GARD ET ARLES Les syndicats se mobilisent contre l’extrême-droite
Ce jeudi soir, des manifestations intersyndicales se tenaient à Nîmes, Alès, Bagnols, Arles ou encore Uzès pour dire non à l’extrême-droite, à trois jours du premier tour des élections législatives anticipées.
Des élections organisées suite à la dissolution de l’Assemblée nationale décidée le 9 juin dernier par le président de la République Emmanuel Macron, qui pourraient, selon les sondages, donner au Rassemblement national une majorité, relative ou absolue. Une situation inédite sous la Ve République qui pousse aujourd’hui les syndicats à faire front commun.
À Nîmes
C’est devant le Carré d’art Jean-Bousquet que les manifestants s’étaient donné rendez-vous à 18h. Ils étaient environ 300 à se retrouver à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FSU, UNSA, Solidaires et FO). « Les exigences démocratiques et sociales doivent être entendues ! », était écrit sur la banderole qui ouvrait le cortège. La sono a commencé par diffuser le traditionnel « Antisocial » du groupe Trust avant que les représentants syndicaux ne prennent la parole, avec comme principale cible le RN.
« Pour la première fois, l’extrême-droite peut arriver au pouvoir. La CGT a décidé d’apporter son soutien au Nouveau Front populaire, mais ce n’est pas un chèque en blanc. L’histoire s’accélère, le champ des possibles est grand ouvert. Le pire avec la remise en cause inédite de notre démocratie, mais aussi le meilleur avec la possibilité de renouer avec les conquêtes sociales. Faisons fuir, au soir du 7 juillet, la nuit et le brouillard pour redonner de l’espoir avec la victoire de forces de progrès. Cette victoire est possible et indispensable pour le monde du travail », a déclaré Coralie Jonget, de l’union départementale de la CGT.
Les manifestants ont, lentement, pris la direction de la préfecture du Gard et tous craignaient une victoire de Rassemblement national lors des élections législatives dont le premier tour se déroulera le 30 juin et le second le 7 juillet.
À Bagnols, une centaine de personnes s’est réunie à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, FSU et SUD-Solidaires. « Notre France, c’est celle de Jaurès, du couple Manouchian, pas celle de Pierre Bousquet, un des anciens SS qui a créé le Front national », lance le secrétaire de l’union locale CGT Patrick Lescure. FO reviendra aussi sur l’histoire en rappelant que Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT puis de CGT-FO « fut arrêté par la police du gouvernement d’extrême droite de Vichy puis remis aux nazis qui l’internèrent jusqu’à la Libération », et que le gouvernement de Vichy « pourchassa, arrêta, tortura les militants syndicalistes de la CGT », affirmera Louise Moulas.
Si l’extrême droite est aujourd’hui en passe de l’emporter, « c’est suite à la décision mortifère d’Emmanuel Macron », estime Corinne Place pour la FSU. « Macron le pyromane ose crier au feu », s’étrangle Patrick Lescure, qui accuse le président de la République d’avoir mené « les femmes et les hommes de ce pays dans la désespérance et une grande colère qui a pu les pousser à se laisser duper par les mensonges de l’extrême droite. »
L’extrême droite qui est « l’ennemi mortel des travailleurs, des racisés, des LGBTQIA+, de la démocratie, lancera Marta Nicolas, pour SUD. Leur programme est de conserver les privilèges de quelques uns en désignant des boucs émissaires. » « L’extrême droite ne résout jamais les problèmes du peuple, ne s’attaque jamais au capital », rajoute Patrick Lescure, qui accuse aussi le RN de préparer « une casse des services publics. » « Le RN c’est la privatisation de l’audiovisuel public et des universités », renchérit Marta Nicolas.
Dans ce contexte, la CGT appelle clairement « à voter pour le Nouveau Front populaire », annonce Patrick Lescure, même si « ce n’est pas un chèque en blanc », rejoint par SUD qui appelle « à s’engager dans la dynamique du Nouveau Front populaire. » FO rappelle son « indépendance syndicale », mais aussi son « combat contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et le sexisme », et FSU « appelle à voter dès le premier tour pour l’alternance du progrès et de la justice sociale. »
À Uzès
« Je suis là pour défendre les valeurs démocratiques de notre pays qui semblent galvaudées par l’extrême-droite. Je me pose des questions sur nos libertés fondamentales et vis-à-vis des étrangers. Je suis inquiet pour la nouvelle jeunesse qui arrive ». Voici les mots de Gilbert, un habitant de Baron venu à Uzès pour la mobilisation contre l’extrême-droite. Une bonne centaine de personnes ont répondu à l’appel des syndicat et du collectif "Mobilisons Uzès" et se sont réunies devant la mairie, avant de descendre le boulevard et de s’arrêter au Provençal pour un apéro participatif et citoyen. « Aujourd’hui, on veut réunir les gens qui sont contre les idées de l’extrême-droite qui opposent et divisent. Nous on prône le vivre ensemble, il faut juste mieux partager les richesses », revendique Philippe Alby, secrétaire général de l’union locale CGT d’Uzès. Les personnes présentes ont aussi entonné la Marseillaise, « qui n’appartient pas qu’au RN ».
Dans le cortège, il y a des syndiqués, des militants de gauche et du Nouveau front populaire, des citoyens et aussi des jeunes. Plusieurs jeunes femmes d’une vingtaine d’années brandissent des pancartes anti-Rassemblement national. Sur l’une d’elle, il est écrit : « On sait déjà que l’été sera chaud, évitons qu’il soit facho ». Celle qui porte ce message s’appelle Anouk et veut montrer avec ses camarades que la montée du RN, « ce n’est pas ok ». Plus loin dans la foule, il y a aussi Bernard Perrier, référent PS de l’Uzège : « Il y a un choix important à faire pour une société du bien vivre ensemble. Certains gens disent qu’ils ont envie d’essayer le RN, mais non, on n’essaie pas l’extrême-droite. » Le candidat Nouveau Front populaire de la 6e circonscription, Nicolas Cadene, devait ensuite rejoindre le rassemblement uzétien.
À Arles
Dans les Bouches-du-Rhônes aussi la CGT s'est mobilisée devant les sous-préfectures, notamment à Arles où une quarantaine de personne s'est mobilisés. "La manifestation n'avait pas vocation à être un rassemblement de masse, donc cest déjà bien" explique Nicolas Bourcy, secrétaire de l'Union locale CGT d'Arles. Il s'est exprimé, avec Jeremy Zucchelli de l'Union Départementale CGT, pour dénoncer le programme du RN vis à vis du monde du travail, de même que l'impact des "politiques macronistes" sur ce dernier. C'était également l'occasion pour eux de rappeler les revendication du syndicat pour les droits des travailleurs, et d'inciter une nouvelle fois les arlésiens à voter pour le Nouveau Front Populaire.