Escanaux passe à la vitesse supérieure

La démolition de la résidence Mayre Nord, à Bagnols, symbole de l'avancée du renouvellement urbain des Escanaux

- Thierry Allard

C’est une pose de première pierre inversée qui s’est produite ce mardi matin à Bagnols, avec le premier coup de « grignoteuse » sur la résidence Mayre Nord, située à l’entrée du quartier des Escanaux.

Car là, il ne s’agit pas de construire, mais bien de démolir. En l’occurrence une résidence de trois étages et de 40 logements construite en 1961, au pied de l’imposante tour G2 et de ses 14 étages, qui connaîtront le même sort en début d’année prochaine. « Là, on est dans le dur de la rénovation urbaine », pose le maire Jean-Yves Chapelet. Et ce même si le renouvellement urbain des Escanaux a déjà commencé il y a quelques années avec la démolition de la tour des Cèdres tout à côté, et plus récemment celle de l’îlot Carcaixent.

Cette démolition est l’aboutissement de « dix ans de travail avec Habitat du Gard (le bailleur social, ndlr) et les services de l’État », rappelle l’édile, pour faire une rénovation urbaine « en dentelle », dans une petite ville où tout le monde se connaît. Car si démolir la Mayre Nord a pris dix ans, c’est, entre autres, parce qu'« avant de déconstruire, il a fallu reloger les gens », souligne le maire. En tout, « 320 logements sont concernés », par le programme, précise Hanane Taouil, cheffe de projet du programme de rénovation urbaine de Bagnols, dont 40 à la Mayre Nord et 88 à la tour G2. Ces relogements ont été faits « avec énormément d’humanité, beaucoup d’attention, un suivi individualisé », affirme l’adjointe au maire Michèle Fond-Thurial.

« Passer de logements pourris à des logements rénovés ou neufs »

Un gros boulot de bout en bout, mené main dans la main par le bailleur et la Ville, « essentiel pour la réussite d’un tel projet », souligne le directeur général d’Habitat du Gard Stéphane Cabrié. Surtout quand, comme à Bagnols, le projet a été multiplié par deux en cours de route, « passant de 148 à plus de 300 logements démolis et reconstruits », souligne Stéphane Cabrié. De quoi permettre, in fine, « à 300 familles de passer de logements pourris à des logements rénovés ou neufs », souligne le directeur général du bailleur social.

La démolition de la résidence Mayre Nord débute, celle de la tour G2 (en arrière-plan) suivra début 2025 • Thierry Allard

Car la résidence Mayre Nord et la tour G2 ont vécu. De résidences confortables et modernes à leur construction au début des années 1960 dans la foulée du démarrage du site nucléaire de Marcoule, elles se sont progressivement dégradées et ont mal vieilli. « La réalité de ce que vivaient les gens dans ces appartements, il fallait arrêter », souffle le maire de Bagnols, qui emploie ensuite le mot « dignité ». Là où ils ont été relogés, à Bagnols ou dans l’Agglomération, les anciens habitants des tours en cours de démolition ont « une qualité de vie bien meilleure », affirme Stéphane Cabrié.

58 millions d’euros investis

Pour en arriver là, il aura fallu des sous. Beaucoup de sous : « quasiment 58 millions d’euros pour le projet de Bagnols », pose le directeur général d’Habitat du Gard, une somme colossale, mais « c’était absolument nécessaire », estime-t-il. Rien que pour la Mayre Nord, la douloureuse monte à près de 900 000 euros TTC, dont près de la moitié pour le désamiantage. Pour la tour G2, l’opération coûtera près d’1,3 million d’euros HT, avec les mêmes proportions pour le désamiantage.

Le tout entièrement financé par Habitat du Gard, un effort considérable compte tenu du contexte pour les bailleurs sociaux, amputés de 10 à 12 % de leurs recettes par la Réduction du loyer de solidarité (RLS) décidée par l’État en 2019, un an après qu’Habitat du Gard se soit engagé dans la rénovation urbaine de Nîmes et Bagnols. « Pour nous, la RLS représente 6 millions d’euros en moins de recettes par an, mais nous poursuivons la rénovation urbaine malgré ça », souligne Stéphane Cabrié.

D’ici à cet été, il ne restera plus aucune trace de la Mayre Nord ni de la tour G2. Et après ? « On ne reconstruira rien en lieu et place, il y aura de la circulation douce, une esplanade, un parking, des aménagements paysagers », affirme Jean-Yves Chapelet. Seul l’emplacement autrefois occupé par la tour des Cèdres, tout à côté, sera bâti : « on est en train de négocier pour y mettre un hôtel », avance l’élu. Les Escanaux n’en auront pas fini leur transformation pour autant, puisque d’autres résidences, la tour G1, la résidence Mayre Sud et une partie de la celle des Platanes, doivent tomber dans le cadre du projet de renouvellement urbain.

Point travaux

Pour en arriver à la démolition effective du bâti, il a fallu en passer par deux premières phases. « Nous avons commencé par le désamiantage, il y avait de l’amiante en particulier dans les sols et dans quelques conduits, il y en a eu pour un mois de démarches administratives et deux mois de travaux », explique Patrice Foulc, de la société E.T.E., maître d’ouvrage du chantier. Puis le chantier est entré dans sa phase de déconstruction, « nous avons enlevé les isolants extérieurs, les menuiseries, le bois, le PVC, les cloisons en plâtre », détaille-t-il, ce qui a pris un mois. La phase de démolition à proprement parler va prendre « cinq à six jours pour mettre le bâtiment à terre », avance-t-il, puis quelques semaines pour tout nettoyer. Un temps relativement bref, pour « une démolition plus que classique, note Gérard Rodriguez, chargé d’opérations chez Habitat du Gard. Des opérations comme celle-ci, on en fait à la pelle. » Celle de la tour G2 à venir est plus imposante. « Sur G2, nous sommes en train de finir le désamiantage, on a eu quelques surprises dans les multicouches des sols, mais si tout se passe bien on démolira à partir de mi-janvier », affirme Gérard Rodriguez. La tour G2 sera elle aussi « grignotée ».

Thierry Allard

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