L’INVITÉ DE LA RÉDAC’ Christian Bastid (PCF) : des propositions et peu d'économies...
Après Jean Denat (PS), Laurent Burgoa (UMP), au tour de Christian Bastid de se prêter au jeu des questions/réponses de la rédaction. A trois jours du premier tour des Départementales, le président du groupe PCF au conseil général et candidat sur Nîmes 2 répond à une série de questions découpées en trois grands volets : politique et personnalité - interview thématique - quiz sur le Gard. Voici la seconde partie dédiée aux choix budgétaires.
Objectif Gard : Vous n'avez pas présenté votre programme à la presse. Quelles sont, concrètement, vos trois mesures phares pour le Département ?
Christian Bastid : D'abord, il y a la poursuite de la rénovation et de la construction des collèges. Le collège Jules Valles est aujourd'hui inadapté, nous nous sommes engagés sur la reconstruction de ce collège d'ici 2016 avec le lancement de travaux. C'est un collège vieux. La priorité est aussi autour de l'ANRU2 (Chemin-Bas et Valdegour à Nîmes) et du quartier du Mas de Mingue, où il y a des travaux à faire, des logements vétustes. Enfin, au collège Romain Rolland de Nîmes, une cuisine bio en circuit court est proposée aux collégiens. Nous souhaitons développer cette unité. Je crois que neuf collèges sont concernés. Nous souhaitons doubler ce chiffre. Le très haut débit doit être généralisé dans tout le Gard y compris dans les territoires reculés des Cévennes.
O.G : Quelle est votre vision pour l'ANRU2 et la rénovation des quartiers défavorisés ?
C.B : Tout projet doit se préparer. Parents d'élèves, associations... tous doivent être partie prenante. Les nouveaux logements doivent être co-construit avec des partenariats public-privé. La mixité doit être totale avec les services publics qui reviennent dans chaque quartier. Nous financerons à la même hauteur que ce que nous avons fait auparavant, environ 15 millions d'€.
O.G : Vous avez plusieurs projets concrets mais coûteux et le budget est contraint. Les recettes fiscales et les dotations budgétaires sont en baisse. Sur quel budget comptez-vous rogner pour préserver l'équilibre budgétaire ?
C.B : Il faut regarder dans le cadre des nouvelles régions, nous n'allons plus avoir les transports, il y aura des compétences partagées. D'ici 2017, les choses vont évoluer. On va continuer à interpeller l'Etat pour qu'il revienne sur ses décisions et reconduise les dotations. Avec un mouvement beaucoup plus large, on pourra y arriver.
O.G : Vous bottez en touche. Pourtant, vous avez déjà fait des économies en diminuant les aides aux centres sociaux du bassin alésien. Celui de St-Julien-les-Rosiers est menacé. N'allez-vous pas être contraint de baisser les subventions aux associations ?
C.B : C'est vrai qu'on a baissé ces subventions mais dans la majorité des cas, on les a maintenu. Si nous sommes réélus, nous rencontrerons à nouveau les associations pour les financer peut-être autrement. Les compétences du Département sont positionnées sur les personnes en difficulté. Je ne vais pas rogner sur l'aide qui doit être utilisée pour améliorer la vie des gens ni sur les associations culturelles. Même si quelques réductions ont été faites en la matière.
O.G : Gouverner, c'est prévoir. Pour trouver de l'argent, il y a deux leviers : augmenter les impôts ou diminuer le fonctionnement. Aujourd'hui, est-ce que vous pouvez promettre aux Gardois que, si la gauche gagne, elle n'augmentera pas les impôts sur ce mandat ?
C.B : Je ne suis pas pour augmenter les impôts. Après, nous verrons ce qui va advenir. Et si nous obtenons un groupe (au moins 3 élus, NDLR), on s'engagera à ne pas augmenter les impôts.
O.G : Vous n'avez donc aucune mesure d'économies. Qui va donc payer ? N'avez-vous pas peur de perdre en crédibilité ?
C.B : Pour l'instant, il faut arrêter d'économiser sur le dos des contribuables. L'Etat nous doit 500 millions d'€ qui correspond au reste à charge des prestations sociales. Grâce à notre intervention, Jean Denat a réclamé cet argent à Matignon. Je ne désespère pas.
O.G : La droite vous taxe d'avoir un programme trop axé sur l'"assistanat", excluant ainsi un grosse frange de la population (salariés, chefs d'entreprises, artisans, commerçants, agriculteurs...) qui ne vote plus pour vous. Ne devriez-vous pas l'axer davantage sur la responsabilisation ?
C.B : J'aimerais que l'on fasse moins pour le social mais il y a de plus en plus de gens qui souffrent, qui ne mangent pas à leur faim... Cette réalité s'est aggravée. Par ailleurs, le Département joue son rôle auprès des entreprises, des artisans. Il ne donne pas de l'argent pour donner de l'argent. Quand il investit dans un collège ou une voirie, il crée de l'emploi.
O.G : La gestion du Pont-du-Gard coûte chère et ne rapporte pas d'argent. Etes-vous favorable à une Délégation de service publique ? Chaque année, la mairie de Nîmes (qui a mit en DSP les Arènes, la Maison Carrée et la Tour Magne) annonce qu'elle récupère 300 000 euros.
C.B : Je suis contre la privatisation. C'est ce que Laurent Burgoa, candidat UMP a annoncé. Par habitude, je me méfie de la privatisation, qui favorise les intérêts privés. Le département du Gard a repris la gestion il y a quelques années alors qu'elle était auparavant catastrophique. Le conseil général a mis en place une organisation efficace et sereine. 1,3 millions de visiteurs, c'est aussi créateur d'emplois. Maintenant, il y a certainement des choses à revoir. Nous allons rencontrer à nouveau les associations concernant par exemple les pistes cyclables.
O.G : De manière générale, certains de vos opposants reprochent aux conseillers généraux sortants PCF et Front de gauche de ne pas avoir assez œuvré pour le développement économique. Que leur répondez-vous ?
C.B : 450 emplois ont été créés depuis 6 ans au conseil général. Par ailleurs, 13 000 emplois induits et indirects ont été soutenus via la construction de routes, de parcs...
O.G : Selon vous, le conseil général doit-il renforcer sa lutte contre la fraude sociale qui a rapporté, en six ans, 20 millions d'euros dans les Alpes-Maritimes ?
C.B : Les fraudeurs représentent 0,01% des bénéficiaires des aides sociales. Si on en trouve aussi peu, c'est que les discours de la droite ou du Front National sont faux. Je suis opposé à toute fraude, bien entendu. Je pense que notre système a déjà été amélioré. Il faut continuer les contrôles sans créer de service spécialisé.
O.G : Vous tenez à la gratuité des transports scolaires. Seulement, dans le contexte de disette budgétaire, n'est-il pas judicieux de faire payer un peu tout le monde ?
C.B : Le choix a déjà été fait avec la mise en place de la carte d'inscription au tarif de 30 euros pour éviter les abus. Mais ce système de quasi gratuité permet à chaque famille d'économiser 900 euros par an, ce n'est pas rien. C'est du pouvoir d'achat qui est redonné aux Gardois. La vie est difficile, les salaires n'augmentent pas, pourquoi toujours demander aux plus démunis, de mettre la main à la poche. Encore une fois j'insiste, l'Etat doit revenir sur ses engagements.
Eloïse Levesque et Coralie Mollaret
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