Elle va fêter ses 24 ans dans une semaine et a déjà un beau parcours en D1 féminine derrière elle. Après un passage à Metz, elle avait rejoint l'Union Mios-Biganos-Bègles en 2014. Le club girondin vient de déposer le bilan. Libre de tout contrat, Chloé Bulleux fait son retour au HBCN avec des sentiments partagés entre pincement au cœur et réelle joie de retrouver ses coéquipières de jeunesse.

Objectif Gard. Tu quittes l'UMBB dans quelles conditions ?

Chloé Bulleux. Ça a été très compliqué et très rapide. En une semaine tout était réglé, quand on a su que l'UMBB n'allait pas finir la saison on s'est vite rapproché avec le HBCN, j'ai déménagé en deux jours. Bertrand Roux avait pris contact avec le président de l'UMBB pour lui dire que s'il voulait s'alléger, il avait une place pour me prendre en tant que joker médical. Le président de l'UMBB n'avait pas donné suite, mais une semaine plus tard le club a déposé le bilan.

Qu'est ce que tu laisses derrière toi là-bas ?

Plus rien, je suis un peu dégoûtée, je ne sais pas trop si je dois être heureuse en étant ici, mes sentiments sont mélangés car je suis en colère et triste envers ce club, et en même temps je suis très heureuse d'être ici. J'ai toujours eu envie de revenir mais pas dans ces conditions là. Nîmes est mon club et ma ville de cœur, il y a mes amis, ma famille. Mais j'avais aussi beaucoup d'attaches à Bordeaux et c'est ce club qui m'a permis de devenir la joueuse que je suis aujourd'hui, j'ai beaucoup évolué en jouant là-bas. Donc je laisse des copines, un super entraîneur, des supporteurs merveilleux.

Tu t'attendais pas à ce que cela se termine comme ça après seulement une saison et demi.

Non, puisqu'en juillet la fédération et le CNOSF ont autorisé le club à repartir donc pour moi tout était dans les règles. Je ne pensais absolument pas me retrouver là, le 9 novembre à m’entraîner avec Nîmes. À chaque fois que je passe ici c'est en vacance, je passe les voir à l'entrainement. Ce sont mes potes, et là ça devient mon équipe alors qu'on s'est affronté il y a quelques semaines. C'est assez étrange. Bordeaux, j'ai eu le coup de foudre pour cette ville. Mais Nîmes ça a toujours été chez moi. C'est le club qui m'a vu et fait grandir.

Psychologiquement comment tu te sens ?

Physiquement je suis en forme mais mentalement je suis atteinte nerveusement. Mais ici on me chouchoute, le médecin et l’ostéopathe ont pris soin de moi. Les objectifs du groupe sont d'obtenir un titre cette année, idem à titre personnel. J'en ai gagné un l'an dernier avec l'UMBB alors qu'on n'avait pas fait une super saison. Là, on a une équipe pour gagner quelque chose et j'y compte bien. Puis c'est une année importante au niveau international pour moi avec les Championnats du monde en décembre et les Jeux Olympiques en fin d'année. J'ai envie d'être un joker pas seulement "médical", d'apporter une plus-value à ce groupe et de bien m'intégrer.

Tu as l'air plus touché humainement que sportivement.

Oui, sportivement on était une jolie équipe mais on n'avait pas gagné grand chose cette année. Ce qui était bien, c'est que j'avais beaucoup de responsabilité, ici j'en aurais surement un peu moins. Je défendais devant, je montais les ballons, je tirais les penaltys, dans les vestiaires aussi j'étais la 4 ème plus âgée de l'équipe à 23 ans. Ici, j'aurais moins de responsabilité mais je vais jouer un titre.

Qu'elles sont les joueuses avec lesquelles tu as le plus d'affinités au HBCN ?

Clairement ici je n'ai que des potes, je m'entend très bien avec Camille Asperges, je dors chez elle en ce moment (rire). Julie Goiorani est une amie depuis 10 ans, Camille Ayglon, Blandine Dancette, Delphine Carrat, Charlène Clavel, on se connait depuis des années et je les porte vraiment dans mon cœur. C'est aussi ça qui est bizarre. Quand on arrive dans une équipe où l'on ne connait personne, on se met à fond dedans, tout est nouveau. Là, je suis avec des potes. Je dois me mettre dans la tête que je suis revenue et que c'est mon équipe.

Christophe Chagnard a l'idée de vous faire jouer aussi arrière droite avec Blandine Dancette. Tu te sens capable ?

Cela ne me pose aucun problème du moment que je suis sur le terrain. J'aime jouer, n'importe où, je suis contente. Après, je suis pas super en confiance à ce poste mais si je m’entraîne pour ça je n'y vois aucun inconvénient. Mais aujourd'hui en tant qu'arrière droite je ne met pas un pied devant l'autre. Avec du travail, pourquoi pas. C'est ce qu'il m'avait dit avant même de signer. J'ai déjà joué à ce poste au début de ma carrière à Nîmes. Je n'étais pas l'arrière du siècle mais je pouvais m'en sortir pendant 10 ou 15 minutes. Ça peut revenir, le tout, c'est que je ne joue pas seulement arrière.

Maintenant que tu es de retour, tu penses rester jusqu'à quand ?

Au moins une saison supplémentaire déjà. Et puis pour tout avouer j'en ai un peu marre de bouger et Nîmes est un club qui progresse depuis 5 ou 6 ans, donc si ça continue comme ça, qu'on peut embêter les plus grands, gagner des titres et si ils veulent toujours de moi, je n'aurai pas de raison de partir. Après on en est encore loin. Quand je suis partie de Nîmes, j'avais dis que je reviendrai. J'avais simplement envie de progresser ailleurs, de m'épanouir, de grandir. Là, c'est un peu prématuré mais c'est mon club, ici j'ai tout, c'est beaucoup plus facile pour moi surtout que c'est une année très importante. C'était donc le meilleur choix et le meilleur club.

Jusqu'où peut aller le HBCN en EHF Cup ?

C'est une très jolie coupe et avec l'effectif qu'on a je pense qu'on peut aller au moins jusqu'en quart de finale, voir au delà. J'espère aller en finale, contre une équipe danoise ou norvégienne, ça serait énorme. D'autant plus que j'ai gagné la Challenge Cup (3ème coupe européenne) l'année dernière avec l'UMBB et en 2009 avec le HBCN. L'EHF Cup, c'est un niveau au dessus.

Qu'est ce que tu penses pouvoir apporter à l'équipe ?

J'ai progressé dans le volume de jeu, en défense aussi, je suis présente partout. Depuis le début de saison j'ai un bon pourcentage au shoot également.

Baptiste Manzinali