Publié il y a 23 h - Mise à jour le 13.03.2025 - Propos recueillis par François Desmeures - 3 min  - vu 278 fois

L'INTERVIEW Manon Bourg, directrice du Grand site de France Cirque de Navacelles : "Ne pas augmenter la fréquentation, mais accueillir mieux"

Manon Bourg, directrice du syndicat mixte du Cirque de Navacelles, dans le vent du belvédère de Blandas

- François Desmeures

Le cirque de Navacelles est toujours Grand site de France, pour huit années supplémentaires. Alors qu'une fête viendra célébrer ce label, le 5 avril, la directice du syndicat mixte qui gère le Grand Site, Manon Bourg, revient sur les six années précédentes, qui ont quelque peu changé le territoire commun à deux départements et deux communautés de communes, et sur les priorités du plan d'action qui donne une orientation au Grand Site jusqu'en 2032. Entretien.

Manon Bourg, directrice du syndicat mixte du Cirque de Navacelles, dans le vent du belvédère de Blandas • François Desmeures

Objectif Gard : Le label Grand Site de France, qui vient d'être renouvelé pour huit ans pour le territoire, le voyez-vous plutôt comme une reconnaissance du travail précédemment effectué ou comme une liste d'actions à mettre en place pour le conserver ?

Manon Bourg : Comme il s'agit d'un renouvellement, il fallait présenter un bilan positif de la labellisation passée et proposer un programme d'actions cohérent pour les huit années à venir. 

Que retrouve-t-on dans la liste des actions à mener pour les huit ans qui viennent ?

L'ambition première est plutôt une continuité en matière de gestion de la fréquentation, comme la requalification du belvédère de la Baume-Auriol (côté Hérault, NDLR) comme action phare. Mais aussi poursuivre les actions sur la mobilité, l'accueil des visiteurs - notamment par la mise en place des éco-volontaires -, l'entretien des sites, le travail sur le sentier de randonnée, etc. Bref, tout ce qui a trait à l'accueil des visiteurs. L'ambition suivante, c'est plutôt du travail de long terme sur le grand paysage, donner à voir le grand paysage, le préserver, travailler sur la gestion des flux en essayant de faire découvrir d'autres sites que celui du cirque de Navacelles, sensibiliser au patrimoine culturel et naturel, etc. C'est dans cette ambition que se loge tout le travail sur la gestion de l'environnement et la préservation face au changement climatique. 

N'est-ce pas difficile de concilier cette gestion des flux, en lien avec un apport touristique important, voire en croissance, et asurer la protection de l'environnement ?

Notre idée n'est pas d'augmenter la fréquentation mais de continuer à accueillir et d'accueillir mieux et de faire prendre conscience aux gens des pratiques de visite, afin que ces sites soient mieux préservés. Donc, continuer d'accueillir plutôt hors saison, en évitant les périodes de pic. Et faire découvrir le territoire plus en profondeur. 

Le comité de pilotage du Grand site de France avait lieu, ce mercredi, au belvédère de Blandas • François Desmeures

Vous évoquiez la requalification de la Baume-Auriol, par laquelle passent deux tiers des visiteurs du cirque de Navacelles. Comment le site doit-il être valorisé ?

Le gros du travail, c'est surtout de reculer l'aire de stationnement. Aujourd'hui, c'est une dalle de béton qui vous accueille sur le site. L'idée est d'effacer cette dalle, redonner de la prestance au bâtiment, transformer la dalle actuelle en prairie, reculer le stationnement et le cacher un peu de la route. Un peu sur le modèle de ce qui a été fait côté Gard, à Blandas, en amenant le visiteur doucement jusqu'à ce qu'il y a à voir, au rebord de la falaise. Que le visiteur puisse s'imprégner du territoire de manière fine. Il y aura donc tout un travail sur les cheminements pour que le site devienne, comme celui de Blandas, un site à part entière où les gens peuvent rester une demi-journée sans forcément avoir à descendre. Le site regorge de trésors comme une lavogne, un enclos pastoral, de quoi observer la biodiversité, etc. Il s'agit de mettre en valeur tout ça. 

Même si la cascade de Saint-Laurent-le-Minier n'est pas située dans le site classé, vous vous êtes emparé, à travers une étude et des préconisations, du probléme de sur-fréquentation qu'elle présente (relire ici). Est-ce que des décisions seront prises cette année et quelles peuvent-elles être ?

La première phase nous a surtout permis de qualifier la fréquentation car, comme il n'y a pas de structure de gestion, on ne la mesurait pas. On travaille désormais à une capacité de charge, c'est-à-dire à ce que peut accueillir le site. Et ce n'est pas juste le nombre de places de parking, mais ce que l'environnement peut supporter, ce que les habitants peuvent tolérer, etc. Une fois que ce sera fait, on livrera des préconisations en travaillant sur un plan d'actions. Mais qui mettra longtemps à être mis en oeuvre, sur comment on aménage le site, comment on accueille, quelle capacité de gestion derrière, de police de l'environnement, etc. L'idée est donc de dézoomer de la cascade et bien de travailler sur les gorges de la Vis dans leur totalité et de mettre cela en cohérence avec ce qui est fait, derrière, à Navacelles. 

Propos recueillis par François Desmeures

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