LÉGISLATIVES Le RN mise sur la jeunesse pour enrôler la 5e circonscription
Pour enrôler une 5e circonscription où Marine Le Pen a viré en tête avec plus de 1 000 voix d'avance sur Emmanuel Macron au second tour de la Présidentielle, le Rassemblement national mise sur un jeune candidat (30 ans) issu de la société civile en la personne de Jean-Marie Launay.
Ce samedi matin à Alès, au pied d'un Fort-Vauban ensoleillé, Julien Sanchez s'est remémoré quelques souvenirs, 20 ans après avoir été élève au lycée Jean-Baptiste Dumas. Le porte-parole du Rassemblement national (RN) avait fait le déplacement matinal depuis Beaucaire afin d'assurer la présentation du candidat RN sur la 5e circonscription. "Une circonscription où on (le RN, Ndlr) a toujours été au second tour en duel. C'était le cas en 2012, c'était le cas en 2017, il n’y a pas de raison qu’on n’y soit pas cette fois !", a embrayé l'édile beaucairois, qui note toutefois "un changement" puisque Marine Le Pen y est arrivée en tête avec 51% des suffrages exprimés lors du second tour de la Présidentielle le mois dernier.
Dans ce contexte, Julien Sanchez se veut résolument optimiste : "Je dis à nos électeurs que ça vaut le coup de se déplacer aux urnes. Notre candidat peut aussi obtenir plus de 50% des voix !" Ce candidat n'est autre que Jean-Marie Launay, 30 ans, conducteur de travaux dans le bâtiment. Se présentant comme un "membre de la société civile", le dernier nommé n'est pas tout à fait un novice de la politique, en témoigne ce second tour lors des élections départementales en juin 2021, en binôme avec Pascale Bordes sur le canton de Redessan, perdu face à l'union de la Droite et du Centre.
Ce n'est par ailleurs pas la première tentative du trentenaire aux élections législatives puisque ce "militant RN de la première heure" avait pris part à la course à la députation il y a cinq ans, lorsqu'il résidait encore en Seine-et-Marne. Associé à Owen Godard, 23 ans, lui aussi candidat aux Départementales l'an dernier sur le canton de Calvisson, Jean-Marie Launay se verrait bien accéder au palais Bourbon. "Pas pour faire des coups d’éclats comme certains élus LR et appeler à voter Macron au second tour. Mais pour s'opposer avec fermeté à la retraite à 65 ans. Les seuls qui sont favorables à cette réforme sont ceux qui sont déjà à la retraite depuis longtemps. Il s'agira aussi de stopper l'inflation en redonnant du pouvoir d’achat aux oubliés de la macronie", martèle le candidat RN, lequel se pose aussi en "défenseur du patrimoine".
Mettre fin à "une politique méprisante"
Principale marotte du RN, l'insécurité "qui grandit dans les territoires urbains comme Alès" figure aussi en bonne place parmi les propositions du candidat Launay. Le "côté rural" de la 5e circonscription n'a pas échappé au dernier nommé qui y voit une aubaine pour appliquer "les propositions centrales de Marine Le Pen comme le localisme". Interrogé sur la supposée difficulté du Rassemblement national à investir des candidats ancrés sur le territoire cévenol au regard du choix du binôme qui vit au sud du département, Julien Sanchez rétorque : "La circonscription s'étend jusqu'au nord de Nîmes donc on ne peut pas parler de parachutage." Et Jean-Marie Launay d'enfoncer : "En étant conducteur de travaux, j’ai la chance d’aller partout dans le Gard. Je connais le territoire !"
Alors que la candidature dissidente du socialiste Martin Delord a finalement été retirée par l'intéressé, la Gauche s'avance unie derrière l'Insoumis Michel Sala pour rafler la circonscription sous la bannière "Nupes", tandis que la Droite mise sur Léa Boyer dans le cadre d'une alliance LR/UDI. Mais aucune de ces deux candidatures n'est source d'inquiétude pour le camp lepéniste qui imagine un second tour l'opposant à la députée sortante de la majorité présidentielle, Catherine Daufès-Roux. "Ce qui est important, c’est d’avoir un député offensif. Or ce n’est pas l’impression qu'elle donne", dit à son sujet le maire de Beaucaire. Et ce dernier de conclure : "Avec LREM majoritaire à l'Assemblée, on a connu une politique méprisante qui a occasionné la présence massive de gilets jaunes sur les ronds-points et une restriction des libertés sans précédent avec le pass sanitaire ayant mis au chômage beaucoup de soignants. Je dis donc aux électeurs de faire confiance à des gens qui leur ressemblent plutôt qu’à des professionnels de la politique."
Corentin Migoule