GARD RHODANIEN L’hommage aux Harkis, dont l’histoire reste « une plaie ouverte »
Hier se tenait la journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives. Une journée qui revêtait un caractère particulier à Laudun et Saint-Laurent-des-Arbres, où plus de 1 000 harkis ont vécu de 1962 à 1976 dans des conditions très difficiles.
Alors cette journée, c’était cette année encore pour les Harkis et leurs descendants l’occasion de parler de ces hommes et femmes qui ont choisi la France en pleine guerre d’Algérie. Un choix qu’ils ont payé cher : « ils se sont engagés sans condition, et ont été abandonnés par la France dans l’indifférence générale, ils n’ont pas eu la reconnaissance espérée de la nation qu’ils avaient choisi de défendre », résumera Fatiha Gasmi, de l’Association nationale des rapatriés anciens combattants d’Afrique du Nord (ARACAN).
Car les Harkis, victimes de massacres pour ceux restés en Algérie après le cessez-le-feu en 1962, ont aussi souffert en France, pour ceux qui avaient pu traverser la Méditerranée, avec des placements dans des camps et des hameaux de forestage, comme à Saint-Maurice-l’Ardoise, où les conditions de vie étaient très difficiles.
« Il faut reconnaître la vérité », lancera ensuite le président de la Coordination Harka Hacène Arfi. « La France en quittant l’Algérie a abandonné une partie de son armée, cela doit être reconnu officiellement, comme l’accueil qui leur a été réservé en France », poursuivra-t-il devant la stèle du camp.
La reconnaissance, le mot revient très souvent dans les discours des Harkis. Il faut dire que la mémoire de cette période troublée et des années qui ont suivi a mis du temps à commencer à se faire jour. D’ailleurs, des révélations sortent encore régulièrement : ainsi, après un long travail d’enquête, l’ARACAN a retrouvé l’année dernière un cimetière provisoire de nourrissons sur l’ancien camp de Saint-Maurice-l’Ardoise. « 31 enfants ont été enterrés dans le camp, cette histoire mérite la plus grande considération de la nation », estimera Fatiha Gasmi, en précisant que le dossier fait l’objet « d’un examen attentif » des autorités.
Les maires de Laudun-l’Ardoise et de Saint-Laurent-des-Arbres, Yves Cazorla et Philippe Gamard, liront chacun le mot de la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants Geneviève Darrieussecq. Un texte dans lequel le gouvernement reconnaît que « la France a abandonné ses propres soldats, qui l’avaient choisi, servi, et n’a pas su les accueillir. Il reste une plaie ouverte dans notre mémoire collective. »
Pour tenter de la refermer, la ministre insistera sur les stèles et mémoriaux, pour transmettre cette histoire. Un projet de mémorial sur l’ancien camp de Saint-Maurice l’Ardoise est toujours à l’étude.
Thierry ALLARD