GARD Au Parti socialiste, la chasse aux sorcières est lancée
La fédération met à la porte des camarades plus ou moins proches du parti présidentiel La République en marche. Des exclusions qui semblent toutefois à géométrie variable...
Lettre d’exclusion en main, Felix Meysen n’en croit pas ses yeux. Depuis quelques heures, à son corps défendant, le jeune attaché parlementaire de la député macroniste, Françoise Dumas, n’est plus membre du Parti socialiste. Son crime ? Avoir distribué des tracts pour La République en marche le 19 mai, en pleine campagne des élections européennes.
« Des méthodes minables... »
Impossible pour le répudié de contredire cette information. Le Parti socialiste a ses indics, ses délateurs. Connu de nos colonnes comme l'espion de la fédé*, le Nîmois Laurent Thomas a photographié l’infidèle à la sortie des halles. « Me prendre en photo, à mon insu, je trouve que ce sont des méthodes minables. Ce n’est pas digne des valeurs socialistes », se désole l'exclu.
À la tête de cette chasse aux sorcières, le camarade Anthony Alarcon. Incarnant l’aile gauche du PS, le conseiller national a demandé l'exclusion auprès de la commission fédérale des conflits. « Faire la promotion d’un autre parti que le sien, c’est interdit par nos statuts », explique-t-il. « La refondation de notre famille se fera uniquement sur la base de valeurs. Alors est-ce que garder des gens dans une telle ambiguïté nous sert ? »
Deux poids, deux mesures ?
Si faire campagne pour l’adversaire est impardonnable, le jeune Felix Meysen n’est-il pas une cible facile ? Et que dire de l’attachée parlementaire socialiste Caroline Fabre, ex-collaboratrice du socialiste William Dumas qui aujourd’hui aide la députée LREM Annie Chapelier ? « Pour moi, Caroline Fabre fait la distinction entre son métier et sa fonction militante », répond Anthony Alarcon.
Quid alors du président PS du Conseil départemental du Gard, Denis Bouad ? Un socialiste qui a soutenu un candidat LREM aux dernières législatives et qui pourrait bien réitérer aux prochaines municipales. Que penser aussi des élus socialistes de Bagnols - dont la conseillère régionale Catherine Eysseric - qui viennent d’apporter tout leur soutien au maire, soutenu par LREM pour les prochaines municipales ?
Autant de questions qui pourront être posées au premier secrétaire, Olivier Faure, en déplacement jeudi à Nîmes. « Moi en tout cas, je n’ai pas la prétention d’être le justicier masqué qui va plaider toutes les causes », rétorque Anthony Alarcon. Le problème avec la justice, c'est que pour quelle soit juste, elle doit s'appliquer partout et, surtout, à tout le monde, avec les mêmes règles.
Coralie Mollaret (avec Abdel Samari)
*Secrétaire de la section PS sur le canton Nîmes 4.