NÎMES MÉTROPOLE Finances : le préfet du Gard sonne la fin de la récréation
Ce mercredi après-midi, comme il avait annoncé, Franck Proust, le président de Nîmes Métropole a reçu le préfet du Gard et le directeur départemental des Finances publiques (DGFIP), Frédéric Guin, devant les élus de l'Agglo lors de la conférence des maires. L'occasion de présenter la situation financière de l'EPCI nîmoise à l'issue du mandat d'Yvan Lachaud, l'ex-président.
Et c'est un préfet du Gard "prudent" qui s'est exprimé selon quelques élus présents dans l'hémicycle et interrogés par notre rédaction. Un préfet qui fort justement n'a pas souhaité entrer dans la polémique des chiffres qui opposent l'ancienne équipe et la nouvelle.
"C'est dans un souci de transparence que j'ai voulu exposer la situation telle qu'elle est réellement, car c'est une aventure à 39. Il n'y a jamais eu le souhait d'instrumentalisation des chiffres, comme il n'y a jamais eu le souhait de dramatiser la situation, a fait savoir Franck Proust, le président de Nîmes métropole. Nous ne sommes pas là pour faire le procès du passé, je le répète, mais nous sommes là pour travailler de manière collective, avec et pour les 39 communes, afin de redresser le cap et de faire de Nîmes métropole une agglomération incontournable du Sud de la France."
Selon l'un des observateurs, Jacques Bollègue, le maire de La Calmette, en charge de la délégation aux Commerce à l'Agglo, "nous avons pu débattre intelligemment. C'était convivial. Monsieur le préfet a confirmé que la situation n'était absolument pas catastrophique. Et a rappelé que c'était une bêtise de parler de mise sous tutelle. Il ne peut pas juridiquement de toute façon."
"On n'a rien appris de nouveau"
Concernant les chiffres, comme nous l'indique Vincent Bouget, élu communautaire d'opposition, "on n'a rien appris de nouveau. Le préfet a indiqué que la situation n'était pas catastrophique mais préoccupante. Après, il n'a pas non plus dressé des louanges."
"Cette photographie sur l'état des finances" à la fin de l'année 2019 de la Communauté d'agglomération "n'a fait que nous conforter sur la mauvaise trajectoire financière qu'il convient désormais de redresser avant que le pire ne survienne", rajoute son collègue Patrice Prat. Notre groupe "Gauche unie" veillera sur la cohérence des choix budgétaires ainsi que sur la sincérité budgétaire."
Selon les documents présentés lors de cette réunion extraordinaire, que notre rédaction a pu consulter, les recettes totales à la fin de l'année dernière sont bien supérieures à la moyenne des EPCI de même strate, soit 1 169 euros par habitant contre 777 par habitant en moyenne en France. Mais les dépenses suivent la même tendance et sont elles aussi au-dessus de la moyenne nationale.
C'est en particulier les dépenses d'investissement qui explosent (plus de 500 euros par habitant chaque année alors que la moyenne des autres communautés d'Agglomération en France est de 200). Le besoin de financement est donc de 293 euros par habitant sur l'année 2019 quand la moyenne est à 24. L'endettement est très haut : 1 405 euros par habitant pour une moyenne nationale de 633 selon les chiffres de la DGFIP présentés aux élus.
"On ne peut pas rester les bras croisés"
Pour Vincent Bouget, après l'expression de cette réalité, place aux actes. "Et là, c'est un peu le flou. Il y a des zones d'ombres. On veut couper dans les dépenses de personnel alors qu'il faudrait d'abord proposer une réorganisation. Et difficile de comprendre qu'il faut se serrer la ceinture alors que le cabinet et le président ont augmenté leur rémunération lors de leur prise de fonction."
Jacques Bollègue de son côté retient que le préfet et le directeur de la DGFIP "ont été dans leur rôle. Nous alerter sur la trajectoire des dépenses d'investissement pour les prochaines années, c'est bien normal. Et c'est propre à toutes les collectivités. D'autant qu'avec la covid-19, nous devons encore plus être vigilants sur les dépenses d'investissement et de fonctionnement. On va travailler pour ça les prochains mois."
Cette photographie 2019 ne pourra pas masquer éternellement les mois qui ont suivi. "Fin 2019, nous sommes à 379 millions d'euros de dettes. Depuis septembre 2020, c'est désormais 482 millions. On ne peut pas rester les bras croisés, rappelle Franck Proust. Est-ce que les préfets se sont déplacés à Montpellier ou à Arles pour présenter la situation aux nouveaux maires ? La réponse est non. Par contre, à Nîmes métropole, la situation est suffisamment inquiétante pour que le préfet du Gard le fasse. Après, moi, mon seul objectif est de faire un état net de la situation pour mieux anticiper et corriger la trajectoire qui s'annonce périlleuse."
La méthode d'associer l'ensemble des élus, de majorité et d'opposition a été saluée. Reste maintenant aux groupes de travail a trouver des compromis utiles pour les habitants du territoire. Selon nos informations, le rapport d'orientation budgétaire devrait être présenté en tout début d'année 2021. Et le budget voté dans la foulée au mois de mars prochain. "Laisser suffisamment de temps pour que les élus puissent travailler efficacement sur une trajectoire cohérente. Enfin, nous l'espérons", conclut Vincent Bouget.