LAUDUN-L'ARDOISE Implantation d'une plateforme Gifi : le Comité de défense s'inquiète des nuisances
En début de semaine, le Comité de défense du hameau de L'Ardoise a tenu son assemblée générale. La première depuis 2019 (hormis l'AG exceptionnelle d'il y a un mois), car le covid avait suspendu les réunions. L'occasion pour son président, Dominique Griotto, de retracer les avancées de l'association depuis et de parler du grand sujet du moment : l'implantation future d'une plateforme logistique Gifi sur l'ancien site d'Arcelor-Mittal, arrêté depuis presque 20 ans.
Plusieurs conseillers municipaux d'opposition étaient présents dans la salle (certains ont démissionné ce mercredi), il y avait aussi des habitants de L'Ardoise et des membres du collectif. Dominique Griotto a constitué un important dossier recensant toutes les nuisances que pourrait induire l'implantation de Gifi à L'Ardoise. Il y a la perte en valeur des biens immobiliers, le risque de bouchons et d'accidents, les bruits mais aussi la pollution générés par le transit de 240 camions au mieux, 500 au pire. "Les nouveaux pots catalytiques des poids-lourds rejettent des pellicules ultra-fines (PUF). Elles sont tellement fines qu'elles passent la paroi du corps. Des recherches indiquent qu'elles auraient un impact sur le développement cognitif des enfants", alarme le président du Comité de défense. Il craint qu'avec le vent, ces particules se retrouvent dans la cour de l'école.
Michel Mazzoleni habite depuis plusieurs dizaines d'années à L'Ardoise. Il a même travaillé à Arcelor-Mittal quand l'usine était encore en fonctionnement. Si la plateforme Gifi se construit, des camions circuleront à 9m de chez lui. Son seul souhait ? "Que le projet ne se fasse pas et s'il se fait, qu'au moins, la sortie des camions se fasse par le sud." Dans le public, est aussi assis Patrick Pannetier, ex-premier adjoint, désormais chef de file d'un des groupes d'opposition au conseil municipal. Lui-même, au cours de sa vie professionnelle, a tenu un entrepôt et connaît bien les difficultés y étant liées : "On parle des problèmes de circulation mais on ne parle pas des zones d'attente. On n'a pas de structures suffisantes pour accueillir tous les camions."
Alors qu'il siégeait encore dans la majorité laudunoise, le choix s'était porté pour le projet Gifi, plutôt que celui de LEF, qui aurait induit encore plus de circulation et de pollution. Mais il a conscience que ces 500 camions supplémentaires vont impacter le hameau, déjà très traversant, mais aussi les communes environnantes comme Roquemaure ou Saint-Geniès-de-Comolas ou même Bagnols-sur-Cèze.
Un compromis de vente bientôt signé
Il faut savoir que le projet de Gifi permettrait la création de 250 emplois. Ce n'est pas rien mais le président du Comité de défense du hameau pense qu'il y a mieux à faire en répondant aussi au risque d'inondation du Rhône : "Il faut valoriser le site. (...) Nous demandons la construction d'une digue de protection qui résoudrait tous les problèmes, qui protégerait les habitations mais aussi les entreprises existantes et à venir. Cela libérerait toutes les surfaces d'Ugine et on pourrait envisager d'y installer par exemple 50 entreprises de 20 salariés : 1 000 emplois."
Le 31 mai, le collectif rencontrera le maire de Laudun-l'Ardoise, Yves Cazorla, pour lui exposer leurs inquiétudes. Contacté par téléphone, ce dernier assure qu'il "écoutera l'avis du Comité de défense mais il faut mettre ça en perspective avec l'emploi. 250 emplois, ça crée de l'activité et forcément un peu de nuisances. Mais il est important de les limiter au maximum." L'édile avance que le compromis de vente va être signé bientôt "mais ça ne veut pas dire que Gifi va s'implanter, je les ai vu, ils m'ont dit que "Si ce n'est pas accepté par la population, on ne viendra pas". Moi je suis avec les habitants, à chaque réunion, je parle de ces nuisances".
"Si vraiment les habitants ne veulent pas Gifi, je les écouterai. Mais je suis aussi obligée d'écouter les habitants qui ne trouvent pas d'emploi"
Des murs anti-bruits pourront être installés en concertation. Concernant la pollution, le maire cherche aussi des solutions : "Un porteur de projet est venu me démarcher car il cherche à implanter une station gaz. Je leur ai dit que ça m'intéressait, on réfléchit à un emplacement en dehors de L'Ardoise. On va en parler aussi à Gifi." Aujourd'hui, le maire est partagé sur le sujet Gifi : "Si vraiment les habitants ne veulent pas Gifi, je les écouterai. Mais je suis aussi obligé d'écouter les habitants qui ne trouvent pas d'emploi. On va écouter avec beaucoup de bienveillance tout ce qu'on nous dira et on va étudier toutes les propositions pour limiter au maximum les nuisances."
La municipalité va d'ailleurs envoyer un courrier à l'État pour tenter d'obtenir une sortie des camions qui se ferait au sud et qui gênerait moins les riverains. "Mais ça veut dire qu'il faudrait construire un pont et ça coûte 10 millions d'euros. Ça va être dur mais on va le demander", assure Yves Cazorla.
Marie Meunier